Les monuments millénaires d'Irak, berceau de la civilisation, sont en péril. Le changement climatique accélère l'érosion des villes antiques du sud, comme Ur et Babylone, menaçant des pans entiers de l'histoire humaine. L'augmentation de la salinité des sols et les conditions météorologiques extrêmes causent des dommages irréversibles.
Points Clés
- L'Irak fait face à une érosion rapide de ses sites archéologiques.
- La salinité croissante des sols détruit les briques d'argile des structures antiques.
- Le Ziggourat d'Ur et la Cité de Babylone sont directement menacés.
- Des restaurations passées inappropriées aggravent la vulnérabilité des sites.
- Le manque de financement entrave les efforts de conservation urgents.
Des trésors historiques face à la menace climatique
L'Irak est une terre riche en histoire, abritant certains des sites archéologiques les plus importants du monde. Des villes comme Ur, lieu de naissance du patriarche biblique Abraham, et Babylone, ancienne capitale d'empires puissants, sont des témoins silencieux de l'émergence des premières civilisations. Ces trésors sont aujourd'hui gravement menacés.
Les autorités irakiennes lancent un cri d'alarme. Des milliers d'années d'histoire risquent de disparaître. Le climat aride et sec intensifie la salinité du sol. Cette salinité attaque directement les monuments historiques. Les ruines des cités du sud de l'Irak sont les plus touchées.
Un fait alarmant
Le Ziggourat d'Ur, un temple pyramidal dédié au dieu de la lune Nanna il y a plus de 4 000 ans, est l'un des sites les plus emblématiques menacés. Son côté nord souffre de la détérioration causée par les dunes de sable.
L'érosion et le sel : les nouveaux ennemis
Abdullah Nasrallah, archéologue au département des antiquités de la province de Dhi Qar, explique la situation. « La combinaison du vent et des dunes de sable entraîne l'érosion des sections nord de la structure », déclare-t-il.
Le Ziggourat, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, est un exemple remarquable de l'architecture mésopotamienne ancienne. Il offre un aperçu des pratiques religieuses et rituels sacrés de l'empire sumérien. C'est là qu'une des premières civilisations du monde a prospéré.
« Alors que la troisième couche (du Ziggourat) s'était déjà détériorée en raison des intempéries et du changement climatique, l'érosion a maintenant commencé à affecter la deuxième couche », précise M. Nasrallah.
Non loin de là, le Cimetière Royal d'Ur subit également les assauts du temps. Découvert par l'archéologue britannique Sir Leonard Woolley dans les années 1920, il est aujourd'hui en danger d'effondrement. Des dépôts de sel rongent les briques d'argile qui le composent.
Des dégâts irréversibles sur les structures d'argile
Le Dr Kazem Hassoun, inspecteur au département des antiquités de Dhi Qar, décrit l'ampleur des dégâts. « Ces dépôts de sel sont apparus en raison du réchauffement climatique et du changement climatique », affirme-t-il. Il ajoute que ces dépôts ont déjà détruit des parties importantes du cimetière.
À terme, ces dépôts provoqueront l'effondrement complet des briques d'argile. Celles-ci constituent la majeure partie de ce cimetière historique. L'Irak doit faire face à des températures en hausse et à de fortes sécheresses. Ces conditions augmentent les niveaux de salinité dans le sud du pays. C'est là que les fleuves Tigre et Euphrate convergent.
Un pays sous pression
L'Irak a traversé des décennies de conflits, de la guerre avec l'Iran dans les années 1980 à l'invasion menée par les États-Unis en 2003, en passant par les violences insurgées et l'État islamique. Ces conflits ont déjà menacé ses structures historiques. Le changement climatique représente un nouveau défi majeur, altérant l'écosystème entier du pays.
Babylone : un héritage en quête de financement
Plus en amont de l'Euphrate, les sites archéologiques de l'ancienne Babylone sont également en danger. Ils nécessitent une attention et une restauration urgentes. Cependant, le manque de financement reste un obstacle majeur.
Le Dr Montaser al-Hasnawi, directeur général du ministère irakien de la Culture et du Tourisme, a souligné ce défi. À Babylone, les niveaux élevés de salinité mettent en péril les matériaux à base d'argile des structures anciennes. Des dessins sumériens élaborés sont encore visibles sur ces matériaux.
Ces matériaux provenaient directement du sol. À l'époque, ce sol avait une salinité plus faible. Cela aurait pu les rendre moins vulnérables au changement climatique. Toutefois, des pratiques de restauration inappropriées au cours des décennies précédentes ont rendu les vieilles structures plus sensibles.
« Le problème de la salinité augmente à la fois dans les eaux de surface et les eaux souterraines. Cela entraînera la destruction de nombreuses villes sous terre », alerte M. Hasnawi.
La salinité croissante rend la nécessité de refaire les restaurations défectueuses encore plus pressante. Il est impératif de trouver des solutions durables pour protéger ces sites. L'héritage de l'humanité est en jeu.
La nécessité d'une action internationale
La communauté internationale doit prendre conscience de l'urgence de la situation. Ces sites ne sont pas seulement importants pour l'Irak, mais pour le patrimoine mondial. Ils racontent l'histoire de nos origines. Des experts appellent à une collaboration internationale pour mobiliser les fonds et l'expertise nécessaires.
Il ne s'agit pas seulement de préserver des pierres. Il s'agit de sauvegarder la mémoire collective de l'humanité. Le temps est un facteur critique. Chaque jour qui passe sans action concrète rapproche ces trésors d'une disparition inéluctable.
- Urgence: Les dégâts s'accélèrent à cause du climat.
- Financement: Crucial pour des restaurations efficaces.
- Collaboration: Essentielle pour une protection à long terme.



