Les feux de forêt, amplifiés par le changement climatique, ont provoqué une augmentation des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Une nouvelle étude publiée ce jeudi révèle que les incendies dévastateurs survenus dans les Amériques ont entraîné un bond de 10 % des émissions de CO2 dues aux feux, par rapport à la moyenne des 20 dernières années, pour la période allant de mars 2024 à février 2025.
Malgré une surface totale brûlée inférieure à la moyenne mondiale, l'intensité et la localisation de ces feux dans des écosystèmes riches en carbone ont eu un impact significatif. Le rapport met en lumière l'influence croissante des conditions climatiques sur la propagation et la gravité des incendies.
Points Clés
- Les émissions de CO2 dues aux feux ont augmenté de 10% sur un an.
- Les incendies en Amérique du Nord et du Sud sont les principaux responsables.
- Le changement climatique rend les feux plus intenses et plus étendus.
- Les températures mondiales de 2024 ont été les plus chaudes jamais enregistrées.
- Plus de 8 milliards de tonnes de CO2 émises par les feux en 2024-2025.
Impact des Feux de Forêt sur les Émissions Mondiales
Le rapport « State of Wildfires », produit par une équipe internationale de chercheurs, analyse les données des feux extrêmes entre mars 2024 et février 2025. Il souligne que les incendies ayant ravagé de vastes zones de la forêt boréale canadienne et balayé les forêts sèches et les zones humides vulnérables d'Amérique du Sud ont été les principaux contributeurs à cette hausse des émissions.
Ces événements se sont produits malgré une surface totale brûlée globalement inférieure à la moyenne. Cela indique que ce n'est pas seulement l'étendue des feux, mais aussi leur intensité et les types d'écosystèmes touchés qui déterminent l'ampleur des émissions de carbone.
Un Chiffre Clé
Les émissions mondiales de CO2 provenant des feux ont dépassé de 10% la moyenne des 20 dernières années au cours de la période étudiée (mars 2024 - février 2025).
Facteurs d'Intensification des Incendies
L'étude identifie la chaleur, la sécheresse et les activités humaines comme des facteurs clés qui contribuent à l'intensification des incendies. Ces conditions favorisent la propagation des feux, notamment dans les forêts et les écosystèmes particulièrement riches en carbone, où la combustion libère des quantités importantes de gaz à effet de serre.
Matthew Jones, co-auteur du rapport et membre de l'Université d'East Anglia en Angleterre, a exprimé sa préoccupation face à l'ampleur et la fréquence de ces événements extrêmes. « C'est l'ampleur et la fréquence de ces événements extrêmes que je trouve les plus stupéfiantes », a-t-il déclaré.
« Grâce à la surveillance par satellite, nous constatons que les feux deviennent plus intenses partout dans le monde, s'étendant dans des écosystèmes clés et brûlant plus de matière qu'auparavant. Pendant ces années d'incendies extrêmes, nous voyons plus de feux, des feux plus grands, plus chauds et plus rapides, et ces propriétés s'agrègent toutes pour provoquer une étendue extrême et des impacts destructeurs sur les personnes et la nature. »
Le Rôle du Changement Climatique
Le changement climatique est un facteur essentiel dans cette dynamique. Il contribue à créer les conditions chaudes et sèches optimales pour que le feu se propage et brûle de manière plus agressive. Le rapport met en évidence que des incendies dévastateurs, comme ceux observés à Los Angeles et dans certaines régions d'Amérique du Sud, étaient deux à trois fois plus probables en raison du réchauffement climatique.
De plus, les auteurs estiment que le réchauffement a rendu la surface brûlée lors de ces événements 25 à 35 fois plus grande. Ces chiffres soulignent l'amplification directe des risques et des impacts par le climat.
Contexte Global
Les températures mondiales en 2024 ont été les plus chaudes jamais enregistrées, dépassant pour la première fois les 1,5°C par rapport à la période préindustrielle. Cette hausse des températures crée un environnement propice aux incendies de grande ampleur.
Régions les Plus Touchées
L'année dernière, des millions d'hectares de forêts et de terres agricoles ont été ravagés par les flammes. Le Canada, l'ouest des États-Unis et l'Amazonie ont été particulièrement affectés. Le Pantanal, la plus grande zone humide tropicale du monde, partagée par le Brésil, la Bolivie et le Paraguay, a également subi des dommages importants.
Ces régions, connues pour leur biodiversité et leur rôle crucial dans la régulation climatique, sont devenues des points chauds pour les incendies extrêmes.
- Canada: Forêt boréale
- États-Unis (Ouest): Forêts et zones sèches
- Amazonie: Forêt tropicale
- Pantanal: Plus grande zone humide tropicale
- Amérique du Sud (autres régions): Forêts sèches et zones humides
Conséquences Humaines et Environnementales
Les conséquences des incendies ne se limitent pas aux émissions de carbone. Le rapport indique que les feux ont causé la mort de 100 personnes au Népal, 34 en Afrique du Sud et 31 à Los Angeles pendant la période étudiée. La fumée des incendies a également traversé les continents, entraînant des niveaux dangereux de pollution de l'air loin des foyers d'incendie, affectant la santé respiratoire de millions de personnes.
Globalement, le rapport estime que les feux ont émis plus de huit milliards de tonnes de CO2 entre 2024 et 2025. Ce chiffre représente environ 10% de plus que la moyenne depuis 2003, ce qui est alarmant pour les efforts de réduction des gaz à effet de serre.
Le Cercle Vicieux du Climat
Ces conclusions interviennent après que l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) a averti que l'augmentation de la quantité de dioxyde de carbone dans l'atmosphère l'année dernière était la plus importante jamais enregistrée. L'OMM a exprimé une « préoccupation significative » quant à la capacité décroissante des terres et des océans à absorber le CO2, laissant ainsi davantage de gaz à effet de serre dans l'atmosphère.
Selon l'OMM, la planète pourrait être témoin d'un « cercle vicieux » de rétroaction climatique. Les émissions croissantes de gaz à effet de serre alimentent l'augmentation des températures, ce qui favorise les feux de forêt qui, à leur tour, libèrent plus de CO2. En même temps, les océans plus chauds sont moins capables d'absorber le CO2 de l'air, aggravant encore la situation. Cette boucle de rétroaction négative rend la lutte contre le changement climatique encore plus complexe et urgente.





