De nouvelles recherches menées par l'Université de Nouvelle-Galles du Sud (UNSW Sydney) indiquent que la promotion des actions climatiques individuelles, comme le vélo ou le recyclage, ne réduit pas le soutien public aux politiques gouvernementales robustes en matière de climat. Cette conclusion remet en question une préoccupation de longue date chez les communicateurs climatiques.
Points Clés
- Les actions individuelles ne détournent pas le soutien aux politiques climatiques gouvernementales.
- L'étude a interrogé plus de 1 200 personnes en Australie et en Iran.
- Les deux types d'actions, individuelles et systémiques, sont complémentaires.
- Une communication claire sur l'impact réel des actions individuelles est essentielle.
Une Préoccupation de Longue Date
Les militants pour le climat se sont souvent demandé si encourager des gestes écologiques quotidiens, tels que l'utilisation du vélo pour se rendre au travail ou l'évitement des pailles en plastique, pourrait détourner l'attention des politiques de grande envergure nécessaires pour lutter contre le changement climatique. L'idée était que ces actions modestes pourraient donner l'impression d'un progrès suffisant, ou même justifier des comportements plus néfastes.
Une nouvelle étude interculturelle, publiée dans la revue Behavioural Public Policy, suggère que cette inquiétude pourrait être excessive. Le Dr Omid Ghasemi, de l'Institut pour le risque climatique et la réponse de l'UNSW, a dirigé cette recherche. Ses conclusions indiquent que l'encouragement des actions individuelles, comme le recyclage ou la réduction de la consommation d'énergie, n'affaiblit pas le soutien public aux interventions dirigées par les gouvernements.
« Pendant des années, les communicateurs climatiques ont craint qu'en nous concentrant trop sur le comportement personnel, nous risquions de détourner l'énergie et l'attention des changements systémiques qui comptent vraiment », explique le Dr Ghasemi.
Statistique Clé
L'étude a impliqué plus de 1 200 participants, incluant des étudiants universitaires australiens et un échantillon plus large du public iranien et australien.
Méthodologie et Choix des Pays
L'équipe de recherche a mené des enquêtes et des expériences. Ces travaux ont inclus des étudiants universitaires australiens et un échantillon représentatif des populations iranienne et australienne. Le choix de l'Iran et de l'Australie n'était pas fortuit. Ces deux pays présentent des différences marquées en termes de culture, de systèmes politiques, d'économies et d'exposition aux risques climatiques.
Le Dr Ghasemi souligne les défis spécifiques de l'Iran : « Les conditions de gouvernance et économiques de l'Iran présentent des défis différents pour la mise en œuvre d'initiatives climatiques à grande échelle. Ces défis peuvent rendre plus difficile pour le pays de soutenir de grands changements politiques, ce qui pourrait amener les gens à se concentrer davantage sur les actions personnelles. »
Contexte Culturel
Comparer une démocratie occidentale comme l'Australie à un pays comme l'Iran a permis d'observer comment des populations dans des contextes très différents perçoivent l'action climatique individuelle par rapport à l'action gouvernementale.
Résultats de l'Expérience
Les participants à l'étude ont été répartis en plusieurs groupes. Chaque groupe a reçu des messages différents sur le climat : un groupe a été exposé à des messages axés sur les politiques gouvernementales, un autre sur les actions individuelles. Un groupe de contrôle a reçu un mélange équilibré de messages ou un quiz scientifique sans rapport avec le climat.
Après l'exposition aux messages, les participants ont répondu à des questions. Celles-ci portaient sur l'efficacité des solutions, leur soutien aux actions gouvernementales et la perception d'un conflit entre les actions personnelles et gouvernementales. Les résultats ont été clairs : le soutien aux actions climatiques systémiques est resté fort, quel que soit le nombre de messages sur les actions individuelles.
