Le secteur financier mondial, y compris des acteurs majeurs comme Lloyd's of London, montre des signes de recul dans ses engagements climatiques. Des initiatives clés visant à réduire les financements des combustibles fossiles ont été démantelées ou diluées. Ce changement intervient dans un contexte de pressions politiques et de préoccupations concernant la viabilité économique des politiques vertes.
Points Clés
- L'Alliance Net Zéro pour l'Assurance (NZIA) a été dissoute le 25 avril 2024.
- D'autres alliances financières nettes zéro ont réduit leurs ambitions.
- Lloyd's of London accorde plus de liberté pour couvrir les risques liés aux combustibles fossiles.
- La pression politique, notamment aux États-Unis, influence ce recul.
- Venise et le barrage Mose offrent un exemple de succès dans la protection contre les inondations.
Dissolution de l'Alliance Net Zéro pour l'Assurance
L'Alliance Net Zéro pour l'Assurance (NZIA) a cessé ses activités le 25 avril 2024. Cette initiative avait été lancée moins de trois ans auparavant. Son objectif était d'écologiser le secteur de l'assurance et d'orienter l'économie mondiale vers des sources d'énergie plus durables. Sa dissolution est intervenue neuf mois avant l'arrivée prévue d'un président américain favorable aux combustibles fossiles.
Le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) affichait sur son site web une image de Venise. Cette ville est emblématique des risques d'inondation liés au changement climatique. Le message de cette image était rendu plus poignant par l'annonce de la fin de la NZIA.
Fait Marquant
La NZIA visait à aligner les portefeuilles d'assurance sur les objectifs de l'Accord de Paris sur le climat, en encourageant la réduction des couvertures pour les industries à forte intensité carbone.
Affaiblissement des Alliances Financières Net Zéro
La dissolution de la NZIA n'est pas un cas isolé. D'autres organisations sœurs ont également vu leurs engagements réduits. L'initiative Net Zero Asset Managers, par exemple, a abandonné son engagement net zéro en janvier. Elle a également masqué la liste de ses membres au moment où plusieurs commençaient à la quitter.
Quelques semaines plus tôt, la Net-Zero Banking Alliance avait perdu des membres importants. Parmi eux figuraient JPMorgan Chase, Bank of America, Citigroup et Goldman Sachs. Le mois dernier, cette alliance a interrogé ses membres sur une "transition proposée d'une alliance basée sur l'adhésion" vers une "initiative-cadre" plus vague. Les résultats de cette consultation sont attendus prochainement.
Contexte Historique
Ces alliances ont été fondées après le sommet climatique COP 2021 à Glasgow. Elles faisaient partie de la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ). Cette organisation parapluie a elle aussi été affaiblie. À l'approche de l'élection présidentielle américaine, la GFANZ a annoncé qu'elle se contenterait d'encourager le financement de la transition énergétique, abandonnant ses objectifs nets zéro stricts.
Lloyd's of London et la Couverture des Combustibles Fossiles
Dans ce contexte de recul général, Lloyd's of London a clarifié sa propre position. Patrick Tiernan, le nouveau directeur général, a déclaré au Financial Times ce mois-ci qu'il accorderait "plus de liberté" aux souscripteurs. Cette liberté concerne la couverture des risques liés aux combustibles fossiles. Il a affirmé que le marché devrait rester "apolitique". Il a ajouté qu'il était "important de ne pas s'immiscer dans des questions inutiles".
Cette position contraste fortement avec les déclarations de Bruce Carnegie-Brown, président de Lloyd's jusqu'à l'été. Dans le premier rapport de Lloyd's sur les questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) en 2020, il avait déclaré que le marché aiderait à "accélérer la transition de la société de la dépendance aux combustibles fossiles vers les sources d'énergie renouvelables". Il avait également mentionné l'élimination progressive de la couverture pour le charbon thermique, les sables bitumineux ou le forage arctique.
"Le marché devrait rester apolitique. Il est important de ne pas s'immiscer dans des questions inutiles."
Évolution Interne de la Politique de Lloyd's
Selon des sources proches du dossier, un retour de bâton des souscripteurs est apparu quelques mois après le rapport de 2020. Des préoccupations juridiques et réglementaires concernant d'éventuels défis en matière de concurrence ont également émergé. Ces éléments ont conduit à l'abandon discret de la politique initiale.
Le rapport de Lloyd's de 2021 a utilisé un langage plus doux. Il se contentait d'"encourager" les souscripteurs à réduire leurs activités liées aux combustibles fossiles. Le sujet a été complètement retiré des rapports ultérieurs. Lloyd's n'a pas pu fournir de détails sur le volume d'affaires de ses souscripteurs dans ce domaine ou sur son évolution.
La transparence de Patrick Tiernan sur cette nouvelle politique est appréciée. Cependant, la réduction des ambitions est regrettable. Elle s'inscrit dans une tendance plus large où des gouvernements et des entités commerciales cèdent aux pressions contre les politiques vertes jugées "excessives".
L'Ironie des Risques Climatiques et de l'Assurance
Beaucoup soulignent l'ironie de la position anti-climat, surtout face aux preuves claires de l'aggravation des risques climatiques. Les États-Unis sont particulièrement touchés par ces risques. Un secteur de l'assurance qui souscrit avec enthousiasme les risques les plus extrêmes liés à l'anti-climat, comme le charbon thermique ou le forage arctique, s'expose à des pertes croissantes sur la couverture des catastrophes naturelles. Cette situation est considérée comme paradoxale.
Statistique Clé
L'industrie de l'assurance fait face à une augmentation constante des pertes liées aux catastrophes naturelles, qui sont souvent exacerbées par le changement climatique. Les primes d'assurance pourraient augmenter de 10 à 20 % dans les zones à haut risque d'ici 2030, selon certaines estimations.
Pour le secteur financier, l'ambition net zéro n'est pas qu'une question d'image. C'est une stratégie commerciale intelligente à long terme. Pour le secteur de l'assurance en particulier, cela pourrait être une question de survie à terme. Ignorer les risques climatiques croissants expose les assureurs à des pertes insoutenables.
Un Rayon d'Espoir à Venise
Malgré ces dynamiques sombres, des lueurs d'espoir apparaissent. Venise, un symbole du risque d'inondation, en est un exemple. Le nouveau barrage Mose semble bien protéger la lagune vénitienne. Plus tôt cette année, le gouvernement italien a estimé que le projet avait évité 2,6 milliards d'euros de pertes en cinq ans.
Ce succès pourrait se traduire, à terme, par des polices d'assurance moins chères et plus rentables. Elles couvriraient le risque d'inondation résiduel, du moins pour un certain temps. Cela démontre qu'investir dans la résilience climatique peut avoir des bénéfices économiques tangibles.
- Le projet Mose est un système de digues mobiles conçu pour protéger Venise des marées hautes.
- Il est opérationnel depuis 2020 et a été activé à plusieurs reprises avec succès.
- Ce type d'infrastructure est coûteux mais peut prévenir des dommages économiques bien plus importants.





