Une nouvelle étude scientifique révèle un risque d'effondrement de la Circulation Méridionale de Renversement Atlantique (AMOC) beaucoup plus élevé que prévu. Ce système de courants océaniques, vital pour la régulation du climat mondial, pourrait atteindre un point de non-retour d'ici une à deux décennies, avec des conséquences potentiellement catastrophiques pour l'Europe et les zones tropicales.
Les chercheurs estiment désormais à 70 % la probabilité d'un arrêt de ce courant si les émissions de carbone continuent d'augmenter au rythme actuel. Ce scénario transformerait radicalement les conditions météorologiques sur plusieurs continents.
Points Clés
- Une nouvelle étude estime à 70 % le risque d'effondrement de l'AMOC en cas de fortes émissions de carbone.
- Un point de basculement pourrait être atteint dans les 10 à 20 prochaines années, rendant l'arrêt inévitable.
- Les conséquences incluent des hivers glaciaux en Europe, des sécheresses estivales et une montée du niveau de la mer de 50 cm.
- Même des scénarios d'émissions faibles présentent un risque d'effondrement de 25 %.
Un régulateur climatique au bord de la rupture
L'AMOC est un gigantesque système de courants océaniques qui fonctionne comme un tapis roulant thermique. Il transporte les eaux chaudes des tropiques vers l'Atlantique Nord, où elles libèrent leur chaleur dans l'atmosphère, réchauffant ainsi l'Europe de l'Ouest. En se refroidissant, ces eaux deviennent plus denses, plongent dans les profondeurs et repartent vers le sud, complétant la boucle.
Ce mécanisme est essentiel à la stabilité du climat que nous connaissons. Cependant, l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre entraîne la fonte des glaces du Groenland et une augmentation des précipitations, injectant de grandes quantités d'eau douce dans l'Atlantique Nord. Cette eau douce, moins dense que l'eau salée, perturbe le processus de plongée des eaux froides, ralentissant ainsi l'ensemble du système.
Qu'est-ce que l'AMOC ?
La Circulation Méridionale de Renversement Atlantique (AMOC) fait partie d'un réseau mondial de courants océaniques. Son rôle principal est de redistribuer la chaleur de l'équateur vers les pôles. Son fonctionnement influence directement les températures, les précipitations et les régimes de tempêtes en Europe, en Amérique du Nord et dans les régions tropicales.
Des probabilités alarmantes issues de nouvelles modélisations
Les dernières recherches ont produit des chiffres qui ont surpris la communauté scientifique elle-même. Les modèles montrent que le risque d'un arrêt complet de l'AMOC est bien plus important et plus proche qu'on ne le pensait.
Selon les différents scénarios d'émissions de gaz à effet de serre, les probabilités d'effondrement sont les suivantes :
- Scénario d'émissions élevées : 70 % de chances d'effondrement.
- Scénario d'émissions intermédiaires : 37 % de chances d'effondrement.
- Scénario de faibles émissions : 25 % de chances d'effondrement.
Ce qui inquiète particulièrement les scientifiques, c'est la découverte d'un « point de basculement ». Une fois ce seuil franchi, probablement d'ici 10 à 20 ans, l'effondrement deviendrait inévitable en raison d'un mécanisme d'auto-renforcement.
« Ces chiffres sont assez choquants, car j'avais l'habitude de dire que le risque d'effondrement de l'AMOC à cause du réchauffement climatique était inférieur à 10 %. »
Professeur Stefan Rahmstorf, Institut de Potsdam pour la recherche sur l'impact climatique
Le professeur Rahmstorf, l'un des scientifiques impliqués dans l'étude, souligne l'urgence de la situation. « Nous avons découvert que le point de basculement où l'arrêt devient inévitable se situe probablement dans les 10 à 20 prochaines années. C'est une découverte assez choquante et c'est pourquoi nous devons agir très rapidement pour réduire les émissions. »
Des conséquences climatiques et humaines majeures
Un arrêt de l'AMOC ne serait pas un simple événement météorologique. Il s'agirait d'une réorganisation brutale du système climatique mondial, avec des impacts en cascade.
Un changement radical pour l'Europe
L'Europe de l'Ouest serait la première touchée. La perte de la chaleur transportée par l'AMOC provoquerait une chute drastique des températures. Les hivers deviendraient extrêmement froids, tandis que les étés seraient marqués par des sécheresses intenses. Ce bouleversement affecterait l'agriculture, les ressources en eau et la production d'énergie.
Impacts directs d'un effondrement de l'AMOC
- Europe : Hivers extrêmes et sécheresses estivales.
- Zones tropicales : Déplacement de la ceinture des pluies tropicales, menaçant la sécurité alimentaire de millions de personnes.
- Niveau de la mer : Une montée supplémentaire de 50 cm le long des côtes de l'Atlantique Nord.
Une menace pour la sécurité alimentaire mondiale
L'effondrement de l'AMOC déplacerait la ceinture des pluies tropicales vers le sud. Ce phénomène aurait des conséquences désastreuses pour l'agriculture dans de nombreuses régions d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud, où des millions de personnes dépendent de régimes de moussons stables pour leur subsistance.
De plus, une montée de 50 centimètres du niveau de la mer s'ajouterait à celle déjà causée par le réchauffement climatique, menaçant les villes côtières de l'Atlantique Nord.
Les observations confirment les projections
Les conclusions de cette étude ne reposent pas uniquement sur des modèles théoriques. Des observations sur le terrain tendent à confirmer la tendance au ralentissement.
Le professeur Sybren Drijfhout de l'Institut royal météorologique des Pays-Bas, également co-auteur de l'étude, exprime son inquiétude : « Le risque d'arrêt est plus sérieux que beaucoup de gens ne le réalisent. Les observations dans les profondeurs [de l'Atlantique Nord] montrent déjà une tendance à la baisse au cours des cinq à dix dernières années, ce qui est cohérent avec les projections des modèles. »
Cette convergence entre les modèles et les observations renforce la crédibilité de la menace. La communauté scientifique appelle à une action immédiate et radicale pour réduire les émissions de carbone, soulignant que même un risque de 10 % pour un événement d'une telle ampleur serait inacceptable. Avec des probabilités atteignant désormais 70 %, l'inaction s'apparente à un pari extrêmement dangereux pour l'avenir de la planète.





