Trois régulateurs financiers américains ont annoncé jeudi l'abrogation de règles exigeant des banques qu'elles planifient les pertes potentielles liées aux événements climatiques. La Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC), l'Office of the Comptroller of the Currency (OCC) et la Réserve fédérale (Fed) ont déclaré que ces exigences étaient redondantes avec les dispositions existantes en matière de gestion des risques. Cette décision marque un changement de direction dans la manière dont les risques climatiques sont intégrés dans la surveillance bancaire aux États-Unis.
Points Clés
- La FDIC, l'OCC et la Fed ont abrogé les principes de gestion des risques financiers liés au climat.
- Les régulateurs estiment que les normes de gestion des risques existantes sont suffisantes.
- Le gouverneur de la Fed, Michael Barr, a exprimé son désaccord, qualifiant la décision de "myope".
- La gouverneure Michelle Bowman a soutenu la décision, soulignant un recentrage sur les risques financiers matériels.
- Ces règles avaient été mises en place en octobre 2023 et avaient suscité des critiques.
Abrogation des Principes de Risque Climatique
Les régulateurs financiers américains ont publié une déclaration commune jeudi. Ils y expliquent que les principes visant à gérer les risques financiers liés au climat ne sont plus jugés nécessaires. La raison invoquée est que les normes de sécurité et de solidité existantes des agences obligent déjà toutes les institutions supervisées à disposer d'une gestion des risques efficace. Cette gestion doit être proportionnée à leur taille, leur complexité et leurs activités.
Ces principes, établis en octobre 2023, demandaient aux banques d'estimer les pertes potentielles dues aux problèmes liés au climat. Ces estimations faisaient partie de leurs tests de routine. L'abrogation intervient après plusieurs mois de débats et de critiques concernant la portée du mandat de la Réserve fédérale.
Fait Important
Les trois agences impliquées sont la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC), l'Office of the Comptroller of the Currency (OCC) et la Réserve fédérale (Fed).
Désaccord au sein de la Réserve Fédérale
La décision n'a pas été unanime. Le gouverneur de la Fed, Michael Barr, ancien vice-président à la supervision, a publié une déclaration exprimant son désaccord. "L'annulation de ces principes est une décision myope", a déclaré Barr. Il a ajouté que cela "rendra le système financier plus risqué, même si les risques financiers liés au climat augmentent".
Les critiques de l'administration Trump avaient reproché à la Fed de dépasser ses compétences. Ils estimaient que la Fed s'écartait de ses mandats principaux de politique monétaire et de surveillance bancaire. Les dispositions sur le changement climatique étaient un point central de ces critiques.
"L'annulation des principes est une décision myope et rendra le système financier plus risqué même si les risques financiers liés au climat augmentent."
— Michael Barr, Gouverneur de la Fed
Le rôle de la Fed et le changement climatique
Le président de la Fed, Jerome Powell, a maintes fois affirmé que le climat n'était pas une question directe relevant de la Fed. Cette position reflète une vision plus étroite du rôle de la banque centrale. Elle contraste avec les appels de certains à une approche plus proactive face aux risques climatiques pour la stabilité financière.
Contexte Historique
Les discussions sur le rôle des banques centrales face au changement climatique sont devenues plus intenses ces dernières années. Certains plaident pour une intégration complète des risques climatiques dans la surveillance financière. D'autres estiment que cela dépasse le mandat traditionnel des banques centrales, qui se concentre sur l'inflation et la stabilité financière.
Soutien à l'Abrogation et Recentrage
La gouverneure Michelle Bowman, nommée par l'administration Trump et successeur de Michael Barr en tant que superviseure bancaire de la Fed, a salué cette abrogation. Elle l'a présentée comme une tentative de "recentrer le processus de supervision sur les risques financiers matériels".
"L'abrogation des principes climatiques est une étape importante dans ce processus", a déclaré Bowman. Elle a critiqué les règles climatiques précédentes, affirmant que "l'effet de ces directives était de créer de la confusion sur les attentes en matière de supervision et d'augmenter les coûts et les charges de conformité sans une amélioration proportionnée de la sécurité et de la solidité des institutions financières ou de la stabilité financière des États-Unis".
Bien que reconnaissant les risques posés par le changement climatique, Bowman a insisté sur le fait que la mission de la Fed "ne s'étend pas à l'élaboration de politiques climatiques". Cette déclaration souligne la divergence d'opinions au sein de l'institution sur la manière d'aborder les défis environnementaux dans le secteur financier.
- Coûts de conformité: Les banques devaient consacrer des ressources significatives pour se conformer à ces règles.
- Clarté réglementaire: La suppression vise à clarifier les attentes des régulateurs.
- Mandat de la Fed: La décision réaffirme une interprétation stricte du mandat de la Réserve fédérale.
Implications Futures pour le Secteur Bancaire
L'abrogation de ces règles pourrait avoir plusieurs implications pour le secteur bancaire américain. Les institutions financières pourraient voir une réduction des charges administratives et des coûts de conformité liés à l'évaluation des risques climatiques. Cela pourrait également signifier que les banques auront plus de flexibilité dans la manière dont elles évaluent et gèrent les risques non traditionnels.
Toutefois, les critiques craignent que cette décision n'ignore les menaces croissantes que le changement climatique représente pour l'économie mondiale. Les événements météorologiques extrêmes, par exemple, peuvent entraîner des pertes matérielles importantes et perturber les chaînes d'approvisionnement, affectant ainsi la stabilité financière.
La discussion sur la manière dont les risques climatiques doivent être intégrés dans la surveillance financière est loin d'être terminée. Cette décision des régulateurs américains pourrait influencer d'autres pays et institutions financières internationales dans leur approche de ces questions complexes.
Le débat continuera probablement sur l'équilibre à trouver entre la gestion des risques financiers et la prise en compte des défis environnementaux à long terme. La clarté des mandats réglementaires restera un point central des discussions futures.





