Des élus du Maryland, de Pennsylvanie, de Virginie et du New Jersey ont exprimé de vives inquiétudes quant à la stabilité du réseau électrique régional. Lors d'une audition récente, ils ont interpellé les responsables du secteur de l'énergie sur les risques de pannes et la hausse des prix, mettant en lumière un déséquilibre croissant entre l'offre et la demande d'électricité.
La fermeture de centrales traditionnelles, combinée à une demande en forte hausse et à des projets d'énergies renouvelables qui peinent à se concrétiser, crée une situation de tension. Les responsables politiques s'alarment des conséquences pour les ménages et les entreprises, déjà confrontés à une crise énergétique qualifiée de « dévastatrice » par certains.
Points Clés
- Des élus de quatre États de l'Est américain alertent sur un risque de déficit énergétique.
- La demande croissante, notamment des centres de données, dépasse l'offre actuelle.
- Le débat politique s'intensifie autour du rythme de la transition vers les énergies vertes.
- Le Maryland importe actuellement environ 40 % de son électricité.
- L'opérateur du réseau, PJM, prévient d'un possible déficit de ressources d'ici quelques années sans action corrective.
Une audition tendue sur l'avenir du réseau
Mardi, des législateurs de plusieurs États de la côte Est ont tenu une audition pour examiner l'état du réseau électrique géré par l'opérateur PJM. L'ambiance était à l'inquiétude, face à ce qu'un élu a décrit comme une « crise énergétique dévastatrice » pour le New Jersey, marquée par des prix élevés et la menace de futures coupures de courant.
Le délégué du Maryland, Brian Chisholm, a exprimé une frustration partagée par plusieurs de ses collègues. « Nos familles, nos amis et nos petites entreprises ne peuvent pas se permettre ce programme imprudent de promotion de l'énergie verte », a-t-il déclaré, soulignant l'impact direct sur le portefeuille des citoyens.
La course contre la montre de l'approvisionnement
Le cœur du problème réside dans un déséquilibre simple : la demande d'énergie explose tandis que la capacité de production peine à suivre. L'électrification des transports, l'industrialisation et surtout l'appétit énergétique des centres de données créent des besoins sans précédent.
Dans le même temps, de nombreuses centrales électriques traditionnelles sont mises hors service. Selon PJM, les nouveaux projets censés prendre le relais sont majoritairement solaires. Or, ces sources renouvelables ne fournissent pas la même production constante que les centrales au charbon ou au gaz, ce qui complique la gestion du réseau.
Qu'est-ce que PJM ?
PJM Interconnection est un opérateur de réseau de transport d'électricité (RTO) qui coordonne le marché de l'électricité en gros dans 13 États de l'Est et du Midwest américain, ainsi que dans le district de Columbia. Il assure la fiabilité du réseau pour plus de 65 millions de personnes.
Le Maryland en situation de dépendance
La situation est particulièrement critique dans certains États. Le Maryland, par exemple, importe actuellement environ 40 % de son électricité depuis d'autres États, notamment la Pennsylvanie, qui utilise encore des combustibles fossiles. Cette dépendance rend l'État vulnérable aux fluctuations des marchés et aux décisions politiques de ses voisins.
Stephen Bennett, un représentant de PJM présent à l'audition, a tenté de rassurer l'audience en affirmant qu'aucune panne de courant n'était prévue à court terme. Cependant, il a lancé un avertissement clair.
« Sans une correction de cap, d'ici quelques années, PJM pourrait connaître pour la première fois un déficit dans l'adéquation des ressources. »
Cette déclaration souligne l'urgence d'agir pour éviter que le réseau ne soit plus en mesure de répondre à la demande aux heures de pointe.
Des projets verts en attente
Le délégué Chisholm a révélé un chiffre frappant : bien que 38 000 mégawatts de projets d'énergie verte aient été approuvés dans la région, « pas un seul ne peut commencer les travaux ». Ce blocage administratif et logistique constitue un obstacle majeur à l'augmentation de la capacité de production.
Un débat politique intense
L'audition a rapidement mis en évidence une fracture politique profonde. Les élus républicains ont accusé les politiques environnementales menées par les démocrates d'être à l'origine de la crise. Ils ont notamment ciblé la Regional Greenhouse Gas Initiative (RGGI), un programme régional de plafonnement et d'échange de droits d'émission de gaz à effet de serre.
« C'est une taxe massive imposée aux producteurs d'électricité, qui est ensuite répercutée sur les contribuables que nous sommes tous », a affirmé Brian Chisholm, dont le parti souhaite que le Maryland se retire de l'initiative.
La défense des politiques climatiques
Le bureau du gouverneur du Maryland, Wes Moore, a répliqué en défendant fermement le programme RGGI. Dans une déclaration, il a affirmé que l'initiative avait « fait ses preuves en matière d'économies pour les contribuables, de construction de nouvelles énergies propres et de réduction de la pollution ».
Selon son administration, le programme a permis de réduire de moitié la pollution carbone des centrales électriques en 17 ans, tout en stimulant la croissance économique et en créant des dizaines de milliers d'emplois.
À la recherche d'un consensus pragmatique
Malgré les divergences, certains signes d'une possible convergence apparaissent. Le président du Sénat du Maryland, Bill Ferguson, a reconnu la nécessité de « revoir le débat sur l'énergie » et de se montrer « réaliste ».
Il s'est dit ouvert à l'utilisation du gaz naturel comme une alternative de transition préférable au charbon, tout en maintenant le cap vers un « avenir plus propre ». Cette position suggère qu'un compromis pourrait être trouvé entre le maintien des centrales existantes et le déploiement de nouvelles sources d'énergie.
La question reste de savoir comment accélérer la mise en service des projets renouvelables tout en garantissant la fiabilité du réseau pendant la transition. Les prochaines sessions législatives dans ces États seront cruciales pour déterminer si un équilibre peut être trouvé avant que les craintes de pénurie ne deviennent une réalité.





