La gouverneure de New York, Kathy Hochul, a dévoilé un plan d'investissement d'un milliard de dollars destiné à accélérer la transition énergétique de l'État. Baptisé "Sustainable Future Program", ce programme vise à financer des projets d'énergie propre, mais suscite un débat intense sur la stratégie énergétique à adopter, opposant les énergies renouvelables aux combustibles fossiles.
Cette initiative, la plus importante de l'histoire de l'État en matière de climat, intervient dans un contexte de visions divergentes entre les politiques étatiques et fédérales sur l'avenir énergétique.
Points Clés
- Le plan "Sustainable Future Program" de New York alloue 1 milliard de dollars à des projets d'énergie propre.
- Les fonds soutiendront la rénovation énergétique, les réseaux thermiques, les bus scolaires électriques et les infrastructures de recharge.
- Le programme reçoit le soutien des groupes environnementaux mais fait face aux critiques concernant son coût et sa dépendance exclusive aux énergies renouvelables.
- Un débat oppose la vision de l'État à celle du gouvernement fédéral, qui privilégie le gaz naturel et le nucléaire.
Détails du Programme pour un Avenir Durable
La gouverneure Kathy Hochul a officialisé le lancement du "Sustainable Future Program", une initiative annoncée lors de son discours sur l'état de l'État. Ce plan représente un engagement financier sans précédent pour New York dans la lutte contre le changement climatique.
La répartition des fonds a été pensée pour couvrir plusieurs secteurs stratégiques. Chaque allocation vise à réduire l'empreinte carbone de l'État tout en stimulant l'économie locale.
Investissements dans l'Efficacité Énergétique des Logements
Une somme de 50 millions de dollars sera injectée dans le programme EmPower+. Cet investissement permettra aux ménages à revenus faibles et modérés de bénéficier de diagnostics énergétiques et de rénovations. L'accent est mis sur l'installation de pompes à chaleur, des systèmes efficaces pour le chauffage et la climatisation.
De plus, le programme "Green Small Buildings" sera lancé par le New York State Homes and Community Renewal (HCR) avec une enveloppe de 150 millions de dollars. Ce volet aidera les propriétaires et locataires de petits immeubles à financer des améliorations écoénergétiques.
Expansion des Réseaux d'Énergie Thermique
Les réseaux d'énergie thermique, qui mutualisent les systèmes de chauffage et de refroidissement entre plusieurs bâtiments, recevront un financement de 200 millions de dollars. Ces fonds seront principalement dirigés vers des projets sur les campus de l'Université d'État de New York (SUNY) :
- SUNY Purchase : 50 millions de dollars
- SUNY Buffalo : 68 millions de dollars
- SUNY Stony Brook : 22 millions de dollars
Le Saviez-Vous ?
Un réseau d'énergie thermique peut réduire la consommation d'énergie d'un quartier jusqu'à 30-50% en partageant efficacement la chaleur et le froid, diminuant ainsi la dépendance aux systèmes individuels moins performants.
Modernisation des Transports et des Bâtiments Publics
La transition vers une mobilité propre est une priorité. Le plan alloue 100 millions de dollars pour l'acquisition de bus scolaires à émission zéro et la construction des infrastructures de recharge nécessaires. Un montant supplémentaire de 50 millions est prévu pour les bornes de recharge destinées aux véhicules moyens et lourds.
Les entreprises et les immeubles résidentiels ne sont pas oubliés, avec 50 millions de dollars de subventions pour l'installation de bornes de recharge sur les lieux de travail et dans les parkings d'appartements. Enfin, les écoles publiques bénéficieront de 50 millions de dollars pour réduire leur empreinte carbone et améliorer la qualité de l'air intérieur.
Réactions Contrastées face au Plan Climat
L'annonce de la gouverneure Hochul a déclenché une vague de réactions, allant du soutien enthousiaste à la critique virulente. Les groupes environnementaux et syndicaux ont largement salué l'initiative, tandis que d'autres acteurs politiques et industriels ont exprimé des réserves importantes.
Soutien des Organisations Environnementales et Syndicales
Lisa Dix, directrice pour New York de la Building Decarbonization Coalition, a applaudi le plan, soulignant son potentiel pour "réduire les coûts énergétiques des familles et créer des milliers d'emplois bien rémunérés".
