La concentration atmosphérique de dioxyde de carbone (CO2), principal moteur du changement climatique, a connu une augmentation record entre 2023 et 2024. Les dernières données de l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) révèlent que la concentration moyenne mondiale de CO2 près de la surface de la Terre a atteint 423,9 parties par million (ppm) en 2024, soit 3,5 ppm de plus qu'en 2023. Cette hausse annuelle dépasse significativement la moyenne observée au cours de la décennie 2011-2020.
L'année 2024 a également été la plus chaude jamais enregistrée, avec une température moyenne mondiale supérieure de 1,55 degrés Celsius aux niveaux préindustriels. C'est la première fois que les températures annuelles mondiales franchissent le seuil de 1,5 degré Celsius, une limite critique dont le dépassement à long terme peut entraîner des impacts irréversibles et dévastateurs. Ces chiffres soulignent l'échec du cadre climatique international, incarné par l'Accord de Paris, à ralentir de manière significative les émissions mondiales.
Points Clés
- Le CO2 a atteint 423,9 ppm en 2024, une augmentation de 3,5 ppm en un an.
- L'année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée, dépassant le seuil de 1,5°C.
- L'augmentation annuelle de 3,5 ppm est la plus élevée depuis 1957.
- Les puits naturels (océans, terres) absorbent moins de CO2 en raison du réchauffement climatique et des incendies.
- Les concentrations de méthane (CH4) et de protoxyde d'azote (N2O) ont également augmenté, mais moins que le CO2.
Une Hausse Sans Précédent des Concentrations de CO2
Les concentrations de CO2 augmentent de manière constante depuis des années. Il n'y a eu aucune baisse au cours des 40 dernières années. Cependant, les nouvelles données de l'OMM montrent que l'augmentation annuelle entre 2023 et 2024 a été la plus forte depuis le début de ces mesures en 1957. Cette situation survient alors qu'un effort mondial considérable est déployé pour réduire les émissions de CO2.
Le rythme d'augmentation des concentrations de CO2 avait déjà triplé, passant d'une moyenne de 0,8 ppm par an dans les années 1960 à 2,4 ppm par an entre 2011 et 2020. Mais un saut de 3,5 ppm en une seule année est sans précédent. La concentration actuelle de CO2 dans l'atmosphère, 423,9 ppm, est désormais 152 % plus élevée que les niveaux préindustriels de 278,3 ppm.
"L'augmentation de 3,5 ppm en un an est un signal d'alarme clair. Elle montre que nos efforts actuels ne sont pas suffisants pour inverser la tendance alarmante des concentrations de gaz à effet de serre", a déclaré un porte-parole de l'OMM lors de la publication du rapport.
Fait Marquant
- La concentration de CO2 dans l'atmosphère est 152% plus élevée qu'avant l'ère industrielle.
- Le seuil critique de 1,5°C de réchauffement a été franchi pour la première fois en 2024.
Le Rôle des Gaz à Effet de Serre et Leur Impact
Le CO2 est le plus répandu des gaz à effet de serre (GES) et est produit par divers processus naturels et anthropiques. Les émissions issues de processus naturels comme la respiration, les rejets océaniques, les éruptions volcaniques, les incendies de forêt ou la décomposition de la matière organique sont presque toutes réabsorbées par d'autres processus naturels comme la photosynthèse et les puits océaniques et terrestres, maintenant ainsi un équilibre.
Près de la moitié des émissions de CO2 provenant des activités humaines, telles que la combustion de combustibles fossiles, est également absorbée par ces puits naturels. C'est l'autre moitié qui s'accumule dans l'atmosphère, entraînant un effet de réchauffement. Bien que le CO2 représente plus de 90 % de tous les GES accumulés dans l'atmosphère, sa capacité à piéger la chaleur est nettement inférieure à celle d'autres GES comme le méthane (CH4) et le protoxyde d'azote (N2O).
Comparaison des Gaz à Effet de Serre
- Le CH4 est au moins 25 fois plus puissant que le CO2 en termes de capacité de piégeage de la chaleur.
- Le N2O est environ 270 fois plus puissant.
