Les marchés de l'énergie en Europe et en Asie se préparent à un hiver potentiellement difficile. Les modèles météorologiques prévoient des vagues de froid récurrentes qui pourraient mettre à l'épreuve la résilience des approvisionnements énergétiques et faire grimper les prix, notamment ceux du gaz naturel liquéfié (GNL).
Des systèmes de haute pression se formant au-dessus de l'Atlantique Nord et de l'Arctique devraient pousser de l'air polaire sur une grande partie de l'Europe. Des conditions similaires sont également envisagées dans certaines régions d'Asie, notamment au Japon, en Inde et en Asie du Sud-Est, créant un risque de demande énergétique simultanée sur les deux continents.
Points Clés
- Les prévisions météo annoncent des vagues de froid répétées pour l'hiver en Europe et dans certaines parties de l'Asie.
- Une concurrence accrue pour les cargaisons de gaz naturel liquéfié (GNL) est attendue, ce qui pourrait augmenter les prix.
- Bien que les réserves de gaz européennes soient remplies à près de 83 %, elles ont déjà été sollicitées par des froids précoces.
- Des phénomènes climatiques comme La Niña et un possible réchauffement stratosphérique soudain pourraient intensifier les conditions hivernales.
La situation énergétique européenne sous surveillance
L'Europe aborde la saison de chauffage avec des stocks de gaz naturel bien remplis, atteignant près de 83 % de leur capacité. Cependant, cette situation confortable est déjà mise à l'épreuve. Une récente vague de froid dans le sud-est du continent a contraint plusieurs pays à puiser dans leurs réserves stratégiques plus tôt que prévu.
Cette dynamique souligne la vulnérabilité du système énergétique face à des baisses de température prolongées. Les analystes observent attentivement la fréquence et l'intensité des prochains épisodes de froid, qui détermineront la vitesse à laquelle ces stocks diminueront au cours de l'hiver.
L'avertissement des acteurs du marché
La situation a suscité des réactions de la part d'acteurs majeurs du secteur. Alexey Miller, le dirigeant du géant gazier russe Gazprom, a récemment averti que les prévisions à long terme indiquent la possibilité d'un hiver "anormalement froid" pour l'Europe, un événement qui, selon lui, se produit environ une fois tous les 20 ans.
Cette déclaration, bien que non détaillée, ajoute une couche d'incertitude sur les marchés. Les analystes de Citigroup Inc. estiment que si un hiver rigoureux se matérialise simultanément en Europe et en Asie, les prix du gaz, déjà en hausse, pourraient connaître une nouvelle flambée significative.
La compétition pour le GNL deviendrait alors le principal moteur des prix, les deux continents cherchant à sécuriser leurs approvisionnements en même temps.
Le GNL au centre des tensions
Le gaz naturel liquéfié (GNL) est devenu une source d'approvisionnement cruciale pour l'Europe. Transporté par navire, il offre une flexibilité que les gazoducs ne permettent pas. Cependant, le marché du GNL est mondial, ce qui signifie que la demande en Asie a un impact direct sur la disponibilité et le prix pour les acheteurs européens.
Des phénomènes météorologiques complexes
Les prévisionnistes s'accordent sur un schéma météorologique dominant cet hiver : la formation fréquente de systèmes de haute pression. Selon James Peacock, météorologue chez MetSwift, cela pourrait entraîner des fluctuations importantes de la demande de chauffage.
Ces anticyclones ont un double effet. Non seulement ils apportent de l'air froid, mais ils sont aussi souvent associés à des vents faibles et à un ciel dégagé. D'après une analyse de MetDesk, cela pourrait réduire considérablement la production d'énergie éolienne et solaire, augmentant ainsi la dépendance aux centrales à gaz pour la production d'électricité.
Le risque d'un réchauffement stratosphérique soudain
Les météorologues surveillent la possibilité d'un réchauffement stratosphérique soudain (RSS) en janvier ou février. Ce phénomène, qui se produit à haute altitude au-dessus du pôle, peut perturber le vortex polaire. En 2018, un événement de ce type a provoqué la vague de froid extrême connue au Royaume-Uni sous le nom de "bête de l'est", avec des températures chutant jusqu'à -12°C.
L'impact du réchauffement stratosphérique
Un RSS ne garantit pas une vague de froid, mais il "augmente considérablement les probabilités de vagues de froid dans les six semaines qui suivent", explique Matt Dobson, météorologue chez MetDesk. Un tel événement en plein cœur de l'hiver pourrait fortement solliciter les infrastructures énergétiques européennes à un moment où les réserves de gaz seraient déjà entamées.
L'Asie également confrontée aux risques climatiques
L'Asie n'est pas à l'abri des aléas climatiques cet hiver, ce qui complique la situation sur le marché mondial de l'énergie. Plusieurs régions du continent pourraient connaître des températures inférieures aux normales saisonnières.
Le Japon et le phénomène La Niña
Au Japon, l'Agence météorologique nationale a indiqué une probabilité plus élevée de vagues de froid en début de saison. Cette prévision est en partie liée au phénomène La Niña, qui s'est installé le mois dernier et devrait persister jusqu'en février selon le Climate Prediction Center américain.
- La Niña : Ce phénomène climatique se caractérise par des températures de surface de la mer plus froides que la normale dans l'océan Pacifique équatorial.
- Conséquences pour le Japon : Il entraîne généralement un temps plus frais et positionne les vents d'ouest plus au sud, ce qui favorise les descentes d'air froid en provenance du nord.
Les prévisions indiquent cependant un possible retour à la normale à partir du milieu de l'hiver. Une probabilité de 40 % est également évoquée pour des températures hivernales plus élevées que la normale dans les régions de Tohoku et d'Hokkaido.
Prévisions pour l'Inde et l'Asie du Sud-Est
D'autres régions asiatiques sont également concernées. Selon Maria Madsen de Salient Predictions, qui s'appuie sur des modèles propriétaires, l'Inde et certaines parties de l'Asie du Sud-Est devraient connaître des températures inférieures à la normale de novembre à février.
À l'inverse, des pays comme le Bangladesh, le Népal et des zones d'Asie centrale devraient connaître des conditions plus douces que d'habitude. Cette disparité régionale montre la complexité des prévisions climatiques à grande échelle.
La demande chinoise reste un facteur clé à surveiller. Après un début d'hiver doux l'année dernière, une demande plus forte cette année pourrait exercer une pression supplémentaire sur le marché mondial du GNL, exacerbant la concurrence avec l'Europe.





