Dix ans après la signature de l'Accord de Paris, les efforts mondiaux pour lutter contre le changement climatique sont jugés insuffisants. Un nouveau rapport révèle que, bien que des progrès significatifs aient été réalisés dans certains domaines, la vitesse de transition est trop lente pour atteindre l'objectif de limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius.
Ce constat alarmant souligne l'urgence d'accélérer les actions. La situation s'aggrave même dans certains secteurs clés, nécessitant un revirement immédiat pour éviter les conséquences les plus graves.
Points Clés
- Aucun des 45 indicateurs de progrès n'est en bonne voie.
- Six indicateurs sont «en retard», tandis que près de 30 sont «très en retard».
- Cinq indicateurs se dirigent dans la «mauvaise direction».
- L'élimination du charbon est un échec majeur, son utilisation ayant atteint un record.
- Le déploiement de l'énergie solaire et le financement climatique privé sont des points positifs.
Un Bilan Globalement Négatif
Le rapport, publié par une coalition d'organisations climatiques, évalue les avancées dans 45 secteurs de l'économie mondiale et de l'environnement. Ces indicateurs vont de l'électrification des bâtiments à la consommation de viande, en passant par l'utilisation du charbon.
Les résultats sont clairs : aucune des mesures n'est alignée avec la trajectoire nécessaire pour maintenir le réchauffement climatique sous la barre des 1,5 degré Celsius. La majorité des indicateurs sont soit «en retard», soit «très en retard».
« Tous les systèmes clignotent en rouge », a déclaré Clea Shumer, chercheuse au World Resources Institute. « Il ne fait aucun doute que nous faisons en grande partie les bonnes choses, mais nous n'allons tout simplement pas assez vite. »
Chiffres Clés
- 6 sur 45 : Indicateurs «en retard» (progrès, mais trop lents).
- Près de 30 sur 45 : Indicateurs «très en retard» (progrès beaucoup trop lents).
- 5 sur 45 : Indicateurs allant dans la «mauvaise direction» (situation s'aggravant).
Le Défi Persistant du Charbon
L'un des principaux obstacles identifiés est l'échec à éliminer progressivement le charbon, qui reste une source majeure d'émissions de gaz à effet de serre. Malgré une légère baisse de sa part dans la production mondiale d'électricité en 2024, l'utilisation totale du charbon a atteint un niveau record l'année dernière.
Cette augmentation est principalement due à la demande croissante d'électricité, notamment en Chine et en Inde. Une grille électrique dépendante du charbon a des répercussions négatives sur d'autres objectifs, comme la décarbonisation des bâtiments et des transports.
Accélérer la Transition Énergétique
Pour se remettre sur la bonne voie, il faudrait multiplier par dix le rythme d'élimination du charbon. Cela signifierait la fermeture de plus de 360 centrales à charbon de taille moyenne chaque année et l'annulation de tous les projets de centrales à charbon en développement.
Rachel Cleetus, directrice principale des politiques à l'Union of Concerned Scientists, souligne que l'élimination du charbon est également bénéfique pour la santé publique. Les polluants issus des centrales à charbon ont causé la mort de 460 000 Américains entre 1999 et 2020.
Le Revers des Véhicules Électriques
Un indicateur qui était en bonne voie lors du rapport précédent, en 2023, a malheureusement régressé. La part des véhicules électriques (VE) dans les ventes de voitures particulières avait augmenté de 35% en 2023, représentant près d'une nouvelle voiture sur cinq.
Cependant, malgré le succès continu sur les marchés chinois, où les VE représentent près de la moitié des nouvelles ventes, les ventes ont ralenti l'année dernière dans des marchés clés comme l'Union Européenne et les États-Unis. Ce recul a surpris les experts.
Contexte Historique
Lors de la signature de l'Accord de Paris il y a dix ans, les véhicules électriques représentaient moins de 1% des ventes de voitures particulières. Les progrès réalisés depuis sont impressionnants, mais le ralentissement récent est préoccupant.
L'Énergie Solaire et le Financement Privé
Malgré les sombres perspectives, il y a des lueurs d'espoir. L'énergie solaire est l'une des grandes réussites actuelles. L'année dernière, 33% d'installations solaires supplémentaires ont été réalisées dans le monde par rapport à 2023. La Chine est à nouveau le moteur principal de cette croissance, ayant installé deux fois plus de capacité solaire en 2024 que la capacité totale installée aux États-Unis.
Le financement climatique privé, c'est-à-dire les investissements des banques, des entreprises et d'autres entités privées, est un autre point positif. Ce type d'investissement a tellement augmenté qu'il est passé de la catégorie «très en retard» à «en retard».
Cependant, le financement climatique public, soit l'argent promis par les pays riches aux pays en développement pour les aider à s'adapter et à faire face aux dommages climatiques, reste «très en retard».
Obstacles Politiques et Désinformation
Aux États-Unis, l'administration actuelle semble vouloir freiner les progrès climatiques. Des crédits d'impôt pour les acheteurs de VE sont supprimés, et le financement pour la construction de nouvelles bornes de recharge est gelé. Les énergies renouvelables sont également ciblées, avec une préférence affichée pour le charbon.
Cette approche politique est jugée alarmante par de nombreux experts.
« Les entités de combustibles fossiles et leurs alliés politiques continuent d'exercer une influence sur les politiques énergétiques des pays », a affirmé Rachel Cleetus. « Ce qui se passe aux États-Unis est un exemple particulièrement aigu et alarmant où le gouvernement pousse explicitement un programme en faveur des combustibles fossiles, jusqu'à la diffusion de mensonges et de désinformation sur la science du climat. »
Laurens Speelman, du Rocky Mountain Institute, reste cependant optimiste quant à l'adoption internationale des énergies renouvelables, soulignant que les aspects économiques sont désormais favorables aux technologies propres.
« C'est simplement une bonne affaire d'investir dans les technologies renouvelables, les réseaux électrifiés, les technologies d'électrification et l'efficacité énergétique », a-t-il conclu.