"Ce fonds est une étape cruciale vers un air plus pur, des coûts réduits et des communautés plus fortes", a déclaré un porte-parole de New Yorkers for Clean Air, saluant le soutien aux énergies renouvelables et aux bus scolaires électriques.
ALIGN, une coalition regroupant des organisations syndicales, climatiques et communautaires, a qualifié le financement d'"exemple brillant de l'infrastructure d'énergie propre dont New York a besoin à grande échelle".
Critiques et Inquiétudes
Le plan n'a cependant pas fait l'unanimité. L'organisation Frack Action, bien que soutenant le financement des énergies renouvelables, a critiqué la gouverneure pour ce qu'elle perçoit comme un accord avec l'administration Trump pour accélérer la construction de deux gazoducs, le Williams NESE et le Constitution.
Le sénateur d'État républicain Mario Mattera a exprimé une critique différente. Tout en reconnaissant les mérites de certaines technologies comme l'énergie thermique, il a averti que l'État misait trop exclusivement sur l'éolien, le solaire et le stockage par batterie. Selon lui, le réseau électrique actuel, en particulier à Long Island, n'est pas prêt à supporter une électrification totale.
Contexte : La Loi sur le Climat de New York
Le plan de la gouverneure Hochul s'inscrit dans le cadre de la loi "Climate Leadership and Community Protection Act" (CLCPA) de New York. Cette loi ambitieuse fixe des objectifs contraignants : réduire les émissions de gaz à effet de serre de 85 % d'ici 2050 (par rapport aux niveaux de 1990) et atteindre 70 % d'électricité renouvelable d'ici 2030.
Deux Visions Opposées de l'Avenir Énergétique
La présentation du plan climat de New York a mis en lumière la profonde divergence entre la stratégie de l'État et celle du gouvernement fédéral. Alors que Kathy Hochul promeut les investissements massifs dans les énergies vertes, le secrétaire américain à l'Énergie, Chris Wright, défend la production de combustibles fossiles.
La Stratégie Fédérale : Gaz Naturel et Nucléaire
S'exprimant à New York la même semaine, Chris Wright a plaidé pour un "recentrage de bon sens sur les combustibles fossiles comme le gaz naturel". Il a affirmé que la course vers le "zéro émission nette" nuisait à l'économie et rendait l'énergie plus chère pour les citoyens.
Selon Wright, le gaz naturel et le nucléaire sont "de loin les deux plus grands leviers potentiels sur les émissions de gaz à effet de serre". Il a précisé que le gaz naturel représente 43 % de l'électricité américaine et qu'il est physiquement impossible de le remplacer entièrement par l'éolien et le solaire, notamment pour le chauffage, l'industrie et la production alimentaire.
Le secrétaire à l'Énergie a également critiqué l'efficacité des investissements passés :
- Les gouvernements ont dépensé 5 000 milliards de dollars en subventions pour l'éolien et le solaire.
- En 2024, ces sources ne fournissaient que 2,6 % de l'énergie mondiale.
- Le Département de l'Énergie prévoit de restituer 13 milliards de dollars de fonds non utilisés destinés aux énergies renouvelables et aux véhicules électriques.
La Position de New York : Leadership face aux Reculs Fédéraux
En réponse, la gouverneure Hochul a positionné son plan comme une action nécessaire pour contrer ce qu'elle appelle les "reculs fédéraux". Lors d'une table ronde, elle a réaffirmé sa détermination à poursuivre les projets d'énergie éolienne en mer, malgré les suspensions et les poursuites judiciaires mentionnées par le secrétaire Wright.
La gouverneure a insisté sur le coût de l'inaction, arguant que ne rien faire face au changement climatique serait bien plus onéreux à long terme que l'investissement d'un milliard de dollars. Elle a cité en exemple la tarification de la congestion à Manhattan, qui aurait déjà permis d'éviter 17,6 millions de trajets en voiture depuis janvier, entraînant une "réduction extraordinaire des émissions".
Ce face-à-face illustre le débat national en cours aux États-Unis, où les États comme New York prennent des mesures climatiques ambitieuses, souvent en opposition directe avec l'agenda énergétique du gouvernement fédéral.





