La Turquie fait face à l'une des pires sécheresses de ces dernières décennies, mettant en péril des écosystèmes vitaux. Près d'Ankara, la région du lac Mogan, un refuge crucial pour les oiseaux migrateurs, voit ses niveaux d'eau chuter de manière alarmante, avec des conséquences écologiques et humaines potentiellement graves.
Selon les données du Service Météorologique de l'État turc, la période d'août 2024 à juillet 2025 figure parmi les plus sèches des 65 dernières années. Cette situation exceptionnelle affecte l'agriculture, les réserves d'eau potable et la biodiversité unique des zones humides du pays.
Points Clés
- La Turquie connaît une sécheresse sévère, avec près de 70 % du territoire touché.
- La région du lac Mogan, près d'Ankara, est particulièrement affectée, menaçant la faune et les résidents.
- Les précipitations ont diminué de 71 % dans le pays au cours de l'année précédant juillet.
- Les experts avertissent que la disparition des zones humides aura des conséquences écologiques étendues.
Une crise hydrique d'une ampleur inédite
La situation hydrique en Turquie a atteint un niveau critique. Les experts soulignent que cette crise est le résultat d'une combinaison de facteurs, notamment des tendances à long terme liées au réchauffement climatique et à une gestion de l'eau qui doit être optimisée.
Mikdat Kadioglu, professeur de météorologie à l'Université Technique d'Istanbul, a fourni une évaluation claire de la situation. Selon lui, la crise actuelle n'est pas un événement isolé mais s'inscrit dans un contexte plus large de changement climatique.
« Près de 70 % du pays est en situation de sécheresse sévère ou exceptionnelle », a déclaré le professeur Kadioglu. Il a identifié le réchauffement global et la surexploitation des ressources en eau comme les principales causes.
Cette pénurie d'eau a des répercussions directes sur la vie quotidienne et l'économie. Dans la région d'Ankara, l'administration locale de l'eau et de l'assainissement a signalé une baisse significative des niveaux des réservoirs, compliquant l'irrigation des cultures pour les agriculteurs.
Des chiffres alarmants à l'échelle nationale
Les données confirment l'étendue du problème. Le Service Météorologique de l'État turc a enregistré une chute de 71 % des précipitations à l'échelle nationale au cours de l'année se terminant en juillet. Des régions comme Tekirdag, dans le nord-ouest du pays, subissent également des déficits pluviométriques importants depuis une décennie.
Le saviez-vous ?
Les zones humides, comme le lac Mogan, agissent comme des éponges naturelles. Elles absorbent les excès d'eau lors des pluies pour prévenir les inondations et la restituent lentement pendant les périodes sèches, soutenant ainsi les écosystèmes environnants.
L'impact sur la biodiversité et les oiseaux migrateurs
Les zones humides de Turquie sont des carrefours vitaux pour de nombreuses espèces d'oiseaux migrateurs. Le lac Mogan, par exemple, est une halte traditionnelle pour les cigognes, les hérons et les flamants roses. Cependant, l'assèchement de ces habitats met leur survie en péril.
Les habitants de Golbasi, une banlieue d'Ankara proche du lac, ont constaté une diminution notable du nombre d'oiseaux cet été. La chaleur intense et le manque d'eau ont rendu la région inhospitalière pour ces espèces qui dépendent des zones humides pour se nourrir et se reposer.
Cagatay Tavsanoglu, chercheur à l'Université Hacettepe, explique la fragilité de ces écosystèmes.
« Les zones humides sont très vulnérables aux extrêmes climatiques. Elles dépendent d'un équilibre délicat entre les précipitations et l'apport des eaux souterraines. Lorsque cet équilibre est rompu par une sécheresse prolongée, leur fonction écologique s'effondre très rapidement », a-t-il précisé.
Les oiseaux sont contraints de modifier leurs routes migratoires et de chercher de nouveaux habitats, un processus qui peut être dangereux et incertain pour leur survie.
Le rôle écologique essentiel des zones humides
Selon Cagatay Tavsanoglu, l'importance des lacs et des zones humides dépasse largement les activités récréatives comme la pêche ou les pique-niques. « Leur rôle écologique est beaucoup plus grand. Ils filtrent l'eau, rechargent les nappes phréatiques et atténuent les inondations. S'ils disparaissent, les conséquences se feront sentir », prévient-il.
Des conséquences globales et des solutions nécessaires
La sécheresse en Turquie s'inscrit dans un phénomène mondial. Des situations similaires sont observées sur d'autres continents, illustrant les effets généralisés du changement climatique.
- En Afrique, certains villages font face à des pénuries alimentaires car la sécheresse empêche les cultures de pousser.
- En Arizona, aux États-Unis, les éleveurs de bétail luttent contre l'assèchement des pâturages en raison du manque de pluie et des chaleurs extrêmes.
Face à cette crise, le gouvernement turc a commencé à prendre des mesures. Des investissements ont été réalisés dans des systèmes d'irrigation modernes pour réduire le gaspillage de l'eau. Cependant, des efforts à plus long terme sont indispensables pour conserver et restaurer les réserves d'eau.
À l'échelle mondiale, les experts s'accordent sur la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre. La transition vers des sources d'énergie propres est considérée comme un levier essentiel pour atténuer le réchauffement climatique et limiter la fréquence et l'intensité des événements météorologiques extrêmes comme les sécheresses.





