Un groupe d'ours polaires a été observé en train d'occuper une station météorologique abandonnée sur l'île Kolyuchin, dans la mer des Tchouktches, en Russie. Les images, capturées par le photographe Dmitry Kokh, montrent les animaux explorant les bâtiments désaffectés, offrant un aperçu rare de leur comportement adaptatif face aux changements de leur habitat.
Cet événement met en lumière les défis auxquels sont confrontés les ours polaires, notamment la perte de la banquise due au réchauffement climatique, qui les pousse à passer plus de temps sur la terre ferme à la recherche de nourriture et d'abris.
Points Clés
- Une vingtaine d'ours polaires ont été vus dans une station météo abandonnée sur l'île Kolyuchin, dans l'Arctique russe.
- Les photographies ont été prises par Dmitry Kokh à l'aide d'un drone silencieux en septembre 2022.
- L'incident souligne l'impact du changement climatique sur l'habitat des ours polaires, les forçant à s'adapter.
- La station, abandonnée depuis 1992, est devenue un refuge inattendu pour ces prédateurs.
Une Découverte Inattendue dans l'Arctique
Lors d'une expédition dans la mer des Tchouktches en septembre 2022, le photographe Dmitry Kokh a fait une découverte surprenante. En s'approchant de la petite île de Kolyuchin, il a repéré un mouvement inhabituel dans les bâtiments d'une ancienne station météorologique soviétique.
Initialement, M. Kokh et son équipe cherchaient à photographier la faune locale depuis leur voilier. En raison des conditions météorologiques difficiles, ils ont décidé de s'abriter près de l'île. C'est là qu'ils ont remarqué les ours polaires.
L'exploration des lieux
À l'aide d'un drone équipé d'hélices silencieuses pour ne pas perturber les animaux, Dmitry Kokh a pu s'approcher et documenter la scène. Il a compté environ 20 individus, principalement des mâles, se déplaçant librement à l'intérieur et autour des structures rouillées.
Les images montrent des ours regardant par les fenêtres, se reposant sur les porches et explorant les pièces vides. Cette scène, à la fois surréaliste et poignante, illustre la curiosité et la capacité d'adaptation de l'espèce.
L'histoire de la station Kolyuchin
La station météorologique sur l'île Kolyuchin a été établie dans les années 1930 dans le cadre du développement de la Route maritime du Nord par l'Union soviétique. Elle a fonctionné pendant plusieurs décennies avant d'être définitivement abandonnée en 1992. Depuis, les bâtiments se sont détériorés, laissant derrière eux des vestiges d'une présence humaine passée.
Le Comportement des Ours Polaires
Les experts en faune sauvage expliquent que ce comportement n'est pas totalement surprenant. Les ours polaires sont des animaux curieux et opportunistes. En l'absence de glace de mer pendant les mois d'été, ils sont contraints de rester sur la terre ferme, où ils explorent leur environnement à la recherche de nourriture ou d'un abri.
"C'était comme si le temps s'était arrêté. Les ours se promenaient dans les bâtiments abandonnés comme s'ils en étaient les propriétaires. C'était un moment unique, un mélange de beauté et de tristesse," a déclaré Dmitry Kokh en décrivant son expérience.
Les scientifiques notent que les structures humaines abandonnées peuvent offrir une protection temporaire contre les éléments, comme le vent et la pluie. Les ours observés ne semblaient ni stressés ni agressifs, mais plutôt intrigués par leur environnement inhabituel.
Un Symbole des Changements Climatiques
La présence de ces ours dans un lieu autrefois habité par l'homme est un puissant symbole des bouleversements en cours dans l'Arctique. Le réchauffement climatique entraîne une fonte accélérée de la banquise, l'habitat de chasse principal des ours polaires.
La Banquise Arctique en Déclin
Selon le National Snow and Ice Data Center (NSIDC), la superficie de la banquise arctique en septembre a diminué à un rythme d'environ 13 % par décennie depuis 1979. Cette perte massive de glace force les ours à modifier leurs comportements de chasse et de migration.
Sans la glace, les ours ne peuvent pas chasser leur proie principale, le phoque. Ils passent donc de plus en plus de temps sur le continent, ce qui augmente les risques de conflits avec les populations humaines et les expose à de nouvelles menaces.
Les défis de la survie
Le manque de nourriture est un problème majeur. Sur terre, les ours polaires ont du mal à trouver des sources d'alimentation aussi riches en calories que les phoques. Ils peuvent se tourner vers des œufs d'oiseaux, des baies ou des carcasses, mais ces alternatives sont souvent insuffisantes pour maintenir leur masse corporelle.
Cette situation soulève des inquiétudes quant à l'avenir de l'espèce, classée comme "vulnérable" par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Les scientifiques estiment que si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites de manière significative, la plupart des populations d'ours polaires pourraient disparaître d'ici la fin du siècle.
L'Impact des Images
Les photographies de Dmitry Kokh ont rapidement fait le tour du monde, suscitant à la fois l'émerveillement et l'inquiétude. Elles offrent une perspective visuelle saisissante sur les conséquences concrètes du changement climatique.
Ces images ne montrent pas seulement des animaux dans un décor insolite ; elles racontent l'histoire d'une espèce qui tente de survivre dans un monde en pleine transformation. Elles rappellent l'urgence d'agir pour protéger l'écosystème arctique fragile.
La scène des ours polaires s'appropriant les vestiges de l'activité humaine est une métaphore puissante : alors que l'homme se retire, la nature reprend ses droits, mais dans un environnement profondément altéré par ses actions passées.





