Un nouvel outil cartographique interactif permet désormais au public de visualiser une forme de pollution atmosphérique souvent indétectable à l'œil nu. Développée par le groupe indépendant Climate TRACE, cette plateforme utilise des données satellitaires pour suivre les panaches de particules fines PM 2,5, l'un des polluants les plus dangereux pour la santé humaine, provenant de millions de sources à travers le monde.
Cette initiative vise à informer les citoyens sur la qualité de l'air dans leur environnement immédiat, en identifiant les sources d'émission et en montrant comment ces polluants se déplacent dans l'atmosphère. L'objectif est de sensibiliser et de fournir des données concrètes pour orienter les politiques de santé publique.
Points Clés
- Climate TRACE a lancé une carte mondiale interactive pour suivre la pollution par les particules fines (PM 2,5).
- L'outil utilise des données satellitaires et l'intelligence artificielle pour surveiller plus de 660 millions de sources d'émission.
- Les PM 2,5 sont des polluants microscopiques liés à des maladies cardiaques, respiratoires et neurologiques.
- Le projet, cofondé par l'ancien vice-président américain Al Gore, a pour but de rendre visible cette menace sanitaire souvent ignorée.
Comprendre la menace des particules fines PM 2,5
La qualité de l'air ne se résume pas à ce que l'on peut voir. Une menace croissante et largement invisible pèse sur la santé publique : les particules fines, connues sous le nom de PM 2,5. Ces particules sont des polluants atmosphériques microscopiques dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres.
Pour mettre cela en perspective, leur taille est environ 30 fois plus petite que le diamètre d'un cheveu humain. En raison de leur petite taille, elles peuvent pénétrer profondément dans le système respiratoire et même atteindre la circulation sanguine.
Qu'est-ce que la pollution PM 2,5 ?
Les particules PM 2,5 proviennent principalement de la combustion, notamment des combustibles fossiles utilisés dans les véhicules, les centrales électriques et les activités industrielles. Elles sont considérées comme la forme la plus dangereuse de pollution de l'air en raison de leur capacité à provoquer des inflammations dans le corps.
Selon des recherches scientifiques, l'exposition aux PM 2,5 est associée à un large éventail de problèmes de santé. Le Dr Tanya Payyappilly, directrice générale de l'organisation à but non lucratif Breathe California, explique leur dangerosité.
« Les particules pénètrent profondément dans les poumons et y restent. »
Les études ont établi des liens entre ces particules et une augmentation des risques de maladies cardiaques, de troubles respiratoires comme l'asthme, de cancer du poumon, de troubles neurologiques et même de problèmes de fertilité.
Une carte mondiale pour traquer la pollution
Pour la première fois, un outil rend cette menace visible à grande échelle. Climate TRACE (Tracking Real-Time Atmospheric Carbon Emissions), un consortium indépendant, a mis en ligne une carte interactive qui suit les nuages de particules, appelés panaches.
Cette plateforme innovante s'appuie sur la technologie satellitaire et des modèles atmosphériques avancés pour suivre les émissions de plus de 660 millions de sources dans le monde. La carte couvre actuellement plus de 2 600 grandes zones urbaines, y compris des métropoles comme la région de la baie de San Francisco.
Comment fonctionne la technologie ?
La carte combine plusieurs sources de données pour offrir une vue détaillée :
- Images satellites : Des satellites observent en continu l'atmosphère terrestre.
- Intelligence Artificielle : Des algorithmes analysent les images pour identifier les panaches de pollution.
- Modélisation atmosphérique : Des modèles prédisent la dispersion des polluants en fonction du vent et des conditions météorologiques.
Gavin McCormick, cofondateur de Climate TRACE, souligne l'importance de cet outil pour le grand public. « Nous pensons que cela aidera vraiment les gens à réaliser qu'il est beaucoup plus courant qu'on ne le pense d'être exposé à des niveaux dangereux de pollution de l'air », a-t-il déclaré.
Il ajoute que les utilisateurs peuvent explorer leur propre quartier, voir la pollution près de leur domicile ou de l'école de leurs enfants, et comprendre d'où elle vient. Cette transparence est une première étape pour identifier les solutions possibles.
Des origines universitaires à une coalition mondiale
L'idée de cartographier les émissions pour créer une base de données précise est née à l'Université de Californie à Berkeley. Gavin McCormick et d'autres chercheurs ont participé à un hackathon avec des ingénieurs de Google et Facebook. Leur réflexion initiale portait sur l'optimisation de la consommation d'électricité pour réduire l'empreinte carbone.
De WattTime à Climate TRACE
Cette collaboration a conduit à la création de WattTime, une organisation à but non lucratif utilisant des données pour déterminer les moments les plus propices à une consommation d'électricité propre. L'équipe a ensuite eu l'idée d'utiliser les satellites et l'IA pour mesurer les émissions de toutes les centrales électriques du monde. C'est à ce moment que l'ancien vice-président américain Al Gore a rejoint le projet, menant à la formation de Climate TRACE.
L'implication d'Al Gore a donné une nouvelle dimension au projet. « J'attendais une technologie comme celle-ci depuis les années 1990 ! C'est incroyable », aurait-il dit, selon McCormick. Aujourd'hui, Climate TRACE est une coalition de 150 organisations à but non lucratif et universités qui surveillent et publient les émissions de gaz à effet de serre et, désormais, les panaches de particules.
« Si votre enfant souffre d'asthme ou si un membre de votre famille a des difficultés respiratoires, vous pouvez voir exactement d'où cela vient », a expliqué Al Gore.
Les premières observations et les prochaines étapes
Un examen de la carte de la région de la baie de San Francisco, répertoriée sous « San Jose Urban Area, United States », révèle des informations importantes. De nombreuses sources de pollution sont identifiées, mais l'une des plus importantes est le transport maritime national et international. Les navires qui entrent et sortent de la baie génèrent des panaches de particules importants.
La carte montre également comment les vents et les conditions météorologiques influencent la trajectoire de ces panaches, exposant différentes communautés à des moments différents. Cependant, l'impact quantifiable sur la santé de ces expositions spécifiques reste à déterminer.
Climate TRACE a annoncé son intention de s'associer à des institutions de santé publique. L'objectif est de connecter les données d'exposition de la carte avec des modèles de résultats sanitaires établis, afin de mieux quantifier les risques pour les populations locales.
Gavin McCormick a confirmé que des mises à jour et des solutions potentielles seront bientôt proposées par la plateforme, dans l'espoir que ces données permettent à tous de respirer un air plus pur. L'outil offre une base factuelle pour que les citoyens et les décideurs politiques puissent prendre des mesures éclairées pour améliorer la qualité de l'air.





