Le gouvernement britannique envisage de rendre obligatoires les installations sanitaires économes en eau dans toutes les nouvelles constructions en Angleterre. Cette mesure vise à réduire la consommation d'eau face aux sécheresses récurrentes et à débloquer la construction de milliers de logements.
Le projet, actuellement en consultation, pourrait imposer des douchettes à aération, des robinets à faible débit et des toilettes à double chasse. L'objectif est de préparer le pays à une pénurie d'eau croissante, tout en allégeant les factures des ménages.
Points Clés
- Le gouvernement anglais propose de nouvelles réglementations pour les constructions neuves.
- Les équipements visés incluent les douches, robinets et toilettes à faible consommation.
- L'économie estimée est de 20 litres d'eau par personne et par jour.
- Cette mesure pourrait permettre de construire des milliers de logements supplémentaires dans les zones de stress hydrique.
Un contexte de pression hydrique croissante
L'Angleterre fait face à un défi majeur concernant ses ressources en eau. Malgré un climat souvent perçu comme pluvieux, le pays se dirige vers une pénurie significative. Cet automne, cinq régions sont toujours officiellement en état de sécheresse suite à un été exceptionnellement chaud et sec.
Les projections climatiques et démographiques sont préoccupantes. D'ici 2050, les experts estiment que le déficit en eau pourrait atteindre cinq milliards de litres par jour. Cette situation est aggravée par une population en augmentation et des schémas de précipitations de plus en plus irréguliers dus au changement climatique.
Objectif national de réduction
Cette proposition s'inscrit dans un plan plus large visant à faire passer la consommation moyenne d'eau par habitant de 137 litres par jour actuellement à 110 litres d'ici 2050. Les nouvelles constructions sont une première étape clé pour atteindre cet objectif ambitieux.
Les détails de la proposition gouvernementale
Le ministère de l'Environnement a lancé une consultation publique pour modifier les réglementations de la construction. Si la proposition est adoptée, les promoteurs immobiliers devront équiper les nouveaux logements de technologies spécifiques.
Quels équipements seraient concernés ?
La réglementation se concentrerait sur les installations sanitaires les plus utilisées au quotidien. La liste des équipements potentiellement obligatoires inclut :
- Des pommeaux de douche à aération, qui mélangent l'eau avec de l'air pour réduire le débit sans affecter la sensation de pression.
- Des robinets à faible débit pour les salles de bains et les cuisines.
- Des toilettes à double chasse, permettant d'utiliser moins d'eau lorsque c'est possible.
Le gouvernement a souligné que ces changements auraient un impact « négligeable » sur le confort des utilisateurs. Une autre piste explorée est l'installation de systèmes de récupération de l'eau de pluie pour alimenter les chasses d'eau.
Des économies concrètes pour les ménages
Selon les estimations du gouvernement, ces installations permettraient de réduire la consommation d'eau d'environ 20 litres par personne chaque jour. Pour un foyer moyen, cela se traduirait par une économie annuelle d'environ 100 livres sterling sur les factures d'eau et d'énergie.
Un impact direct sur la crise du logement
La pénurie d'eau n'est pas seulement un problème environnemental ; elle constitue également un frein majeur au développement immobilier. Dans plusieurs régions, le manque de ressources hydriques disponibles bloque la délivrance de permis de construire.
Emma Reynolds, la secrétaire à l'Environnement, a déclaré que cette mesure pourrait changer la donne.
« Lever les barrières liées à la pénurie d'eau qui bloquent le développement depuis trop longtemps permettra de débloquer des milliers de nouveaux logements tout en faisant économiser de l'argent aux familles », a-t-elle affirmé.
Le gouvernement espère que pour chaque 5 230 logements construits selon ces nouvelles normes, suffisamment d'eau sera économisée pour permettre la construction de 1 000 logements supplémentaires.
Des exemples locaux concrets
Certaines municipalités subissent déjà les conséquences de ce blocage. L'année dernière, le conseil municipal de Crawley a déclaré une « urgence du logement », citant les restrictions sur la demande en eau comme l'un des facteurs aggravants. De même, dans la région de Hartismere à Cambridge, tout nouveau développement non résidentiel est interdit jusqu'en 2033 en raison du manque d'approvisionnement en eau.
Réactions des acteurs du secteur et des associations
La proposition a été accueillie positivement par les constructeurs et les associations de défense de l'environnement, bien que certains estiment qu'elle ne va pas assez loin.
Rhodri Williams, de la Fédération des constructeurs de logements (Homes Builders Federation), a salué l'initiative. Il a rappelé que « les nouvelles constructions sont déjà nettement plus efficaces en matière d'eau que les logements anciens, faisant économiser en moyenne 126 £ par an aux propriétaires ». Il considère que l'intégration de ce facteur dans les décisions d'urbanisme est une « mesure sensée ».
De son côté, James Wallace, PDG de l'association River Action, a critiqué la lenteur du gouvernement. « La crise de l'eau, autrefois redoutée, est déjà là », a-t-il déclaré, faisant référence à l'été record de sécheresse. Il insiste sur la nécessité de s'attaquer également aux fuites des réseaux de distribution, gérés par les compagnies des eaux.
« Les familles ne devraient pas porter seules ce fardeau », a-t-il ajouté.L'industrie de l'eau s'est engagée à réduire les fuites de moitié d'ici 2050.
La question cruciale des logements existants
Un point soulevé par les experts est l'exclusion du parc immobilier existant. Le professeur Benjamin Gardner, spécialiste du changement de comportement à l'Université de Surrey, juge ces nouvelles normes « très efficaces » car elles agissent sans que les gens « ne remarquent de différence dans leur vie quotidienne ».
Cependant, il plaide pour une action plus large. « La modernisation des technologies d'économie d'eau dans les logements existants devrait également être une priorité », a-t-il souligné. Cette approche permettrait à tous les ménages, et pas seulement aux nouveaux propriétaires, de participer à l'effort collectif et de réaliser des économies.





