Une nouvelle étude révèle que les jeunes Africains sont plus conscients et plus préoccupés par le changement climatique que toute autre tranche démographique. Cependant, beaucoup se sentent impuissants, anxieux, voire fatalistes, quant à leur capacité à influencer la situation. Un facteur principal explique ce sentiment : un profond manque de confiance envers les gouvernements.
Cette recherche, publiée dans Nature Climate Change, a interrogé les attitudes du public face au changement climatique dans plusieurs pays africains. Elle met en lumière un paradoxe : les jeunes sont les plus désireux d'agir, mais aussi les plus désespérés face à l'ampleur du problème.
Points Clés
- Les jeunes Africains sont les plus préoccupés par le changement climatique.
- Un manque de confiance envers les gouvernements sape la motivation à agir.
- Les messages des leaders religieux et communautaires sont jugés crédibles.
- Le changement climatique est perçu comme une perturbation quotidienne, non comme un concept abstrait.
- Les habitants ressentent une injustice globale face à la crise climatique.
La perception du changement climatique en Afrique
L'étude souligne la profondeur des connaissances climatiques dans les pays africains sondés. Elle révèle également les compromis auxquels les citoyens sont confrontés lorsqu'ils évaluent les politiques climatiques par rapport à d'autres besoins urgents. Les jeunes craignent que leurs efforts individuels ne fassent aucune différence sans un changement systémique.
Les chercheurs expliquent que ce mélange de forte préoccupation, de faible confiance et d'éco-anxiété croissante a des implications majeures. Cela affecte la manière dont la politique climatique est communiquée à travers le continent. La compréhension du changement climatique diffère des termes scientifiques abstraits.
« Les gens interprètent le changement climatique à travers ce qu'ils peuvent voir et ressentir : sécheresses, inondations, mauvaises récoltes », explique Gunnar Köhlin, co-auteur de l'étude et directeur d'EfD. « Ils ne le relient pas nécessairement aux gaz à effet de serre ou à l'activité industrielle mondiale. »
Statistique Clé
L'étude indique que les messages des figures religieuses, des leaders communautaires locaux et de la radio sont perçus comme légitimes. En revanche, les messages des responsables gouvernementaux sont souvent écartés comme étant non pertinents ou intéressés.
Confiance limitée envers les autorités
Le manque de confiance envers les gouvernements est un obstacle majeur à l'action climatique. Les jeunes Africains estiment que les autorités ne sont pas fiables pour résoudre la crise. Cette perception est renforcée par le fait que le changement climatique est souvent relégué au second plan des priorités politiques.
Malgré les impacts croissants, le changement climatique se classe toujours bas dans l'agenda politique public. Il est constamment derrière le chômage, la pauvreté, la corruption et l'éducation en termes de priorité. Cela crée une déconnexion entre la préoccupation citoyenne et l'action gouvernementale.
Un sentiment d'injustice grandissant
Parallèlement, une mentalité axée sur la justice s'est développée localement. Les personnes interrogées ont souligné qu'elles n'avaient pas créé ce problème. Pourtant, elles doivent en gérer les conséquences : creuser des bassins d'eau, planter des arbres, changer leurs cultures.
Ce sentiment d'injustice mondiale alimente la colère envers les nations riches et les multinationales. Cependant, il sape également la motivation à réduire les émissions localement. Les jeunes répondants se sont montrés constamment les plus conscients du climat et les plus alarmés. Ils ont signalé une grande urgence et un stress émotionnel élevé.
Contexte Historique
L'Afrique est particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique. Les sécheresses prolongées, les inondations dévastatrices et les variations imprévisibles des saisons affectent directement l'agriculture, la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance de millions de personnes. Historiquement, le continent a contribué de manière minime aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais il subit de plein fouet les conséquences des émissions des pays industrialisés.
Le rôle crucial de la jeunesse
Les réponses des jeunes montrent à la fois de l'espoir et de la peur. Ils perçoivent le changement climatique comme une menace existentielle pour leur avenir, leurs emplois, leur nourriture et leur stabilité. Néanmoins, ils sont aussi les plus disposés à agir. Leur optimisme dépend cependant de la perception de véritables voies d'influence. Sans cela, l'anxiété se transforme souvent en désespoir, selon les chercheurs.
Les efforts individuels, bien que louables, ne suffisent pas. Les jeunes demandent des changements structurels et des politiques gouvernementales fortes. Ils veulent voir des actions concrètes de la part de leurs dirigeants. Le dialogue entre les citoyens et les autorités est essentiel pour surmonter cette méfiance.
Messages crédibles et actions concrètes
L'étude suggère que les messages provenant de figures religieuses, de leaders communautaires et des médias locaux, comme la radio, sont jugés crédibles. Ces canaux de communication pourraient être utilisés pour diffuser des informations sur le climat de manière plus efficace. Ils peuvent également encourager des actions au niveau local. Cela contraste fortement avec la perception des communications gouvernementales.
Les résultats révèlent une majorité silencieuse qui vit avec les conséquences du changement climatique. Cette majorité ne fait pas confiance à ses dirigeants pour agir et ne considère pas la politique comme le moyen de résoudre le problème. Il est impératif de restaurer cette confiance pour mobiliser la population africaine face à cette crise mondiale.
- Sensibilisation accrue : Les jeunes Africains sont très conscients des dangers climatiques.
- Barrière de la confiance : La méfiance envers les gouvernements entrave l'action collective.
- Voies de communication : Les leaders locaux et la radio sont des sources fiables d'information.
- Justice climatique : Un fort sentiment d'injustice face à la responsabilité mondiale.
- Appel à l'action : Nécessité de changements systémiques pour motiver la jeunesse.





