Le Bangladesh fait face à une urgence climatique qui menace son économie et sa population. Les catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes et intenses ont entraîné des pertes économiques considérables, soulignant les limites de l'action publique seule. Une mobilisation du secteur privé est désormais indispensable pour construire un avenir résilient.
Rien qu'en 2024, les vagues de chaleur ont coûté au pays près de 1,8 milliard de dollars américains en perte de productivité et en problèmes de santé, soit près de 0,5 % de son PIB. Face à cette réalité, l'implication des entreprises n'est plus une option, mais une nécessité pour la survie et la stabilité du pays.
Points Clés
- Les vagues de chaleur ont causé 1,8 milliard de dollars de pertes économiques au Bangladesh en 2024.
- L'action du gouvernement et des ONG est insuffisante pour faire face à l'ampleur des défis climatiques.
- Le secteur privé possède la capacité d'innover et de déployer rapidement des infrastructures résilientes.
- Des incitations gouvernementales comme des allégements fiscaux sont nécessaires pour encourager l'investissement privé.
- La résilience climatique est un enjeu de justice sociale et de stabilité économique nationale.
Le coût croissant de l'inaction climatique
Les signes de la crise climatique sont visibles partout au Bangladesh. Des villages entiers sont submergés par des inondations, des cyclones dévastent les zones côtières et des vagues de chaleur paralysent la vie urbaine. Ces événements ne sont plus des exceptions, mais une nouvelle norme qui pèse lourdement sur l'économie nationale.
Les projections scientifiques indiquent une aggravation de la situation. D'ici le milieu du siècle, les précipitations extrêmes pourraient augmenter de 50 millimètres en une seule journée, exerçant une pression insoutenable sur des infrastructures déjà fragiles. Les pertes agricoles sont également alarmantes, comme en témoigne la destruction récente de plus d'un million de tonnes de riz, affectant toute la chaîne d'approvisionnement, des agriculteurs aux exportateurs.
Un impact direct sur le PIB
La perte de 1,8 milliard de dollars en 2024, simplement à cause des problèmes de santé liés à la chaleur et des journées de travail perdues, démontre que le changement climatique n'est pas une menace lointaine, mais un frein économique immédiat.
Pourquoi le secteur privé doit s'engager
Face à l'ampleur de la crise, les ressources du gouvernement et des donateurs internationaux ne suffisent plus. Le secteur privé, qui est au cœur de l'économie du pays, doit assumer un rôle de premier plan. Ce sont les entreprises qui construisent les usines, les routes et les systèmes logistiques qui font tourner le pays.
Le secteur privé dispose de deux atouts majeurs que le secteur public peine souvent à mobiliser : la rapidité d'exécution et la capacité d'innovation. Des projets comme la construction de ports résilients ou de centres logistiques financés par des capitaux privés peuvent sécuriser des milliers d'emplois et renforcer les chaînes d'approvisionnement.
De plus, l'innovation nécessaire pour s'adapter provient souvent de la recherche et du développement privés. Des semences résistantes à la sécheresse, des systèmes d'irrigation intelligents ou des matériaux de construction à l'épreuve des inondations sont des solutions qui doivent être développées et déployées à grande échelle.
Des interventions concrètes et réalisables
L'implication du secteur privé peut prendre des formes très concrètes. Il ne s'agit pas seulement de philanthropie, mais d'investissements stratégiques qui bénéficient à la fois aux entreprises et à la société.
Infrastructures et urbanisme
Les entreprises de construction peuvent jouer un rôle fondamental. Imaginez les toits de Dacca recouverts de revêtements réfléchissants (les "cool roofs") pour réduire la chaleur urbaine. Pensez à des projets immobiliers dans les villes côtières conçus avec des fondations surélevées, des systèmes de récupération d'eau de pluie et une alimentation solaire de secours. Les routes et les ponts doivent être construits pour durer, et non selon le critère du coût le plus bas.
Solutions financières et technologiques
Le secteur financier a également un rôle à jouer. Des instruments comme l'assurance récolte basée sur la météo peuvent permettre aux petits agriculteurs de se relever rapidement après une tempête. Par ailleurs, les entreprises technologiques peuvent développer des systèmes d'alerte précoce plus performants. Si les entreprises disposent de modèles d'inondation en temps réel ou de cartes des risques, elles peuvent adapter leurs opérations, déplacer leurs entrepôts et protéger leurs employés avant qu'une catastrophe ne frappe.
"Ce n'est pas seulement une question de profits et de pertes, c'est une question de vies, de dignité et de justice. Et cela en fait la responsabilité de tous."
Lever les obstacles à l'investissement
Si les solutions existent, pourquoi ne sont-elles pas déjà mises en œuvre à grande échelle ? Plusieurs obstacles freinent l'engagement du secteur privé. Le principal est le coût initial plus élevé des infrastructures résilientes, dont les bénéfices ne sont visibles qu'à long terme.
L'instabilité politique, la faible application des codes de la construction et le manque de clarté sur les titres de propriété découragent également les investissements sérieux. Pour surmonter ces défis, une collaboration étroite entre le gouvernement et le secteur privé est essentielle.
Le rôle clé du gouvernement
Le gouvernement doit agir comme un facilitateur et un régulateur. Il peut mettre en place des politiques prévisibles et cohérentes, offrir des incitations financières comme des allégements fiscaux ou des modèles de financement mixte pour réduire les risques des investisseurs. De plus, en exigeant des normes de résilience dans les marchés publics, il peut contraindre les entreprises à innover plutôt qu'à choisir la facilité.
Un impératif social et économique
L'adaptation au changement climatique est bien plus qu'une stratégie commerciale. C'est un impératif de justice sociale. Ce sont toujours les populations les plus pauvres – les habitants des bidonvilles, les petits agriculteurs, les familles côtières – qui paient le prix le plus élevé des catastrophes climatiques.
En contribuant à fortifier les habitations, à sécuriser les chaînes d'approvisionnement et à maintenir les services essentiels, les entreprises privées peuvent jouer un rôle crucial dans la protection des plus vulnérables. C'est un acte de responsabilité sociale nécessaire.
Enfin, la résilience est une question de crédibilité internationale. Un Bangladesh perçu comme trop risqué perdra des investissements étrangers, des emplois et des opportunités de croissance. En revanche, un pays qui intègre la résilience dans son ADN inspirera confiance, attirera des capitaux et projettera une image de stabilité. La résistance climatique doit devenir une mission partagée, essentielle pour l'avenir de la nation.





