Le régulateur britannique des médias, Ofcom, est sous le feu des critiques de groupes de défense du climat. Ces groupes affirment que l'Ofcom permet à des chaînes comme GB News de diffuser des informations trompeuses sur le changement climatique sans conséquence, contrairement à son homologue français, l'Arcom.
Points Clés
- L'Ofcom a reçu 1 221 plaintes liées au climat depuis 2020.
- Aucune de ces plaintes n'a abouti à une violation du code de diffusion.
- GB News est souvent citée pour des déclarations jugées fausses ou non équilibrées sur le climat.
- L'Arcom, le régulateur français, a prononcé quatre sanctions depuis 2022.
- Des experts scientifiques rappellent le consensus sur le réchauffement climatique.
GB News et les allégations controversées
Depuis mars 2024, le groupe de campagne Reliable Media a déposé plus de 50 plaintes concernant les programmes de GB News. Ces plaintes portent sur des déclarations fausses ou non équilibrées sur le changement climatique. L'Ofcom a examiné ces plaintes, mais n'a pas donné suite.
Par exemple, en avril 2025, l'animateur de GB News, Ben Leo, a qualifié le réchauffement mondial de « l'arnaque climatique ». En septembre 2024, un invité de l'émission de Nigel Farage a minimisé le problème du réchauffement.
Un fait marquant
En novembre 2024, l'animateur de GB News, Leo Kearse, a suggéré que le gouvernement britannique allait introduire un « véganisme obligatoire », une affirmation jugée trompeuse.
Un contributeur régulier, Lewis Schaffer, a déclaré en juillet 2024 que le « changement climatique est une absurdité » et que la « vérité est que le changement climatique n'est pas une chose réelle ».
Ces déclarations, selon les plaignants, contredisent le consensus scientifique établi sur le réchauffement climatique.
Le contraste avec la régulation française
La situation au Royaume-Uni contraste fortement avec celle de la France. L'Arcom, le régulateur français, a constaté quatre violations de son code de diffusion liées au climat au cours des deux dernières années. Une chaîne de droite, CNews, a été condamnée à une amende de 20 000 € pour un segment où un intervenant affirmait que le changement climatique était « un mensonge, une arnaque ».
Sud Radio a également reçu des avertissements après des émissions où des déclarations contredisaient ou minimisaient le consensus scientifique sur le changement climatique sans rigueur ni contradiction. Ces actions montrent une approche plus ferme de la part du régulateur français.
« Puisqu'il existe un consensus scientifique sur le changement climatique, nous vérifions s'il est référencé dans le segment contesté, et nous n'intervenons que s'il ne l'est pas », a déclaré Pauline Combredet-Blassel, directrice adjointe de l'Arcom, en avril.
Comprendre le rôle des régulateurs
Les régulateurs comme l'Ofcom et l'Arcom ont pour mission de veiller à ce que les programmes diffusés respectent des normes d'exactitude et d'impartialité. Le code de diffusion de l'Ofcom stipule que les programmes factuels « ne doivent pas induire le public en erreur de manière significative » et que les informations doivent être « rapportées avec la précision voulue et présentées avec l'impartialité voulue ».
Le consensus scientifique face à la désinformation
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) affirme que la combustion des combustibles fossiles a « incontestablement provoqué le réchauffement climatique ». Le GIEC, une collaboration de milliers de scientifiques de premier plan, voit ses conclusions approuvées par ses 195 pays membres, dont le Royaume-Uni.
Le GIEC a averti que des « pertes et dommages généralisés pour la nature et les personnes » continueront de s'intensifier. Des réductions rapides des émissions de carbone sont nécessaires pour atteindre la neutralité carbone. Il existe une fenêtre d'opportunité qui se referme rapidement pour assurer un avenir vivable et durable pour tous.
Précision des modèles climatiques
Contrairement à certaines allégations diffusées, les modèles climatiques des Nations Unies se sont avérés remarquablement précis au fil du temps.
Richard Wilson, directeur de Reliable Media, a critiqué l'Ofcom pour « suspendre effectivement ses règles d'exactitude sur cette question de vie ou de mort ». Il estime que l'Ofcom se cache derrière une définition simpliste de la liberté d'expression.
Les enjeux de la désinformation climatique
Eva Morel, du groupe de campagne français QuotaClimat, souligne l'importance des faits. « Il est parfaitement normal d'avoir des opinions différentes sur le changement climatique. Ce qui devient problématique, c'est lorsqu'une société ne peut plus s'accorder sur les faits, car les faits sont le fondement de la confiance, qui à son tour soutient le droit et, finalement, la démocratie ».
Elle ajoute que lorsque les médias brouillent la ligne entre les faits et les opinions, cela ne conduit pas les gens à croire en des vérités alternatives, mais à ne plus croire en rien du tout. Semer le doute sur la science climatique entrave l'action climatique et met des vies en danger.
Un porte-parole de l'Ofcom a déclaré que le régulateur applique ses règles « équitablement et proportionnellement, en agissant de manière indépendante et impartiale à tout moment ». Il a également précisé que les règles permettent un débat robuste sur des sujets d'actualité et que les diffuseurs sont libres d'inclure des opinions controversées, à condition de respecter le code.
Cependant, les critiques persistent, soulignant que l'absence de sanctions de l'Ofcom sur les plaintes climatiques est préoccupante, surtout comparée à l'approche de l'Arcom en France.





