La consommation mondiale de charbon a atteint un niveau record en 2024, malgré une croissance sans précédent des énergies renouvelables. Un rapport récent sur l'action climatique révèle que cette augmentation met en péril les objectifs de l'Accord de Paris, alors que la demande globale d'électricité continue de croître.
Alors que l'énergie solaire connaît la croissance la plus rapide de l'histoire, les efforts pour éliminer progressivement le charbon sont jugés largement insuffisants. Les émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter, signalant une urgence accrue à l'approche du sommet climatique COP30.
Points Clés
- La consommation de charbon a battu des records mondiaux en 2024.
- La croissance des énergies renouvelables, bien qu'exponentielle, ne suffit pas à combler la hausse de la demande d'électricité.
- Les émissions de gaz à effet de serre ont continué d'augmenter, compromettant l'objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C.
- La déforestation reste un problème majeur, avec plus de 8 millions d'hectares de forêts perdus l'année dernière.
Un paradoxe énergétique mondial
Le dernier rapport sur l'état de l'action climatique dresse un tableau contrasté de la transition énergétique mondiale. D'un côté, les énergies renouvelables, notamment le solaire et l'éolien, connaissent une expansion fulgurante. De l'autre, la consommation de la source d'énergie la plus polluante, le charbon, n'a jamais été aussi élevée.
Ce paradoxe s'explique principalement par une augmentation générale de la demande mondiale d'électricité. Bien que la part du charbon dans le mix électrique ait légèrement diminué, le volume total de charbon brûlé a augmenté pour combler ce besoin énergétique croissant.
« Il ne fait aucun doute que nous faisons en grande partie les bonnes choses. Nous n'allons tout simplement pas assez vite », a déclaré Clea Schumer, chercheuse associée au World Resources Institute (WRI), qui a dirigé le rapport.
L'analyse souligne que les efforts pour sortir du charbon sont « bien en deçà des objectifs ». Ce constat est particulièrement préoccupant, car la décarbonation du secteur de l'électricité est une condition essentielle pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.
La course insuffisante des énergies renouvelables
Le rapport qualifie la croissance de l'énergie solaire de « source d'énergie à la croissance la plus rapide de l'histoire ». Cette dynamique positive est un signe encourageant, montrant que la transition vers des sources propres est techniquement et économiquement viable dans de nombreuses régions du monde.
Cependant, cette progression, aussi rapide soit-elle, ne suffit pas. Pour respecter les engagements climatiques d'ici la fin de la décennie, les taux de croissance annuels de l'énergie solaire et éolienne devraient doubler par rapport à leur niveau actuel.
Un point positif en Europe
En 2024, pour la première fois, l'Union européenne a produit plus d'électricité à partir de l'énergie solaire que du charbon. Cette étape symbolique démontre qu'une transition rapide est possible dans les grandes économies, même si le défi reste mondial.
L'électrification des transports routiers est un autre domaine de progrès notable. L'année dernière, plus d'un véhicule neuf vendu sur cinq dans le monde était électrique. En Chine, ce chiffre approche même les 50 %, illustrant un changement majeur dans les habitudes de consommation.
Obstacles politiques et industriels
Malgré les engagements pris lors des sommets climatiques précédents pour « réduire progressivement » l'usage du charbon, plusieurs pays continuent de soutenir activement cette industrie. En Inde, le gouvernement a célébré le dépassement du milliard de tonnes de production de charbon cette année.
Aux États-Unis, des personnalités politiques comme Donald Trump affichent ouvertement leur soutien aux combustibles fossiles, menaçant de freiner les incitations en faveur des énergies propres.
L'impact des choix politiques
Sophie Boehm, l'une des principales auteures du rapport, souligne que la transition énergétique est un mouvement mondial. « La transition est bien plus grande qu'un seul pays, et la dynamique se renforce sur les marchés et dans les économies émergentes, où l'énergie propre est devenue la voie la moins chère et la plus fiable vers la croissance économique et la sécurité énergétique », a-t-elle précisé.
Le secteur industriel peine également à réduire son empreinte carbone. L'industrie sidérurgique, par exemple, a vu son « intensité carbone » — la quantité de carbone émise par unité d'acier produite — augmenter, malgré les efforts pour développer des méthodes de production plus propres.
L'état critique des puits de carbone naturels
Le rapport tire également la sonnette d'alarme sur la dégradation des « puits de carbone » naturels de la planète, tels que les forêts et les zones humides. Ces écosystèmes jouent un rôle crucial dans l'absorption du CO2 de l'atmosphère.
En 2024, plus de 8 millions d'hectares de forêts ont été définitivement détruits. Bien que ce chiffre soit en baisse par rapport au pic de près de 11 millions d'hectares en 2017, il représente une perte immense et un revers pour le climat.
Selon les experts, le monde doit agir neuf fois plus vite que le rythme actuel pour mettre fin à la déforestation. La protection et la restauration de ces écosystèmes sont aussi importantes que la réduction des émissions provenant des combustibles fossiles.
Alors que les dirigeants mondiaux se préparent pour le sommet COP30 au Brésil le mois prochain, ce rapport servira de rappel brutal de l'ampleur du travail à accomplir. La question centrale sera de savoir comment transformer les plans nationaux, souvent jugés inadéquats, en actions concrètes et rapides pour maintenir l'objectif de 1,5°C à portée de main.





