Les politiques climatiques mondiales connaissent une réévaluation majeure. Des dirigeants et des experts appellent désormais à une approche plus réaliste, intégrant les réalités économiques et sociales dans les objectifs de protection du climat. Cette évolution marque un tournant significatif.
Points Clés
- Un consensus émerge pour une approche plus pragmatique des politiques climatiques.
- Les coûts énergétiques et la compétitivité industrielle influencent les décisions politiques.
- Les projections de réchauffement climatique sont révisées à la baisse par la communauté scientifique.
- L'innovation technologique est privilégiée par rapport à l'augmentation des coûts des énergies fossiles.
- La Chine et les États-Unis investissent massivement dans le nucléaire et les énergies alternatives.
Un virage vers le réalisme économique
Les discussions sur le climat évoluent. L'idée de réduire les émissions à tout prix cède la place à un réalisme politique et économique. Ce changement est visible à travers le monde, même dans les pays qui ont longtemps mené l'agenda climatique.
Par exemple, le Premier ministre canadien Mark Carney, autrefois fervent défenseur de la limitation des combustibles fossiles, a récemment accéléré l'approbation d'un nouveau terminal d'exportation de gaz naturel liquéfié en Colombie-Britannique. Il vise à transformer le Canada en une «superpuissance énergétique».
Un fait marquant
En 2018, de petites augmentations des taxes sur les carburants en France ont provoqué le mouvement des «Gilets Jaunes», démontrant la forte résistance populaire aux politiques augmentant les coûts énergétiques.
Au Royaume-Uni, le Premier ministre Keir Starmer doit décider s'il faut assouplir les objectifs climatiques ambitieux, y compris l'élimination des combustibles fossiles de l'approvisionnement énergétique d'ici 2030. La raison principale est la hausse rapide des coûts de l'énergie.
«Il y a un choix à faire entre atteindre l'objectif et payer trop cher, ou le manquer et maintenir les coûts bas. Nous le manquerons si nécessaire», a déclaré une source gouvernementale au Guardian.
L'Europe face à ses objectifs
Même en Europe, où la politique climatique est souvent la plus avancée, les réalités économiques s'imposent. Le chancelier allemand Friedrich Merz a reconnu la nécessité de concilier la protection du climat avec la compétitivité de l'industrie européenne.
Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, dans une tribune pour le Financial Times, a plaidé pour une transition énergétique plus pragmatique. Il a affirmé qu'il fallait accepter certaines émissions plus longtemps pour sauver les industries et maintenir la cohésion sociale.
La Grèce a d'ailleurs opposé son veto à une proposition de l'Union Européenne visant à imposer une taxe carbone sur les émissions du transport maritime. Le Premier ministre a justifié cette décision en soulignant la nécessité d'être réaliste et de ne pas compromettre la compétitivité industrielle.
Contexte historique
Pendant des décennies, la sagesse conventionnelle voulait que la décarbonation profonde soit atteinte en rendant l'énergie fossile plus chère. Cependant, peu de preuves montrent que cela a accéléré la décarbonation des économies mondiales ou nationales.
Changement de discours aux États-Unis et en Chine
Aux États-Unis, le débat climatique évolue, même parmi les Démocrates. Le sénateur Chris Coons a récemment déclaré que le climat n'était «pas une priorité absolue pour le moment». Le sénateur Brian Schatz a insisté sur l'importance de parler du prix de l l'énergie pour obtenir l'adhésion du public.
«La voie de la victoire est de parler du prix», a-t-il affirmé lors d'un événement du New York Times.
La Chine a clarifié sa position sur l'énergie et le climat il y a plusieurs années. Le président Xi Jinping a souvent répété qu'il fallait «établir le nouveau avant de détruire l'ancien». Cela signifie développer des technologies énergétiques alternatives avant de supprimer les sources d'énergie existantes.
Depuis 2021, la Chine est devenue un leader mondial dans de nombreuses technologies énergétiques. Elle investit massivement dans le nucléaire et les énergies renouvelables, tout en maintenant ses capacités de production existantes.
Le rôle du nucléaire
Le gouvernement américain a conclu un accord de 80 milliards de dollars avec Westinghouse pour produire de nouvelles centrales nucléaires à grande échelle. La Chine, quant à elle, est en avance de 10 à 15 ans sur les États-Unis dans le déploiement de réacteurs de nouvelle génération.
Révisions des projections climatiques
Les projections concernant les émissions futures de dioxyde de carbone ont diminué au cours des 20 dernières années. Le monde se tourne vers des sources d'énergie comme le gaz naturel, le solaire, l'éolien et même le nucléaire.
La consommation mondiale de charbon, hormis en Inde et en Chine, a culminé il y a près de 20 ans. Les scénarios les plus extrêmes de réchauffement, qui prévoyaient des augmentations de 4 à 5°C d'ici 2100, sont de moins en moins plausibles.
Aujourd'hui, un consensus scientifique indique que, sur la trajectoire politique actuelle, le monde se dirige vers un réchauffement inférieur à 3°C d'ici 2100. Ces estimations sont révisées à la baisse chaque année.
Nouvelles projections
Le groupe norvégien DNV estime que l'objectif de zéro émission nette d'ici 2050 est impossible, mais qu'il est «très probable» de l'atteindre plus tard dans le siècle, avec un réchauffement associé de 2,2°C.
Le changement climatique d'origine humaine est une réalité et présente des risques. Cependant, les tactiques alarmistes extrêmes perdent de leur efficacité dans un monde qui s'est déjà réchauffé de 1,5°C sans conséquences apocalyptiques.
L'importance d'une politique climatique durable
Les coûts énergétiques croissants réduisent le soutien aux mesures d'urgence coûteuses visant à réduire les émissions. Une politique climatique efficace doit être un marathon, pas un sprint.
Il est essentiel de poursuivre la décarbonation de l'économie, mais de manière à renforcer la sécurité énergétique, l'accès à l'énergie et sa fiabilité. Cela doit aussi contribuer à la croissance de la richesse mondiale, en particulier pour les populations qui n'ont pas encore atteint un niveau de services énergétiques suffisant.
La réinitialisation des attentes en matière d'énergie et de climat offre une opportunité de rejeter le fatalisme apocalyptique et d'adopter le réalisme et le pragmatisme.
COP-30 à l'horizon
La 30ème Conférence des Parties (COP-30) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques aura lieu au Brésil du 10 au 21 novembre 2025. Ce sommet interviendra à un moment où les politiques climatiques sont soumises à leur réévaluation la plus critique depuis plus de 15 ans.





