Le président kényan William Ruto a récemment contesté les attentes internationales exigeant que le Kenya finance la majeure partie de son action climatique par des ressources nationales. Lors du dialogue sur le financement climatique de l'Assemblée générale des Nations Unies, le président Ruto a affirmé que ces exigences sont injustes pour les pays qui ont peu contribué au réchauffement climatique mondial. Ces déclarations surviennent alors que son administration fait face à une forte opposition interne en raison de l'augmentation des impôts et du coût élevé de la vie, qui ont provoqué des manifestations nationales.
Points Clés
- Le président Ruto rejette l'idée que 60% du financement climatique provienne de ressources nationales.
- Le Kenya est confronté à des défis économiques internes, notamment des impôts élevés et un coût de la vie croissant.
- Le pays a subi des inondations et des sécheresses graves, entraînant des coûts de milliards de shillings.
- L'Afrique est présentée comme une solution potentielle pour l'industrie verte mondiale.
- Les flux financiers illicites et les perceptions de risque freinent l'investissement privé.
Un fardeau disproportionné pour les pays en développement
Le président Ruto a souligné l'injustice de la situation actuelle. Il a déclaré :
« On nous dit que 60 % du financement climatique devrait provenir de ressources nationales. C'est manifestement injuste car une grande partie du fardeau est placée sur des pays qui ont le moins contribué à la crise climatique. »Cette position met en lumière la difficulté pour les nations africaines de répondre aux exigences mondiales tout en gérant leurs propres défis économiques et sociaux.
Le gouvernement kényan est pris entre deux feux. D'une part, les donateurs internationaux attendent de plus en plus que le Kenya mobilise des fonds internes pour les projets climatiques. D'autre part, les citoyens luttent déjà contre l'augmentation des taxes sur le carburant, une taxe sur le logement contestée et une TVA accrue sur les biens essentiels. Ces mesures ont été introduites par l'administration UDA pour augmenter les revenus de l'État.
Chiffre Clé
En 2022, des manifestations généralisées ont éclaté au Kenya, poussant le président Ruto à annuler plusieurs propositions d'augmentation de taxes, créant ainsi un déficit de revenus.
Contraintes fiscales et pression sociale
L'année dernière, des jeunes, particulièrement touchés par le chômage et la hausse du coût de la vie, ont organisé des manifestations massives à travers le Kenya. Ils ont exigé le retrait des augmentations d'impôts. Ces démonstrations ont contraint le président Ruto à abandonner plusieurs mesures fiscales proposées. Cela a créé un manque à gagner qui a compliqué les dépenses gouvernementales, y compris les engagements liés au financement climatique.
Le président a exprimé ses préoccupations concernant l'impact de ces politiques fiscales. Il a affirmé :
« Nous ne devons pas ignorer les risques de surtaxer des économies petites et vulnérables qui luttent déjà contre des coûts de vie élevés et des chocs climatiques. Pour beaucoup de nos citoyens, le contrat social ne permet pas que ce soit la solution ultime. »Cette déclaration met en évidence la tension entre la nécessité de générer des revenus et la capacité des citoyens à supporter une charge fiscale supplémentaire.
Impacts tangibles du changement climatique
Les défis climatiques du Kenya sont déjà bien visibles. L'année dernière, le pays a connu de graves inondations qui ont causé la mort de plus de 300 personnes et le déplacement de centaines de milliers d'autres. Ces inondations ont été suivies par des conditions de sécheresse dans les régions du nord, où les communautés pastorales ont perdu leur bétail. Ces extrêmes climatiques ont coûté des milliards de shillings en réponse d'urgence et en reconstruction. Le gouvernement peine à trouver ces fonds.
Contexte climatique
Le Kenya, comme de nombreux pays d'Afrique de l'Est, est particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique, notamment les sécheresses prolongées, les inondations et les événements météorologiques extrêmes. Ces phénomènes ont des conséquences dévastatrices sur l'agriculture, l'élevage et les infrastructures.
L'Afrique comme solution verte mondiale
Malgré ces contraintes, le président Ruto a cherché à positionner l'Afrique comme une solution aux défis climatiques mondiaux, plutôt que comme une simple victime. Il a mentionné des initiatives telles que l'Initiative africaine pour l'industrialisation verte. Cependant, les critiques notent que de nombreux projets continentaux de ce type ont rencontré des difficultés de mise en œuvre et des lacunes de financement.
Le président a déclaré :
« L'Afrique a le potentiel de devenir un pôle mondial pour l'industrie verte, transformant les minéraux, ajoutant de la valeur aux produits agricoles et produisant des carburants alternatifs. »Cette vision ambitieuse vise à transformer le continent en un acteur clé de la transition énergétique mondiale.
Obstacles à l'industrialisation verte
Cependant, l'industrialisation verte du Kenya reste limitée. Le secteur manufacturier du pays contribue à moins de 10 % du PIB. La plupart des matières premières sont encore exportées sans valeur ajoutée. Les efforts récents pour développer des projets d'hydrogène vert et étendre l'énergie géothermique sont confrontés à d'importants obstacles financiers.
Pertes Financières
L'Afrique perd près de 90 milliards de dollars chaque année à cause des fuites financières illicites, selon le président Ruto.
La lutte contre les flux financiers illicites et la corruption
Le président a également mis en lumière un défi persistant qui sape le financement du développement à travers l'Afrique : les flux financiers illicites. Il a déclaré que l'Afrique perd près de 90 milliards de dollars chaque année à cause de ces fuites, qui privent le continent des ressources nécessaires à l'action climatique. Ce chiffre sur les flux financiers illicites résonne particulièrement au Kenya, où les scandales de corruption dominent régulièrement l'actualité.
Récemment, le gouvernement a dû enquêter sur des irrégularités massives dans l'acquisition d'équipements médicaux. Des enquêtes en cours sur l'utilisation abusive des fonds COVID-19 se poursuivent devant les tribunaux, plusieurs années après les faits. L'appel du président Ruto en faveur d'un système fiscal mondial plus juste, via la Convention fiscale des Nations Unies proposée, reflète une frustration croissante parmi les dirigeants africains concernant les entreprises multinationales qui transfèrent leurs profits pour éviter les impôts.
Perceptions de risque et investissement privé
Au Kenya, les litiges avec les entreprises internationales concernant les obligations fiscales restent courants, car le gouvernement manque souvent de ressources pour poursuivre des affaires fiscales complexes. Le président a reconnu que l'investissement privé est crucial pour l'action climatique. Il a toutefois soutenu que les perceptions internationales de risque en Afrique sont exagérées.
« Trop souvent, les perceptions de risque éclipsent la réalité. Mais l'Afrique offre certaines des opportunités de croissance verte les plus excitantes au monde. »
Pourtant, l'expérience du Kenya raconte une histoire plus complexe. Bien que le pays ait attiré des investissements dans les énergies renouvelables, notamment dans les projets géothermiques et solaires, de nombreux investisseurs internationaux restent prudents. Leurs préoccupations incluent les risques de corruption, les incohérences politiques et la volatilité monétaire.
Un appel urgent à l'action mondiale
Le président Ruto a conclu par un appel à l'action, mais son message a révélé l'écart entre les attentes internationales et les réalités nationales.
« Le temps ne joue pas en notre faveur. Le changement climatique est une menace existentielle mondiale. Ce que nous faisons, ou ne faisons pas, à ce moment précis, façonnera le destin de l'humanité. »Cette déclaration souligne l'urgence de la situation et la nécessité d'une collaboration internationale plus équitable et efficace pour relever les défis climatiques.





