Aux États-Unis, des communautés locales montrent comment des actions ciblées peuvent transformer des sites pollués en parcs publics et des terrains vagues en forêts urbaines. Ces projets, menés à Lynn, Massachusetts, et Providence, Rhode Island, illustrent des approches innovantes pour la réhabilitation environnementale et le renforcement des liens sociaux.
Ces initiatives offrent des exemples concrets de régénération écologique, où d'anciennes décharges et des parcelles urbaines négligées deviennent des atouts pour les résidents, améliorant à la fois le cadre de vie et la biodiversité locale.
Points Clés
- Une ancienne décharge de 30 acres à Lynn, Massachusetts, a été transformée en un parc public en bord de mer.
- Une micro-forêt urbaine a été créée à Providence, Rhode Island, en utilisant la méthode Miyawaki pour densifier la végétation.
- Ces projets de réhabilitation environnementale sont menés par des collectifs locaux, des entreprises et des agences publiques.
- L'objectif est de restaurer les écosystèmes, d'améliorer la qualité de vie et de renforcer la cohésion communautaire.
De décharge à parc public : la renaissance du littoral de Lynn
Pendant des années, une décharge massive a privé les habitants de Lynn, dans le Massachusetts, de l'accès à leur propre littoral. Le site n'était pas seulement une barrière physique, mais aussi une source de pollution importante en raison du lixiviat, un liquide toxique issu de la décomposition des déchets, qui contaminait les sols et menaçait l'océan voisin.
La solution habituelle pour un tel site aurait été de le recouvrir de terre et de l'isoler du public. Cependant, une approche différente a été proposée par Bob Delhome, fondateur de Charter Development, l'entreprise chargée de la dépollution.
Un projet inspiré par le succès
L'idée était de transformer la décharge en un espace vert accessible à tous. Pour ce faire, la ville a fait appel aux architectes paysagistes Brown, Richardson + Rowe, connus pour leur travail sur Spectacle Island, une autre île du port de Boston qui fut autrefois le dépotoir de la ville.
Le modèle de Spectacle Island
De 1935 à 1959, Spectacle Island recevait 350 tonnes de déchets par jour. Après sa fermeture, le site a été réhabilité. Aujourd'hui, l'île de 36 acres est recouverte de végétation et propose cinq miles de sentiers de randonnée, offrant une vue panoramique sur le port. Ce projet est devenu un exemple de transformation réussie d'un site pollué en un espace de loisirs.
Après des années de collaboration entre les agences municipales et étatiques, le Lynn Harbor Park, un parc de 30 acres, a été officiellement inauguré. Ce projet ne s'arrête pas là : un développement à usage mixte est prévu sur une parcelle adjacente, incluant 850 logements et des espaces commerciaux.
« Venir ici et voir toutes ces familles, tous ces enfants jouer, c'est difficile de décrire ce que cela signifie. J'ai la chair de poule quand je pense à ce que nous avons commencé ici. »
Conseiller Fred Hogan, représentant du quartier du front de mer de Lynn
Le plan à long terme vise à créer une promenade océanique continue, reliant la rivière Saugus aux plages de Lynn.
Une forêt urbaine au cœur de Providence
Dans le quartier de South Providence, à Rhode Island, un terrain de seulement 1 000 pieds carrés (environ 93 m²) abrite une dense concentration de végétation. Le Pearl Street Garden est une micro-forêt urbaine conçue pour apporter la nature dans un environnement majoritairement asphalté.
Ce projet, mené par Groundwork Rhode Island et le Pearl Street Garden Collective, a permis de planter 185 arbres et 80 arbustes très proches les uns des autres. Cette technique s'inspire de la méthode Miyawaki, du nom du botaniste japonais qui l'a développée pour restaurer rapidement des écosystèmes forestiers sur des terres dégradées.
La méthode Miyawaki en bref
- Densité élevée : Plantation de 3 à 5 jeunes plants par mètre carré.
- Espèces indigènes : Utilisation exclusive de plantes locales pour recréer un écosystème naturel.
- Croissance rapide : La compétition pour la lumière solaire pousse les arbres à grandir plus vite qu'en plantation traditionnelle.
- Autonomie : La forêt devient autonome après environ trois ans, ne nécessitant plus d'entretien.
Impact sur la communauté et l'environnement
Les micro-forêts urbaines offrent de multiples avantages. Elles favorisent l'activité physique et les interactions sociales lorsque les résidents participent à leur entretien. Elles créent également un sentiment d'appartenance et renforcent les liens communautaires.
Le Pearl Street Garden Collective promeut des pratiques de jardinage régénératives qui restaurent les sols, l'eau et la faune. L'objectif est de créer un réseau de parcelles de verdure à travers la ville, reconnectant les habitants à la gestion de leur environnement.
« C'est une excellente façon, surtout en ville, pour que les gens se rapprochent de la biodiversité, de comprendre pourquoi elle est importante — et pourquoi elle est aussi belle. »
Jacq Hall, directrice des projets spéciaux chez Groundwork Rhode Island
Selon les responsables du projet, l'implication des habitants est un facteur clé de succès. « Les gens se mobilisent vraiment. C'est incroyable », a déclaré Currie Touloumtzis, gestionnaire du programme d'arbres urbains de Groundwork Rhode Island, lors de la plantation d'une deuxième micro-forêt.
La vigilance citoyenne face aux changements de langage
Au-delà des projets de réhabilitation physique, des actions citoyennes visent également à préserver l'intégrité culturelle et factuelle. Un exemple récent a eu lieu dans une petite ville de la Nouvelle-Angleterre concernant l'appellation du « Golfe du Mexique ».
Suite à une directive de l'administration Trump, le nom « Golfe du Mexique », utilisé depuis plus de 400 ans, a été remplacé par « Golfe d'Amérique » sur certaines cartes et documents. Cette modification s'est retrouvée sur des étiquettes de crevettes surgelées dans la chaîne de supermarchés LaBonne's Markets.
La réaction des consommateurs
De nombreux clients ont exprimé leur mécontentement. Rob LaBonne III, président de la chaîne, a expliqué que le distributeur avait suivi l'usage de Google Maps et cherchait à indiquer l'origine nationale du produit. Il a assuré que des mesures étaient prises pour corriger l'étiquetage.
Amy Lake, une résidente locale, a qualifié cette situation de « chauvinisme dans l'allée » et a souligné que la voix des résidents et le choix des consommateurs sont des « outils de la démocratie ». Son action montre comment une vigilance citoyenne peut s'opposer à des manipulations linguistiques à portée politique.
En parallèle, une publication du Scripps Institute of Oceanography a continué d'utiliser le nom correct « Golfe du Mexique » dans un article scientifique sur l'écologie acoustique des baleines. Cet exemple illustre l'engagement de la communauté scientifique à s'en tenir aux faits et aux données vérifiables, loin des considérations politiques.





