La ville de Toronto étudie de nouvelles solutions pour gérer ses déchets à long terme. Le site d'enfouissement de Green Lane, qui reçoit la quasi-totalité des déchets de la ville, devrait atteindre sa capacité maximale d'ici 2035. Un rapport récent indique un fort soutien public pour l'incinération des déchets, une option controversée.
Points Clés
- Le site d'enfouissement de Green Lane atteindra sa capacité d'ici 2035.
- Un sondage public révèle que 79% des participants soutiennent l'exploration de l'incinération.
- Les défenseurs du climat contestent la validité du sondage et ses prémisses.
- La ville n'a pas trouvé de partenaire municipal pour un nouvel enfouissement.
- Les études se poursuivent, avec un nouveau rapport attendu en 2027.
Le Défi de la Gestion des Déchets à Toronto
Toronto est confrontée à un défi croissant en matière de gestion des déchets. Le principal site d'enfouissement de la ville, Green Lane Landfill, situé au sud-ouest de London, en Ontario, se remplit rapidement. Avec une capacité estimée à être épuisée d'ici 2035, la municipalité doit trouver des alternatives durables.
La ville a exploré plusieurs options. Celles-ci incluent la construction d'un nouveau site d'enfouissement, l'utilisation d'un site existant, ou l'adoption de technologies de valorisation énergétique des déchets, communément appelées incinération.
Chiffre Clé
En 2023, Toronto a géré plus de 850 000 tonnes de déchets. Environ 350 000 tonnes ont été détournées par des programmes de recyclage et de compostage, mais 418 000 tonnes ont été envoyées à Green Lane.
Soutien Public à l'Incinération
Un rapport municipal, publié récemment, présente les résultats de consultations publiques tenues plus tôt cette année. Ces consultations visaient à recueillir l'avis des résidents sur les plans à long terme pour les déchets de Toronto. Le sondage en ligne, mené en mai et juin, a reçu plus de 11 000 réponses.
Le rapport indique que 79% des participants au sondage ont exprimé leur soutien à l'exploration de l'incinération. Les principales raisons citées étaient la production d'énergie à partir des déchets et la réduction de la quantité de déchets envoyés aux sites d'enfouissement.
« Si vous demandez au public s'il souhaite transformer ses ordures en poussière de fée magique avec peu ou pas d'impact climatique ou environnemental, je ne suis pas surprise qu'il dise oui », a déclaré Emily Alfred, responsable de campagne pour la Toronto Environmental Alliance (TEA).
Contestation des Groupes Environnementaux
Malgré ce soutien apparent, le rapport a rapidement suscité la controverse. La Toronto Environmental Alliance (TEA) a demandé à la ville d'annuler les résultats du sondage. L'organisation allègue que la municipalité a « trompé le public » en fournissant des informations erronées qui minimisaient les impacts climatiques de l'incinération.
La TEA a notamment critiqué une affirmation du sondage selon laquelle l'incinération « réduit les émissions de gaz à effet de serre par rapport à l'enfouissement ». Cette affirmation était basée sur le fait que les matières organiques dans les décharges produisent du méthane et que le transport des déchets génère des émissions.
Contexte Environnemental
Les incinérateurs peuvent produire de l'électricité et de la chaleur. Cependant, ils émettent également des polluants atmosphériques. Un rapport de la TEA de juin 2023, basé sur des données d'installations d'incinération en Ontario, a estimé que brûler les déchets de Toronto produirait entre cinq et six fois plus d'émissions de gaz à effet de serre que de les envoyer à un site d'enfouissement moderne.
Réponse de la Ville aux Critiques
En réponse aux critiques de la TEA, Atif Durrani, directeur de projet à la division de gestion des déchets solides de la ville, a souligné l'engagement de Toronto envers une « prise de décision fondée sur des preuves ». Il a précisé que la consultation a été conçue par des experts externes en gestion des déchets. La ville prévoit une évaluation complète des impacts potentiels de l'incinération sur la santé publique, les émissions de gaz à effet de serre et la qualité de l'air.
Options d'Extension et Recherche de Partenaires
Face à la capacité décroissante de Green Lane, la ville a cherché des solutions auprès d'autres municipalités. Elle a envoyé une demande d'expressions d'intérêt aux 378 municipalités situées dans un rayon de 500 km. L'objectif était de savoir si elles accepteraient les déchets de Toronto, vendraient un site d'enfouissement existant, accueilleraient un nouveau site, ou s'associeraient à Toronto pour en construire ou en agrandir un.
Le rapport indique qu'« aucune municipalité n'a manifesté d'intérêt à s'associer à la ville dans aucun des scénarios ». Cette absence de partenariat souligne la difficulté de trouver des solutions externes.
Extension Potentielle de Green Lane
Une étude technique a révélé qu'il serait faisable de prolonger la durée de vie de Green Lane de 25 ans, jusqu'en 2060. Cela nécessiterait la création de 13,3 millions de mètres cubes d'espace supplémentaire. Cet espace serait créé en construisant sur le site actuel et en l'étendant aux propriétés voisines.
Cependant, cette option rencontre une opposition locale. Le chef élu de la Nation Oneida de la Tamise, voisine de Green Lane, a exprimé l'opposition de sa communauté à l'expansion de l'enfouissement. La Première Nation demande à être consultée sur les opérations du site, y compris un projet de collecte de gaz naturel qui pourrait générer des revenus pour la communauté.
Prochaines Étapes
Le rapport actuel ne formule aucune recommandation spécifique sur la meilleure option. Les services municipaux prévoient de poursuivre l'étude des différentes méthodes d'élimination des déchets. Un nouveau rapport détaillé est attendu en 2027. Aucune estimation des coûts pour les différentes options n'a été fournie dans le rapport actuel.
La question de la gestion des déchets de Toronto reste complexe. Elle implique des considérations environnementales, économiques et sociales. Les décisions futures auront un impact significatif sur la ville et ses environs pour les décennies à venir.





