Après des décennies d'absence, le cheval de Przewalski, considéré comme la dernière véritable espèce de cheval sauvage, a été réintroduit dans les steppes du Kazakhstan. Sept individus provenant de zoos européens ont été relâchés début juin dans la réserve naturelle d'Altyn Dala, marquant une étape majeure pour la conservation de l'espèce.
Ce projet ambitieux, fruit d'une collaboration internationale, vise à rétablir une population autonome de ces chevaux dans leur habitat historique, où ils avaient disparu il y a plus de 50 ans.
Points Clés
- Sept chevaux de Przewalski ont été transportés de zoos européens vers le Kazakhstan.
- L'opération marque le début d'un programme de réintroduction visant à établir une population viable.
- L'espèce était considérée comme éteinte à l'état sauvage depuis la fin des années 1960.
- Le projet est une collaboration entre les zoos de Prague, Berlin et les autorités kazakhes.
Un retour historique sur des terres ancestrales
Le 10 juin 2024, un groupe de sept chevaux de Przewalski a foulé pour la première fois les terres de la réserve d'Altyn Dala, au centre du Kazakhstan. Le groupe, composé d'un étalon et de six juments, représente l'avant-garde d'un effort de conservation sans précédent pour cette espèce emblématique.
Ces animaux, nés en captivité dans les zoos de Prague (République tchèque) et de Berlin (Allemagne), ont été soigneusement sélectionnés pour leur diversité génétique. Leur réintroduction est le point culminant d'années de planification et de coopération internationale.
Le voyage vers une nouvelle vie
Le transport des chevaux a constitué un défi logistique majeur. Les animaux ont d'abord voyagé par la route jusqu'à Prague, avant d'être embarqués à bord d'un avion de transport militaire CASA C-295 de l'armée de l'air tchèque. Après un vol de plusieurs heures, ils ont atterri à Arkalyk, au Kazakhstan.
De là, un long trajet en camion les a conduits jusqu'à un enclos d'acclimatation spécialement conçu au cœur de la steppe. Cette phase initiale est cruciale pour permettre aux chevaux de s'adapter progressivement au climat, à la végétation locale et à leur nouvel environnement avant leur libération complète.
Contexte : La quasi-disparition d'une espèce
Le cheval de Przewalski (Equus ferus przewalskii) est la seule sous-espèce de cheval sauvage à avoir survécu jusqu'à l'ère moderne. Originaire des steppes d'Asie centrale, il a été déclaré éteint à l'état sauvage en 1969, victime de la chasse et de la perte de son habitat. La survie de l'espèce a dépendu d'un petit groupe de 12 individus capturés au début du XXe siècle, dont descendent tous les chevaux de Przewalski actuels.
Une collaboration internationale pour la biodiversité
Ce projet de réintroduction est mené par le Zoo de Prague, qui gère le livre généalogique international de l'espèce, en partenariat avec le Tierpark de Berlin, le gouvernement du Kazakhstan, et des organisations non gouvernementales comme la Société zoologique de Francfort.
Selon Miroslav Bobek, directeur du Zoo de Prague, cette initiative est une étape fondamentale.
"Le retour des chevaux sauvages dans une autre région où ils ont disparu est un nouveau chapitre de l'histoire de la conservation de l'espèce la plus emblématique. Cela montre ce que nous pouvons accomplir lorsque la communauté des zoos et les partenaires de conservation travaillent ensemble."
L'objectif à long terme est de transporter au moins 40 chevaux vers le Kazakhstan au cours des cinq prochaines années. L'espoir est que ces groupes fondateurs s'établissent et se reproduisent, créant ainsi une population autonome et génétiquement saine.
Le saviez-vous ?
Contrairement aux chevaux domestiques qui peuvent avoir été retournés à l'état sauvage (comme les mustangs), le cheval de Przewalski n'a jamais été domestiqué par l'homme. Il possède 66 chromosomes, soit deux de plus que le cheval domestique (Equus caballus) qui en a 64.
Les défis de la réintroduction
La réussite du projet dépend de plusieurs facteurs. Les chevaux devront s'adapter à un environnement où les hivers sont rudes et les prédateurs, comme les loups, sont présents. La vaste étendue de la steppe, bien que constituant leur habitat naturel, représente un défi pour des animaux nés en captivité.
Suivi et surveillance
Pour maximiser leurs chances de survie, les chevaux sont équipés de colliers GPS. Cela permettra aux équipes de scientifiques et de gardes forestiers de :
- Suivre leurs déplacements et leur utilisation de l'habitat.
- Surveiller leur état de santé à distance.
- Intervenir rapidement en cas de problème.
L'enclos d'acclimatation, qui s'étend sur plusieurs hectares, leur offre une transition en douceur. Ils y resteront plusieurs mois, le temps de s'habituer à trouver leur propre nourriture et à former une structure sociale stable avant d'être relâchés dans la réserve de 7 000 kilomètres carrés.
L'importance pour l'écosystème de la steppe
Le retour du cheval de Przewalski n'est pas seulement une victoire pour la conservation d'une espèce. En tant que grands herbivores, ces chevaux jouent un rôle écologique essentiel. Leur pâturage contribue à maintenir la diversité végétale de la steppe, à prévenir les incendies en réduisant la biomasse sèche et à disperser les graines.
Leur présence devrait avoir un impact positif sur l'ensemble de l'écosystème, bénéficiant à d'autres espèces locales. Ce projet s'inscrit dans une vision plus large de la restauration écologique, où la réintroduction d'espèces clés permet de rétablir l'équilibre naturel des habitats. Le succès de cette initiative au Kazakhstan pourrait servir de modèle pour d'autres projets de réensauvagement à travers le monde.





