Meta, la société mère de Facebook, est confrontée à un examen accru concernant l'impact environnemental de ses opérations. Des rapports récents indiquent une augmentation rapide de sa consommation d'énergie et de ses émissions de gaz à effet de serre. La stratégie de l'entreprise pour gérer ces impacts soulève des questions sur les méthodes de mesure et de déclaration des émissions.
Points Clés
- La consommation électrique de Meta augmente rapidement en raison de l'expansion des centres de données.
- Meta attribue une part croissante de ses émissions à des installations louées.
- L'entreprise construit ses propres centrales électriques à combustibles fossiles pour alimenter ses centres de données.
- Meta utilise des certificats d'énergie renouvelable (CER) pour déclarer des émissions nulles.
- L'entreprise est impliquée dans des efforts de lobbying pour modifier les méthodes de mesure des émissions.
Augmentation de la consommation d'énergie et des émissions
La consommation électrique totale de Meta a connu une forte hausse au cours des cinq dernières années. Cette augmentation est principalement due à l'expansion de ses centres de données. Ces installations, essentielles au fonctionnement de ses services numériques, nécessitent des quantités importantes d'énergie.
Selon des compilations de données d'émissions d'entreprise, la tendance à la hausse est constante. Meta fournit des informations détaillées sur la consommation de ses centres de données individuels. Cette transparence permet de suivre l'évolution de son empreinte énergétique.
Fait Marquant
La majeure partie de l'augmentation de la consommation d'énergie de Meta provient de la location d'espaces de centres de données tiers et de l'expansion de sites existants, notamment en Iowa et en Oregon.
Stratégie d'expansion des centres de données
Meta a été contraint de revoir sa capacité de centres de données il y a quelques années. L'entreprise a dû optimiser ses installations existantes avec du matériel supplémentaire. Elle a même annulé certaines constructions pour les repenser entièrement. Cette situation a conduit Meta à se tourner vers la location d'espaces de centres de données auprès de tiers.
Cependant, cette stratégie de location pourrait ne pas être durable à long terme. Meta est en train de construire ses propres centres de données. Plus important encore, l'entreprise développe ses propres centrales électriques alimentées par des combustibles fossiles pour les faire fonctionner.
« Il y a une ville entière de production d'électricité dédiée aux centres de données en cours de construction dans un coin d'un seul État. » — Nat Bullard, analyste.
Par exemple, Meta est la société derrière un projet de 600 mégawatts de nouveau gaz fossile dans l'Ohio. En Louisiane, Meta collabore avec Entergy pour construire 2 262 mégawatts de gaz fossile. Entergy a récemment annoncé que ces nouvelles centrales à combustibles fossiles l'empêcheront d'atteindre ses objectifs climatiques pour 2030.
Méthodes de mesure et de déclaration des émissions
Meta calcule les émissions de ses centres de données en multipliant la consommation d'énergie par l'intensité des émissions du réseau électrique au moment de la consommation. Cette méthode est une estimation. Elle est considérée comme la moins mauvaise façon d'évaluer l'impact climatique de la consommation électrique.
Les données compilées montrent une augmentation rapide des émissions pour Meta et d'autres entreprises technologiques. Face à cette situation, Meta ne réduit pas sa consommation. L'entreprise cherche plutôt à modifier la réalité de la mesure des émissions. C'est une approche qui diffère des techniques traditionnelles de "greenwashing".
Contexte des efforts de Meta
Meta fait partie d'une coalition de sociétés appelée « Emissions First Partnership ». Ce groupe exerce un lobbying direct pour ajuster la manière dont les impacts environnementaux sont mesurés. L'objectif est de minimiser les chiffres finaux déclarés.
Le rôle des certificats d'énergie renouvelable
La technique actuelle de Meta repose sur l'achat de certificats d'énergie renouvelable (CER). Chaque fois qu'une installation d'énergie renouvelable produit un mégawattheure d'énergie, elle vend un "certificat" de production d'énergie propre. Elle vend aussi l'unité physique d'énergie électrique au réseau.
En achetant ce certificat, Meta affirme que sa consommation d'énergie n'a produit aucune émission. La logique derrière cela est que l'achat de ce certificat était nécessaire à l'existence de la ferme éolienne. Sans cet achat, la ferme n'aurait pas reçu de financement.
- Impact des CER: Ces certificats permettent à Meta de déclarer des émissions nulles pour sa consommation électrique.
- Comparaison: Cette méthode est similaire aux compensations carbone, mais elle est appliquée au niveau le plus fondamental de la mesure des émissions.
Meta appelle ces chiffres ajustés les émissions "basées sur le marché". Ces chiffres sont mis en avant dans les rapports de l'entreprise. Meta a le mérite de divulguer aussi les chiffres "non ajustés". D'autres entreprises, comme Apple, les cachent parfois dans les notes de bas de page des rapports d'audit.
Limites des stratégies actuelles et perspectives futures
L'utilisation des certificats d'énergie renouvelable commence à être remise en question. L'examen des allégations de "zéro émission" par l'achat de certificats est de plus en plus strict. Certains certificats sont liés à d'anciennes centrales hydroélectriques situées à l'autre bout du monde.
Google, par exemple, consomme tellement d'énergie qu'il n'a pas pu conclure suffisamment d'accords d'achat d'électricité pour annuler complètement les émissions de sa consommation électrique dans son dernier rapport. Cela pose la question de la durabilité de cette stratégie.
Défi croissant
La "source d'énergie renouvelable" pourrait s'épuiser si de plus en plus d'entreprises adoptent cette approche sans réduire leur consommation réelle.
Meta ne nie pas le changement climatique. L'entreprise ne fait pas non plus de divulgations sélectives. Elle applique une forme de compensation carbone non pas en plus des émissions déclarées, mais au niveau structurel de la mesure des émissions. Cette approche est complexe et soulève des préoccupations quant à sa validité à long terme.
La deuxième partie de cette analyse explorera les efforts de lobbying actuels de Meta. L'entreprise cherche à créer une nouvelle méthode pour annuler ses émissions de gaz à effet de serre. Ces efforts pourraient redéfinir la manière dont les grandes entreprises technologiques gèrent et déclarent leur impact environnemental.