« Les participants iraniens ont particulièrement considéré les solutions systémiques comme le principal acteur de la lutte contre le changement climatique », note le Dr Ghasemi. Cela suggère une différence culturelle dans la perception de la responsabilité gouvernementale.
Perception des Actions Quotidiennes
Les chercheurs ont également examiné si la fréquence à laquelle une personne rencontrait des informations sur les solutions climatiques individuelles dans sa vie quotidienne était liée à un soutien moindre aux initiatives gouvernementales. Là encore, ces interactions quotidiennes n'ont pas diminué le soutien général aux solutions de grande envergure chez les participants iraniens et australiens.
Un fait intéressant est ressorti pour les étudiants australiens. « Les étudiants australiens avaient tendance à montrer un soutien plus fort aux changements systémiques s'ils étaient exposés à davantage d'actions climatiques individuelles », précise le Dr Ghasemi. Cependant, la population australienne générale a évalué les actions pro-climatiques personnelles comme des substituts modérés aux changements systémiques. Cela signifie qu'ils estiment que les solutions individuelles réduisent « en quelque sorte » le besoin de solutions systémiques.
Malgré cette nuance, leur soutien aux solutions systémiques est resté solide, indépendamment de leur croyance quant à savoir si leurs actions individuelles complètent ou contredisent leur soutien à des politiques climatiques plus globales.
Complémentarité des Actions
Le Dr Ghasemi affirme que ces découvertes remettent en question l'hypothèse de l'« éviction » (crowding-out hypothesis). Cette hypothèse suggère que les efforts climatiques personnels peuvent réduire l'enthousiasme pour des réformes systémiques. « Les études antérieures ont été mitigées, peut-être en raison de différences dans la conception des expériences », explique le Dr Ghasemi. « Nos résultats suggèrent qu'au lieu de se concurrencer, les actions individuelles et systémiques pourraient se compléter. »
La recherche met en évidence la manière dont les comportements individuels peuvent agir comme des signaux sociaux. Ils créent une pression « ascendante » (bottom-up) pour que les gouvernements et les institutions agissent. Néanmoins, les communicateurs climatiques doivent faire preuve de prudence. Ils ne doivent pas exagérer le pouvoir des choix personnels.
« Il est crucial de communiquer la véritable ampleur des actions individuelles », avertit le Dr Ghasemi. « Si elles sont présentées comme un substitut aux politiques systémiques, cela pourrait risquer de réduire le soutien public aux réformes plus importantes. »
Vers une Action Climatique Intégrée
Le Dr Ghasemi soutient qu'établir une distinction stricte entre la responsabilité personnelle et le changement systémique est contre-productif. « Le succès des politiques systémiques dépend souvent du comportement individuel », affirme-t-il. « Nos preuves indiquent une relation synergique. »
Pour les décideurs politiques, cela signifie adopter une approche plus intégrée. Une telle approche valorise à la fois les réformes globales et le rôle des petites actions quotidiennes. L'exemple de la réforme des jeux de hasard en Australie illustre cela. Elle a combiné des outils au niveau individuel, comme des relevés d'activité mensuels, avec des politiques systémiques, comme l'interdiction aux fournisseurs de jeux de hasard d'offrir du crédit. Ces mesures ont eu un impact significatif.
- Les scientifiques du comportement, comme le professeur Ben Newell, ont joué un rôle clé dans la conception de ces interventions complémentaires.
- Lorsque les gens changent leurs habitudes, comme recycler davantage ou réduire leur consommation d'énergie, cela envoie un message.
- Cela montre que l'engagement est plus courant qu'on ne le pense, ce qui peut aider à créer un élan pour des changements systémiques plus importants.
Il n'est pas nécessaire d'opposer l'individu au système. La recherche montre que les campagnes climatiques sont les plus efficaces lorsqu'elles travaillent main dans la main.
L'étude complète est disponible dans Behavioural Public Policy, DOI: 10.1017/bpp.2025.10021.





