Lors de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, les dirigeants de plusieurs pays ont lancé un appel pressant à une action climatique immédiate. Face à la montée des eaux, aux sécheresses et à la perte d'écosystèmes, ils ont souligné que les promesses ne suffisent plus et ont exigé des engagements financiers et politiques concrets pour faire face à une crise devenue existentielle.
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a donné le ton en insistant sur la nécessité de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre pour respecter l'objectif de 1,5°C fixé par l'Accord de Paris. Il a placé de grands espoirs dans la prochaine conférence sur le climat, la COP30 au Brésil, pour établir un plan d'action mondial crédible.
Points Clés
- Les nations vulnérables, des îles du Pacifique aux plaines africaines, ont décrit les impacts directs du changement climatique sur leur survie.
- Un appel général a été lancé pour accélérer la transition énergétique et tripler la capacité mondiale en énergies renouvelables.
- L'accès à un financement climatique simplifié et équitable est une demande centrale des pays en développement.
- La protection de la nature et de la biodiversité est présentée comme une ligne de défense essentielle contre le dérèglement climatique.
Un message commun face à une menace imminente
L'Assemblée générale de l'ONU est devenue une plateforme où les conséquences du changement climatique ne sont plus des prévisions lointaines, mais des réalités quotidiennes. Des dirigeants du monde entier ont partagé des témoignages poignants sur la manière dont leurs pays subissent déjà les effets dévastateurs de la crise.
António Guterres a clairement indiqué que le monde se trouve à l'aube d'une nouvelle ère énergétique. Selon lui, les énergies propres doivent impérativement remplacer les combustibles fossiles.
« Le résultat final est clair : les énergies propres sont compétitives et l'action climatique est impérative », a-t-il déclaré, appelant à des « réductions d'émissions spectaculaires ».
Cette urgence a été le fil conducteur des interventions, chaque dirigeant illustrant la crise à travers le prisme de sa propre géographie et de ses défis uniques.
L'Europe et l'Amérique latine pour une transition accélérée
Les pays développés et émergents ont également souligné leur engagement, tout en appelant à une ambition collective plus forte.
L'Espagne prône une transition énergétique rapide
Le roi Felipe VI d'Espagne a mis en avant la « triple crise planétaire » : changement climatique, pollution et perte de biodiversité. Il a insisté sur la nécessité pour les gouvernements d'accélérer une transition énergétique juste et équitable.
Il a appelé à des objectifs clairs avant la COP30 : tripler la capacité mondiale en énergies renouvelables et doubler l'efficacité énergétique. « Ces objectifs sont aussi ambitieux que nécessaires », a-t-il affirmé, ajoutant que l'hésitation n'a plus sa place dans l'équation mondiale.
Panama : la nature comme premier rempart
Le Panama, un pays qui absorbe plus de carbone qu'il n'en émet, a présenté une approche intégrée. Le président José Raúl Mulino Quintero a dévoilé l'« Engagement pour la Nature » de son pays, un cadre unifiant les actions pour le climat, la biodiversité et la protection des terres.
En tant que pays à bilan carbone négatif, le Panama s'est engagé à restaurer 100 000 hectares d'écosystèmes prioritaires, des mangroves aux bassins versants, renforçant ainsi sa résilience naturelle.
« La nature est notre première ligne de défense contre le changement climatique », a déclaré le président, liant directement la survie de son pays à la solidarité internationale.
Guyana : la valeur tangible de la forêt
En Amérique du Sud, le président du Guyana, Mohamed Irfaan Ali, a démontré que développement économique et protection de l'environnement peuvent aller de pair. Le pays met en œuvre une stratégie de développement à faible émission de carbone tout en renforçant ses défenses maritimes.
Le Guyana est devenu un vendeur de crédits carbone certifiés au niveau international, prouvant que « la nature a une valeur tangible ». Cette approche montre qu'il est possible de financer le développement tout en préservant des écosystèmes vitaux pour la planète.
Les voix des nations les plus vulnérables
Pour de nombreux pays, en particulier les petits États insulaires et les nations africaines arides, l'action climatique est une question de survie immédiate. Leurs dirigeants ont livré des messages empreints de gravité et de frustration.
Le défi du financement climatique
L'un des principaux obstacles à l'action climatique est le manque de financement, en particulier pour l'adaptation et les pertes et dommages. Les pays développés se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an, mais les besoins réels sont estimés à plusieurs milliers de milliards. L'accès à ces fonds reste complexe et lent pour les nations qui en ont le plus besoin.
Comores : des îles face à la montée des eaux
Dans l'océan Indien, l'archipel des Comores est en première ligne. Le président Azali Assoumani a décrit une réalité faite de montée du niveau de la mer, d'érosion côtière et de cyclones de plus en plus intenses qui menacent les villages et les moyens de subsistance.
Il a plaidé pour un accès équitable et simplifié au financement climatique, affirmant que les petits États insulaires ne peuvent pas attendre que des mécanismes administratifs lourds se mettent en place alors que leurs terres disparaissent.
Namibie : la lutte contre la désertification
La présidente de la Namibie, Netumbo Nandi-Ndaitwah, a établi un lien direct entre le changement climatique et les difficultés quotidiennes de son peuple. Des sécheresses prolongées et des inondations soudaines ont asséché les rivières et bouleversé des vies.
Elle a annoncé la candidature de la Namibie pour accueillir le hub régional africain du Fonds vert pour le climat, positionnant son pays comme un acteur clé pour le financement climatique sur le continent. Elle a également rappelé l'importance de la « Déclaration de Namibie » pour lutter contre la dégradation des terres.
Îles Marshall : « les promesses ne sauveront pas nos atolls »
L'intervention la plus poignante est peut-être venue de la présidente des Îles Marshall, Hilda Heine. Pour cette nation du Pacifique composée de 29 atolls coralliens, le changement climatique n'est pas une menace, mais une disparition programmée.
« Nous avons entendu les promesses, mais les promesses ne restaurent pas les terres des atolls. Elles ne construisent pas de défenses de mangroves, ne protègent pas nos hôpitaux et nos écoles contre la montée des eaux », a-t-elle déclaré avec force. « Pour cela, il faut de l'argent. »
La présidente Heine a exhorté la communauté internationale à combler le déficit de financement climatique, qui se chiffre en milliers de milliards de dollars. À l'approche de la COP30, elle a prévenu que les nations devaient non seulement honorer leurs engagements, mais aussi présenter des plans beaucoup plus ambitieux pour éliminer progressivement les combustibles fossiles et réduire de moitié les émissions mondiales d'ici 2030.