- Cependant, le CO2 reste dans l'atmosphère beaucoup plus longtemps, de centaines à des milliers d'années.
En conséquence, le CO2 a un impact cumulatif sur le réchauffement climatique. Il est connu pour avoir contribué à environ 66 % du réchauffement depuis l'ère préindustrielle, et à environ 79 % au cours de la dernière décennie. En comparaison, le CH4 a une durée de vie relativement courte et ne reste dans l'atmosphère que pendant environ 12 à 14 ans. Le N2O se désintègre après environ 100 à 120 ans.
Contexte Historique
L'Accord de Paris, adopté en 2015, vise à maintenir l'augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et à poursuivre les efforts pour limiter cette augmentation à 1,5°C. Les données récentes montrent que ces objectifs sont de plus en plus difficiles à atteindre, voire déjà dépassés pour le seuil de 1,5°C sur une base annuelle.
Facteurs Contribuant à l'Augmentation Anormale
L'augmentation exceptionnellement élevée de 3,5 ppm entre 2023 et 2024 ne peut pas être attribuée uniquement aux émissions continues de CO2 provenant des activités humaines, selon le rapport de l'OMM. Les variations dans le cycle naturel du CO2 ont également joué un rôle. En particulier, les océans et les puits terrestres semblent avoir absorbé une quantité moindre de CO2 en 2024. Un nombre exceptionnellement élevé d'incendies de forêt cette année a entraîné des émissions supplémentaires.
L'une des causes de la capacité réduite des puits naturels à absorber le CO2 est le réchauffement climatique lui-même. À des températures plus élevées, les océans absorbent moins de CO2 en raison d'une solubilité réduite. De même, les sécheresses extrêmes, qui entraînent le dessèchement des forêts et de la végétation, réduisent la capacité d'absorption des arbres et des prairies. Ces processus s'alimentent mutuellement et aggravent le déséquilibre du CO2, entraînant le rejet de davantage de CO2 dans l'atmosphère.
Statistiques Clés
- Les océans absorbent moins de CO2 à des températures plus élevées.
- Les sécheresses réduisent la capacité d'absorption des forêts et des prairies.
- Les incendies de forêt ont contribué à des émissions supplémentaires en 2024.
Autres Gaz à Effet de Serre : Méthane et Protoxyde d'Azote
Les concentrations de CH4 et de N2O ont également augmenté en 2024, mais le bond a été inférieur à la moyenne annuelle observée au cours de la dernière décennie. Le CH4, le deuxième GES le plus émis, a vu ses concentrations augmenter de 8 parties par milliard (ppb) pour atteindre 1 942 ppb dans l'atmosphère, tandis que les concentrations de N2O ont augmenté de 1 ppb pour atteindre 338 ppb.
Au cours de la dernière décennie, les concentrations de CH4 ont augmenté en moyenne d'environ 10,6 ppb par an, tandis que les concentrations de N2O ont augmenté au rythme de 1,07 ppb par an. Les concentrations de CH4 représentent 16 % du réchauffement causé depuis l'ère préindustrielle, tandis que les concentrations de N2O ont contribué à environ 6 %. Le reste provient d'autres gaz et processus.
Le nouveau bulletin de l'OMM sur les gaz à effet de serre souligne l'ampleur du défi à relever pour freiner l'accumulation rapide des GES dans l'atmosphère. Ce ne sont pas seulement les activités humaines, sur lesquelles les êtres humains ont un certain contrôle, qui accentuent le problème. Les processus naturels se déstabilisent également sous l'influence du réchauffement climatique, entraînant une plus grande accumulation de ces gaz.
Cependant, même dans les domaines où ils ont un certain contrôle, les êtres humains ont eu énormément de mal à maîtriser les émissions de GES. Les émissions mondiales sont toujours en augmentation. Dix ans après l'Accord de Paris, aucune réduction appréciable de cette tendance à la hausse n'a été observée. Les objectifs de réduction des émissions pour 2030 sont presque certains d'être manqués, alors que les températures mondiales ont déjà dépassé la barre de 1,5 degré Celsius en 2024.





