Les discussions cruciales sur le climat maritime à l'Organisation Maritime Internationale (OMI) ont vu Bruxelles rester étonnamment discrète, alors que l'équilibre des forces semble se modifier. Des délégués européens expriment une inquiétude croissante face au soutien grandissant aux positions des États-Unis et de l'Arabie Saoudite, qui s'opposent aux propositions de régulation plus strictes. Cette situation met la Commission européenne sous pression pour qu'elle prenne une position claire.
Points Clés
- Bruxelles a maintenu le silence lors des discussions climatiques de l'OMI.
- Le soutien aux positions des États-Unis et de l'Arabie Saoudite a augmenté.
- Les délégués européens sont de plus en plus préoccupés.
- La Commission européenne est appelée à clarifier sa position.
- Des désaccords majeurs persistent sur la taxe carbone et les carburants marins.
Montée des Tensions et Positions Divergentes
Au troisième jour de ces pourparlers essentiels, les délégués ont attendu de longues heures le retour d'un groupe de rédaction. Ce groupe était chargé de présenter deux versions d'un projet de texte. L'attente prolongée a souligné les profondes divisions qui caractérisent ces négociations. Selon des sources internes, les délégations européennes ressentent une nervosité croissante. Elles observent en effet un renforcement de l'opposition menée par les États-Unis et l'Arabie Saoudite.
Le secrétaire général de l'OMI, Arsenio Dominguez, a d'ailleurs affirmé :
« Je soutiens mon personnel », a déclaré le chef de l'OMI, malgré les tensions persistantes avec la délégation américaine.Cette déclaration met en lumière les frictions existantes et la difficulté de parvenir à un consensus.
Fait Intéressant
L'OMI est l'agence spécialisée des Nations Unies responsable de la sécurité et de la sûreté de la navigation, ainsi que de la prévention de la pollution des mers par les navires. Ses décisions ont un impact mondial sur l'industrie maritime.
La Question de la Taxe Carbone et les Sanctions
Un des points de discorde majeurs concerne l'introduction d'une taxe carbone sur le transport maritime. Les États-Unis ont clairement indiqué qu'ils prendraient des mesures punitives. Ils menacent de sanctionner les navires, les marins, les pavillons et les fonctionnaires si l'OMI approuve une telle taxe. Cette menace crée un climat de tension et complique la recherche d'un accord global.
Parallèlement, la Chine a montré une approche plus nuancée. Elle a mis à jour ses règles sur les frais portuaires ciblant les navires liés aux États-Unis. Cependant, Pékin a également exempté les navires construits en Chine de ces frais anti-américains. Cette stratégie démontre la complexité des dynamiques géopolitiques à l'œuvre.
Contexte Historique
Les discussions sur la décarbonisation du transport maritime sont en cours depuis plusieurs années. L'objectif est d'aligner l'industrie sur les objectifs de l'Accord de Paris, qui visent à limiter le réchauffement climatique. Le secteur maritime représente environ 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Impacts et Réactions de l'Industrie Maritime
Les nouvelles règles chinoises sur les frais portuaires ont déjà des répercussions importantes. Des armateurs cotés aux États-Unis doivent s'adapter à cette "guerre des frais portuaires". Par exemple, le directeur de Pacific Basin Shipping a démissionné alors que la compagnie s'efforce d'éviter d'être prise dans ces sanctions. Le courtier BRS prévoit que les marchés des pétroliers bruts seront "bouleversés" par ces frais chinois. Cela souligne l'incertitude et la volatilité que ces tensions réglementaires introduisent sur le marché mondial.
- Pacific Basin Shipping prévoit de déplacer la moitié de sa flotte à Singapour pour se conformer aux règles américaines.
- Deux directeurs américains de longue date ont quitté l'armateur Okeanis pour se conformer aux nouvelles règles chinoises.
- Le directeur américain de l'armateur grec Danaos Corp a également été victime de ces règles.
Robert Bugbee, figure influente du secteur, a décrit la situation comme "un vrai cauchemar". Cette expression reflète le désarroi de nombreux acteurs de l'industrie maritime face à ces défis imprévus. Les taux des VLCC (Very Large Crude Carriers) ont d'ailleurs dépassé les 100 000 $ en raison de cette guerre des frais portuaires entre la Chine et les États-Unis, créant des opportunités pour certains mais des risques pour d'autres.
Le Rôle de l'Europe et les Alliances Internationales
Malgré les menaces américaines, l'Union européenne maintient son soutien au cadre Net-Zero de l'OMI. Cette position affirme la détermination de l'UE à pousser pour une décarbonisation ambitieuse du secteur. Cependant, son silence actuel aux pourparlers est perçu comme un manque de leadership par certains délégués. Il est impératif que l'Europe clarifie sa stratégie pour influencer l'issue de ces négociations.
Par ailleurs, d'autres acteurs prennent des mesures concrètes. La Norvège a mis fin au projet du premier tunnel maritime mondial en raison de l'explosion des coûts. Cet événement montre la complexité et les défis financiers liés aux grandes infrastructures maritimes. Pendant ce temps, des armateurs grecs comme Thenamaris envisagent des mouvements stratégiques majeurs, avec des flottes de plus d'un milliard de dollars. Ces décisions pourraient redessiner le paysage du transport maritime.
Statistiques Clés
Selon Clarksons, les nouveaux frais portuaires chinois pourraient affecter un nombre significatif d'escales de pétroliers chinois. Les estimations indiquent que des centaines de navires pourraient être impactés, ce qui représente une part non négligeable du commerce maritime mondial d'hydrocarbures.
La Géopolitique et l'Avenir du Transport Maritime
La situation géopolitique actuelle est marquée par des tensions croissantes. Les Houthis déplacent leurs attaques vers le nord, ciblant un pétrolier d'Eastern Pacific en mer Rouge. Ces incidents ajoutent une couche d'insécurité au transport maritime mondial. Les sanctions récentes du Royaume-Uni contre les géants pétroliers russes et la "flotte fantôme" sont également un facteur de perturbation.
L'ancien chef du commerce de Trump a triplé les frais portuaires pour les transporteurs de voitures, indiquant une approche agressive. La Chine a sanctionné cinq entreprises de Hanwha Marine, montrant que Pékin et Washington échangent des coups sur le plan économique et commercial. Ces actions démontrent que le transport maritime est de plus en plus un champ de bataille pour les rivalités internationales.
Les navires-citernes iraniens, souvent qualifiés de "sombres", activent leurs commutateurs AIS de manière "sans précédent". Cela suggère une tentative de masquer leurs mouvements, probablement pour contourner les sanctions. L'ensemble de ces événements crée un environnement complexe et incertain pour l'industrie maritime mondiale, où les décisions politiques ont des conséquences économiques directes et souvent imprévues.





