Un nouveau rapport gouvernemental révèle que les océans de la Nouvelle-Zélande se réchauffent 34 % plus rapidement que la moyenne mondiale. Cette accélération met en péril des milliards de dollars en habitations et infrastructures côtières, menaçant à la fois les communautés et l'économie du pays.
Le rapport, intitulé « Notre environnement marin 2025 », dresse un tableau préoccupant de l'état des eaux néo-zélandaises, marqué par une augmentation des vagues de chaleur marines, une acidification croissante et une élévation du niveau de la mer qui expose directement les zones littorales à des risques accrus.
Points Clés
- Le réchauffement des océans néo-zélandais dépasse de 34 % la moyenne planétaire.
- Des actifs d'une valeur de 180 milliards de dollars néo-zélandais sont menacés par les inondations côtières.
- Le niveau de la mer pourrait monter de 20 à 30 cm d'ici 2050 dans certaines régions.
- Le Front Subtropical, une zone océanique cruciale, s'est déplacé de 120 km, affectant les écosystèmes.
Un diagnostic alarmant pour l'environnement marin
Le ministère de l'Environnement et l'agence de statistiques Stats NZ ont publié leur mise à jour triennale sur l'état de l'environnement du pays. Le dernier volet, axé sur le milieu marin, met en lumière les conséquences directes du changement climatique mondial sur les côtes et les eaux de la Nouvelle-Zélande.
Les données compilées montrent une situation définie par des mers plus chaudes et plus hautes, des vagues de chaleur marines de plus en plus intenses et une acidification de l'océan. Ces changements ne sont pas des projections lointaines, mais des réalités actuelles qui impactent déjà le pays.
« Le changement climatique n'est pas un phénomène lointain et distant… il a des impacts sur notre océan et sur notre côte », a déclaré la Dre Alison Collins, conseillère scientifique en chef du ministère.
Elle souligne que la zone côtière subit une pression intense, alors même qu'elle est fondamentale pour les habitations, les communautés et les moyens de subsistance de la population.
Des risques économiques et infrastructurels majeurs
Le rapport chiffre précisément les menaces pesant sur les biens et les infrastructures. Au total, 219 000 habitations, évaluées à 180 milliards de dollars néo-zélandais (environ 104 milliards de dollars américains), sont situées dans des zones exposées aux inondations côtières et fluviales.
Chiffres à retenir
- 180 milliards NZ$ : Valeur des logements menacés par les inondations.
- 26 milliards NZ$ : Valeur des infrastructures vulnérables aux dommages.
- 1 300 : Nombre de maisons côtières pouvant subir des dommages importants lors d'événements météorologiques extrêmes.
En plus des logements, plus de 26 milliards de dollars d'infrastructures essentielles sont vulnérables. Ces chiffres illustrent l'ampleur du défi auquel la Nouvelle-Zélande est confrontée pour protéger ses citoyens et son économie des effets de la crise climatique.
L'élévation du niveau de la mer comme point de bascule
Une des conclusions les plus frappantes du rapport concerne l'élévation du niveau de la mer. Certaines régions du pays pourraient connaître une hausse de 20 à 30 centimètres d'ici 2050. Selon la Dre Collins, ce niveau représente un point de bascule critique pour de nombreuses communautés côtières.
« Une élévation du niveau de la mer de cette ampleur signifie qu'une tempête côtière qui se produisait tous les 100 ans pourrait commencer à se produire chaque année », explique-t-elle. Une telle fréquence d'événements extrêmes rendrait certaines zones littorales difficilement habitables et mettrait à rude épreuve les systèmes de défense côtière.
Pourquoi la Nouvelle-Zélande est-elle plus touchée ?
Les océans de la planète ont absorbé environ 90 % de la chaleur excédentaire générée par les activités humaines. La position géographique de la Nouvelle-Zélande, au cœur de l'océan, la rend particulièrement vulnérable aux changements de la circulation atmosphérique et des courants marins, ce qui explique pourquoi ses eaux se réchauffent plus vite que la moyenne mondiale.
Des changements océaniques profonds et rapides
Le rapport détaille l'accélération du réchauffement. Entre 1982 et 2023, les températures de surface des quatre régions océaniques de la Nouvelle-Zélande ont augmenté en moyenne de 0,16 à 0,26 degré Celsius par décennie. Ce rythme de réchauffement est nettement supérieur à la moyenne mondiale.
Un changement majeur a également été observé dans la circulation océanique. Le Front Subtropical, une frontière naturelle entre les eaux froides subantarctiques et les eaux subtropicales plus chaudes, s'est déplacé de 120 kilomètres vers l'ouest. C'est la première fois qu'un tel déplacement d'un courant océanique à grande échelle est documenté autour du pays.
Ce déplacement, provoqué par le réchauffement des eaux, aura des « impacts énormes » sur les écosystèmes, la chaîne alimentaire et des espèces clés comme les coraux, les éponges, les algues géantes (kelp) et les poissons.
Impacts sur la biodiversité et les industries
Les vagues de chaleur marines, devenues plus longues, plus fréquentes et plus intenses, ont déjà des conséquences visibles. Des épisodes récents ont été associés à des blanchissements massifs d'éponges de mer, à la mortalité d'algues géantes, à des échouages de poissons à grande échelle et à une augmentation de la mortalité des manchots.
Les industries de la pêche et de l'aquaculture, qui contribuent à hauteur de 1,1 milliard de dollars à l'économie néo-zélandaise, sont également affectées. L'acidification et le réchauffement des océans favorisent la prolifération d'algues toxiques qui peuvent contaminer les coquillages et menacer la viabilité du secteur.
Un besoin urgent de recherche
Bien que la surveillance de l'environnement marin progresse, le rapport souligne l'existence de lacunes importantes dans la compréhension des phénomènes en jeu. La Dre Collins insiste sur le manque de connaissances concernant les interactions complexes entre le changement climatique, les océans, les événements météorologiques extrêmes et les écosystèmes.
« C'est un peu comme tirer sur un fil d'un tissu et voir l'ensemble se défaire – comprendre ces interactions est peut-être notre plus grand angle mort », conclut-elle.
Combler ce manque de connaissances est jugé essentiel pour réduire les risques pour la population, renforcer la résilience climatique et promouvoir une gestion durable des ressources marines du pays.





