Une nouvelle étude révèle que le réchauffement climatique réduit de plus en plus les conditions idéales pour les performances de haut niveau dans les marathons mondiaux. Les athlètes d'élite expriment leur inquiétude quant à l'avenir de leur sport, alors que les températures augmentent et que les fenêtres pour battre des records se referment.
Selon un rapport de l'organisation à but non lucratif Climate Central, la grande majorité des marathons internationaux verront leurs conditions de course se dégrader d'ici 2045, remettant en question la possibilité même d'établir de nouvelles marques de référence.
Points Clés
- Une nouvelle étude montre que 86 % des marathons mondiaux connaîtront une baisse des conditions de course optimales d'ici 2045.
- Les températures idéales pour les performances d'élite sont de 4 °C pour les hommes et de 10 °C pour les femmes.
- Tous les sept marathons majeurs du monde (World Marathon Majors) sont concernés par cette tendance.
- Des athlètes de renom, comme Catherine Ndereba et Mhairi Maclennan, alertent sur l'impact direct du climat sur leurs performances.
La science derrière la performance en péril
La course d'un marathon est un exploit d'endurance humaine, mais elle dépend fortement des conditions météorologiques. Une nouvelle analyse publiée avant le Marathon de New York met en lumière une réalité de plus en plus préoccupante : le changement climatique rend les conditions parfaites pour la course de plus en plus rares.
L'étude, menée par Climate Central, a examiné 221 marathons à travers le monde. Les résultats sont sans appel : 86 % de ces événements devraient connaître une diminution de la probabilité de conditions de course optimales d'ici 2045. Cette prévision inclut l'ensemble des sept Abbott World Marathon Majors, les courses les plus prestigieuses du circuit.
La recherche identifie une « zone de confort » thermique précise pour les athlètes de haut niveau. Pour les hommes, la température idéale pour une performance maximale se situe en moyenne autour de 4 degrés Celsius. Pour les femmes, elle est légèrement plus élevée, à environ 10 degrés Celsius. Or, le réchauffement global rend ces températures de plus en plus difficiles à trouver le jour de la course.
Le Marathon de Tokyo en première ligne
Actuellement, le Marathon de Tokyo offre la plus grande probabilité de conditions idéales pour les coureurs masculins d'élite, avec 69 %. Cependant, il est aussi celui qui devrait connaître la plus forte baisse de ces conditions d'ici 2045, illustrant la vulnérabilité même des événements les mieux positionnés.
Le témoignage des coureurs d'élite
Au-delà des statistiques, ce sont les athlètes qui ressentent le plus directement les effets de cette évolution. Mhairi Maclennan, la meilleure coureuse britannique du Marathon de Londres 2024, souligne l'impact concret sur la compétition.
« Au niveau élite, les conditions font ou défont une performance. Nous nous entraînons jour après jour pendant des années et gérons chaque aspect de notre vie pour courir au mieux, seulement pour voir cet objectif insaisissable s'éloigner à mesure que les températures idéales se raréfient. »
Pour ces sportifs, il ne s'agit pas seulement d'une course plus difficile. C'est la crainte de voir les records devenir physiquement inatteignables. « Le changement climatique ne signifie pas seulement que les courses deviennent plus difficiles ; il s'agit de savoir que les performances record pourraient bientôt être hors de portée si les conditions continuent de se réchauffer », ajoute Maclennan.
Une adaptation déjà en cours
Des légendes de la discipline confirment que le sport a déjà commencé à se transformer. Catherine Ndereba, double championne du monde et quadruple vainqueure du Marathon de Boston, explique que les stratégies de course ont dû évoluer.
« Le changement climatique a modifié le marathon », affirme l'ancienne détentrice du record du monde. « La déshydratation est un risque réel, et de simples erreurs de calcul peuvent mettre fin à une course avant même qu'elle ne commence. »
Cet avis est partagé par Ibrahim Hussein, premier Kényan à avoir remporté les marathons de New York et de Boston. Pour lui, l'environnement est devenu une composante à part entière du parcours. « Le climat fait maintenant partie de la course », dit-il. « Si nous ne le protégeons pas, les records du futur et le plaisir de tous deviennent de moins en moins probables. »
Des exemples récents et concrets
Les marathons de Berlin et de Tokyo en 2025 ont servi d'exemples frappants. Des vagues de chaleur inhabituelles ont poussé les températures bien au-delà des seuils de performance optimaux. Le Marathon de Berlin, par exemple, s'est couru sous une température de 24 °C (75 °F), des conditions exceptionnellement chaudes pour la saison qui rendent les exploits physiologiques extrêmement difficiles.
Quelles solutions pour l'avenir du marathon ?
Face à cette menace croissante, les organisateurs de courses et les athlètes explorent des pistes d'adaptation. L'une des mesures les plus simples, déjà mise en œuvre dans certains cas, est de modifier les heures de départ.
Commencer les courses plus tôt le matin peut modestement améliorer les conditions en profitant de la fraîcheur relative de l'aube. Cependant, cette solution a ses limites et ne résout pas le problème de fond de l'augmentation des températures moyennes.
D'autres adaptations pourraient inclure :
- Le déplacement des dates des marathons vers des périodes plus fraîches de l'année.
- Une amélioration des stratégies d'hydratation et de refroidissement pour les coureurs.
- Une surveillance accrue des conditions de santé des participants face au risque de coup de chaleur.
Toutefois, les athlètes insistent sur le fait que ces adaptations ne sont que des palliatifs. Pour Catherine Ndereba, chaque pas sur le bitume envoie un message plus large. « Chaque foulée porte désormais un message : si nous ne prenons pas soin de notre planète, même nos plus grands efforts ne suffiront pas. »
L'avenir des records du marathon semble donc de plus en plus lié à la trajectoire du climat mondial. Sans une action climatique significative, la quête de repousser les limites humaines sur 42,195 kilomètres pourrait bientôt se heurter à un mur invisible mais bien réel : la chaleur.





