De nouvelles recherches indiquent que le changement climatique pourrait exposer 74% des régions sujettes à la sécheresse dans le monde à un risque élevé de sécheresses graves et prolongées d'ici la fin du siècle. Cette projection souligne l'urgence de mieux comprendre et de se préparer aux défis hydriques futurs.
Une étude récente, publiée dans la revue Nature Communications, vise à combler les lacunes en matière de connaissances en estimant le moment et la probabilité des événements de pénurie d'eau extrême, souvent appelés «jours zéro» de sécheresse. Ces événements représentent le moment où une région ou une ville n'a plus d'eau disponible.
Points Clés
- 74% des régions sujettes à la sécheresse pourraient faire face à un risque élevé de sécheresses sévères d'ici 2100.
- Près de 35% de ces régions pourraient connaître une grave pénurie d'eau d'ici 2030, affectant 753 millions de personnes.
- Les périodes de récupération entre les sécheresses pourraient être plus courtes que les événements eux-mêmes, aggravant les risques.
- Les régions particulièrement touchées incluent l'ouest des États-Unis, la Méditerranée, l'Afrique du Nord, l'Afrique australe, l'Inde, le nord de la Chine et le sud de l'Australie.
Le lien crucial entre climat et eau
Le climat de la Terre et ses ressources en eau sont intrinsèquement liés. L'un ne peut exister sans l'autre. Alors que le climat subit des changements sans précédent, principalement dus à l'activité humaine, le système hydrique mondial se modifie également. Bien que ce lien soit bien établi, il reste difficile de prévoir précisément quand et où des pénuries d'eau extrêmes surviendront en raison du changement climatique. Cette incertitude limite la capacité des décideurs à se préparer à ces scénarios.
Christian Franzke, professeur au Centre IBS de physique climatique à Busan, en Corée du Sud, et co-auteur de l'étude, a expliqué à Gizmodo que le «jour zéro» représente le moment où une région ou une ville épuise ses réserves d'eau. La modélisation de ces événements est cruciale pour une planification efficace.
Statistique Clé
Sous un scénario d'émissions élevées, près de 35% des régions sujettes à la sécheresse pourraient subir une grave pénurie d'eau d'ici 2030. Cela représente 753 millions de personnes, dont 467 millions en zones urbaines, vulnérables à une pénurie d'eau extrême avec un réchauffement de 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels.
Des sécheresses extrêmes plus précoces que prévu
Les événements de «jour zéro» de sécheresse résultent de multiples facteurs de stress sur un système hydrique local ou régional. Ces facteurs incluent des périodes prolongées de faibles précipitations, une réduction du débit des rivières et une augmentation de la demande en eau. Franzke et son co-auteur, Vecchia P. Ravinandrasana, doctorant au Centre IBS, ont projeté les résultats mondiaux de la pénurie d'eau. Ils ont appliqué un cadre probabiliste à un vaste ensemble de simulations de modèles climatiques qui prennent en compte tous ces facteurs.
Leurs résultats indiquent que d'ici la fin du siècle, 74% des régions du monde sujettes à la sécheresse, y compris celles dotées de grands réservoirs, feront face à un risque élevé de sécheresses graves et persistantes. Ces projections sont basées sur un scénario d'émissions élevées. Les chercheurs ont été surpris par la rapidité potentielle de ces événements.
«Nous avons été surpris de voir à quel point cela pourrait se produire rapidement», a déclaré Christian Franzke.
Temps de récupération réduit
Un autre aspect préoccupant des conclusions est la durée potentiellement plus courte entre les événements de sécheresse individuels par rapport à la durée des événements eux-mêmes. Cela limite le temps de récupération pour les écosystèmes et les populations, aggravant les risques de pénurie d'eau. La capacité des communautés à se remettre d'une sécheresse avant d'être frappées par la suivante sera fortement compromise.
Les zones où le stress hydrique pourrait devenir particulièrement sévère comprennent l'ouest des États-Unis, la région méditerranéenne, l'Afrique du Nord, l'Afrique australe, l'Inde, le nord de la Chine et le sud de l'Australie. Dans ces régions, la demande en eau dépasse rapidement l'offre disponible, créant une situation critique.
Contexte des Modèles Climatiques
Les modèles climatiques sont des outils complexes qui simulent le système climatique de la Terre. Ils intègrent des données sur l'atmosphère, les océans, la terre et la glace pour projeter les changements futurs. Bien que les modèles fournissent des estimations précieuses, ils comportent des incertitudes. Les projections de cette étude sont basées sur un scénario d'émissions élevées, ce qui signifie que les émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter sans mesures d'atténuation significatives.
Utilisation des données pour la prise de décision
Auroop Ganguly, professeur distingué d'ingénierie civile et environnementale à l'Université Northeastern, qui n'a pas participé à l'étude, a souligné l'importance de ces travaux. Selon lui, l'étude fournit une estimation opportune et complète des futurs risques de pénurie d'eau. «Le défi de la pénurie d'eau est ressenti mondialement, mais ce qui doit être fait est souvent local, ou du moins régional», a-t-il déclaré à Gizmodo.
Le moment des événements de «jour zéro» de sécheresse et le temps de récupération disponible entre eux varient considérablement d'une région à l'autre. En saisissant ces différences, les chercheurs offrent des échelles de temps théoriques. Ces dernières peuvent aider à orienter les réponses d'urgence à court terme et la planification politique à long terme. La mise en œuvre de politiques d'adaptation et de gestion de l'eau devient plus urgente que jamais.
- Réponses d'urgence: Développer des plans de contingence pour les périodes de sécheresse imminentes.
- Planification à long terme: Investir dans les infrastructures hydriques, promouvoir la conservation de l'eau et explorer des sources alternatives.
- Politiques d'atténuation: Réduire les émissions de gaz à effet de serre pour limiter l'ampleur du réchauffement climatique.
Perspectives Futures et Limites
Malgré l'importance de cette étude, Franzke a indiqué que d'autres travaux sont nécessaires. Il souhaite intégrer des données provenant de davantage de modèles climatiques pour réduire l'incertitude des projections. Il a également souligné que son ensemble de données n'a pas directement pris en compte le rôle des eaux souterraines comme tampon contre la sécheresse. Les eaux souterraines peuvent jouer un rôle significatif dans l'atténuation des effets des sécheresses, et leur inclusion pourrait affiner les modèles.
Ganguly a également insisté sur la nécessité d'un ensemble de données plus robuste. Il a mis en garde contre la perception de cette étude comme le «dernier mot» sur le risque de pénurie d'eau dans un climat changeant. Il la considère plutôt comme un guide pour comprendre l'urgence de se préparer à ce risque. La recherche continue est essentielle pour affiner les prévisions et élaborer des stratégies d'adaptation plus efficaces.
La collaboration entre scientifiques, décideurs politiques et communautés locales sera fondamentale pour relever ce défi. Les investissements dans la recherche, la technologie de l'eau et les pratiques de gestion durable sont impératifs pour assurer un avenir où l'eau reste accessible à tous.





