Un nouveau rapport publié par l'Institut australien des sciences marines (AIMS) confirme que la Grande Barrière de Corail subit son cinquième événement de blanchissement de masse en seulement huit ans. Les relevés aériens et sous-marins indiquent une décoloration généralisée sur de vastes étendues du récif, soulevant de graves inquiétudes quant à sa survie à long terme.
L'étude, menée sur plus de 1 000 récifs individuels, montre que plus de 75 % des zones étudiées présentent un certain niveau de blanchissement. Les scientifiques attribuent ce phénomène à des températures océaniques anormalement élevées, exacerbées par le changement climatique mondial et le phénomène El Niño.
Étendue et gravité du blanchissement
Le rapport de l'AIMS fournit une analyse détaillée de la situation actuelle. Les données ont été collectées au cours des premiers mois de 2024, période durant laquelle les températures de surface de la mer ont atteint des niveaux records dans la région.
Les relevés aériens ont couvert environ deux tiers de la superficie totale du récif, qui s'étend sur 2 300 kilomètres. Les observations ont été complétées par des équipes de plongeurs qui ont évalué la santé des coraux à différentes profondeurs.
Chiffres clés du rapport
- 75 % des récifs étudiés montrent des signes de blanchissement.
- Plus de 1 000 récifs ont été inspectés par voie aérienne et sous-marine.
- Les températures de l'eau ont dépassé les moyennes historiques de 1 à 2 degrés Celsius pendant plusieurs semaines.
- C'est le cinquième événement de blanchissement majeur depuis 2016.
Le Dr. Neal Cantin, chercheur principal à l'AIMS, a souligné la rapidité de la dégradation. "La vitesse et l'échelle de ce blanchissement sont alarmantes. Nous voyons des récifs qui étaient en bonne voie de récupération être à nouveau frappés durement", a-t-il déclaré.
Les zones les plus touchées
Le blanchissement n'est pas uniforme sur l'ensemble du récif. Les zones centrales et méridionales de la Grande Barrière de Corail sont parmi les plus sévèrement affectées. Ces régions avaient montré une certaine résilience lors des événements précédents, mais le stress thermique prolongé de cette année a dépassé leur capacité d'adaptation.
En revanche, certaines parties du nord du récif, qui avaient été dévastées en 2016 et 2017, montrent un blanchissement moins sévère cette fois-ci. Les scientifiques suggèrent que cela pourrait être dû à une composition différente des espèces de coraux, certaines étant plus tolérantes à la chaleur.
Causes et conséquences écologiques
Le blanchissement des coraux est une réponse au stress, principalement causé par une augmentation de la température de l'eau. Les coraux expulsent les algues symbiotiques (zooxanthelles) qui vivent dans leurs tissus, leur fournissant nourriture et couleur.
Qu'est-ce que le blanchissement des coraux ?
Le corail et les algues zooxanthelles vivent en symbiose. Les algues fournissent au corail jusqu'à 90 % de son énergie par photosynthèse. Lorsque la température de l'eau augmente, cette relation est perturbée. Le corail expulse les algues, perdant sa principale source de nourriture et sa couleur, ce qui le laisse blanc et vulnérable. Un corail blanchi n'est pas mort, mais il est affamé et son risque de mortalité est beaucoup plus élevé.
Si les températures de l'eau diminuent rapidement, les coraux peuvent survivre et récupérer leurs algues. Cependant, un stress thermique prolongé entraîne une mortalité massive, avec des conséquences en cascade pour tout l'écosystème récifal.
"La Grande Barrière de Corail est l'un des écosystèmes les plus riches en biodiversité de la planète. Sa dégradation menace non seulement des milliers d'espèces marines, mais aussi les communautés humaines qui en dépendent." - Professeur Hélène Dubois, biologiste marine.
La perte de coraux vivants affecte directement les poissons et les invertébrés qui dépendent du récif pour leur abri et leur nourriture. Cela a également un impact économique significatif, notamment sur le tourisme et la pêche, qui génèrent des milliards de dollars chaque année pour l'Australie.
Réponse scientifique et politique
Face à cette crise, les scientifiques et les gestionnaires du parc marin intensifient leurs efforts de surveillance et de restauration. Des projets pilotes explorent des techniques innovantes comme la culture de coraux plus résistants à la chaleur et l'ensemencement de larves de corail sur les récifs endommagés.
Cependant, les experts s'accordent à dire que ces interventions locales ne peuvent pas résoudre le problème à grande échelle. La cause profonde, le changement climatique, doit être traitée de manière urgente au niveau mondial.
Le gouvernement australien est sous pression pour renforcer ses politiques climatiques. Les organisations environnementales demandent une transition plus rapide hors des combustibles fossiles et des objectifs de réduction des émissions plus ambitieux.
L'avenir du récif
L'avenir de la Grande Barrière de Corail est incertain. Les scientifiques préviennent que si le réchauffement climatique n'est pas maîtrisé, les événements de blanchissement deviendront si fréquents que le récif n'aura plus le temps de se régénérer entre deux épisodes.
Le rapport de l'AIMS se termine par un appel à l'action. Il souligne que la fenêtre d'opportunité pour sauver les récifs coralliens du monde se referme rapidement. Des réductions drastiques et immédiates des émissions de gaz à effet de serre sont jugées essentielles pour donner au récif une chance de survie.
La communauté internationale suit de près la situation, car le sort de la Grande Barrière de Corail est considéré comme un indicateur clé de la santé des océans de la planète.





