Alors que la saison de ski hivernale approche, les stations du New Hampshire sont confrontées à des pénuries d'eau importantes dues à une sécheresse persistante. Cette situation, exacerbée par les changements climatiques, met sous pression les opérations d'enneigement. Malgré cela, les experts du secteur restent optimistes, misant sur les avancées technologiques et des stratégies d'enneigement adaptées pour maintenir les pistes ouvertes cet hiver.
Points Clés
- Plus de la moitié du New Hampshire est en "sécheresse extrême".
- Les stations de ski adoptent de nouvelles stratégies d'enneigement et des technologies plus efficaces.
- La conservation de l'eau est devenue une priorité absolue pour l'industrie.
- Les experts envisagent un potentiel réaménagement du calendrier de la saison de ski.
Impact de la sécheresse sur l'enneigement
La sécheresse actuelle au New Hampshire représente un défi majeur pour les stations de ski. Un rapport du 9 octobre de l'U.S. Drought Monitor indique que plus de la moitié de l'État se trouve en "sécheresse extrême" au 7 octobre. Ce phénomène de périodes sèches en fin d'été est récurrent et lié au changement climatique, selon Mary Stampone, climatologue de l'État du New Hampshire.
Caitlin Hicks Pries, chercheuse à Dartmouth et professeure agrégée de biologie, dont les travaux portent sur le manteau neigeux, souligne une double contrainte. "Nous sommes maintenant limités non seulement par la température, mais potentiellement aussi par l'eau," a-t-elle déclaré. Cette réalité force l'industrie à repenser ses méthodes.
Chiffre Clé
En octobre, plus de 50 % du New Hampshire était en "sécheresse extrême", un niveau alarmant pour la préparation hivernale.
Sources d'eau et conservation
Les stations de ski utilisent diverses sources d'eau pour l'enneigement. Certaines, comme les lacs alimentés par des sources, sont plus résilientes à la sécheresse que les cours d'eau dépendants du ruissellement de montagne. "Une source d'eau alimentée par une source sera moins directement affectée par la sécheresse qu'un cours d'eau alimenté par le ruissellement des montagnes," explique Hicks Pries.
Malgré ces différences, la conservation de l'eau est une préoccupation partagée par tous les acteurs de l'industrie. David Ulbrich, directeur des opérations de montagne à Gunstock Mountain Resort à Gilford, a travaillé dans plusieurs stations de ski de la région. "En tant qu'industrie, nous avons dû être plus intelligents dans notre utilisation de l'eau, car oui, nous avons rencontré ces problèmes dans presque toutes les stations où j'ai travaillé," a-t-il affirmé.
"Vous ne pouvez plus prendre l'eau pour acquise."
Contexte Climatique
Les sécheresses de fin d'été sont une manifestation directe du changement climatique dans le Nord-Est américain, impactant non seulement l'agriculture mais aussi des industries comme le ski, qui dépendent fortement des ressources hydriques et des températures froides.
Nouvelles stratégies d'enneigement
Face à ces défis, les stations adaptent leurs approches. Traditionnellement, l'enneigement se faisait en une seule fois au début de la saison, créant une couche de neige de plusieurs pieds. Cependant, cette méthode présente des risques en cas de redoux ou de pluies hivernales, qui peuvent faire fondre la neige et annuler les efforts.
David Ulbrich et son équipe à Gunstock ont modifié leur stratégie. Ils produisent moins de neige au début de la saison, puis reviennent sur les pistes plus tard pour en ajouter si nécessaire. Cette approche est plus laborieuse et prend plus de temps, mais elle est plus sûre. "Il est logique de ne pas mettre tous ses œufs de neige dans le même panier," a commenté Caitlin Hicks Pries à propos de cette méthode.
Cependant, l'enneigement reste une opération coûteuse. "C'est l'une des choses les plus chères que nous ayons à faire, en termes d'argent et d'énergie," a déclaré Erik Barnes, directeur général de Ragged Mountain Resort à Danbury. À Ragged, l'équipe s'en tient généralement à faire toute sa neige en une seule fois, aidée par le fait que la station tire son eau d'un marais, une source fiable même en période de sécheresse. Cette année, le niveau d'eau n'a baissé que d'un cinquième de pouce par rapport à la moyenne, malgré une sécheresse qualifiée de la plus intense depuis 1895.
Innovations technologiques et limites
L'industrie du ski investit dans des technologies plus efficaces pour l'enneigement. Les canons à neige à haute efficacité, par exemple, utilisent de l'air comprimé pour pulvériser l'eau en fines gouttelettes qui gèlent et tombent sous forme de neige. Ces appareils réduisent la consommation d'énergie, d'air et d'eau.
- Canons à neige haute efficacité : Réduisent l'énergie, l'air et l'eau nécessaires.
- Lissage des pistes : Des pistes plus lisses nécessitent moins de neige pour offrir de bonnes conditions de ski.
Kris Blomback, directeur général de Pats Peak, où des canons efficaces sont utilisés, confirme les avantages de ces technologies. "La technologie de l'industrie a vraiment fait un long chemin au cours des deux dernières décennies, et il est bon de voir l'engagement ici," a ajouté David Ulbrich.
Cependant, même les technologies les plus avancées ont leurs limites. La température reste le facteur déterminant. "À un certain point, il n'y a rien que vous puissiez faire," a souligné David Ulbrich. "À 0 degré Celsius, il n'y a pas beaucoup de technologie qui vous aidera à faire de la neige si les choses ne gèlent pas."
L'avenir du ski : repenser la saison
Certaines stations expérimentent le "snow farming," une technique d'isolation qui préserve de grandes quantités de neige sous des températures positives, pour une utilisation ultérieure. Bien que plus courante en Europe, cette méthode gagne du terrain en Nouvelle-Angleterre.
Caitlin Hicks Pries suggère une réflexion plus profonde sur l'avenir du ski. Ses recherches l'ont amenée à considérer un décalage du calendrier de la saison de ski. "Nous avons moins de neige en début de saison, moins de météo propice à l'enneigement en début de saison," observe-t-elle.
Des données climatiques préliminaires indiquent que les mois de début de printemps pourraient devenir plus enneigés. "Alors, devons-nous en quelque sorte repenser quand est la saison de ski, et ce qui est réaliste avec notre nouveau climat ?" s'interroge Hicks Pries. Cela pourrait signifier accepter que les semaines de ski traditionnelles, comme celles autour des fêtes de fin d'année, soient moins fiables en termes d'enneigement. Les skieurs pourraient alors compenser plus tard dans l'année.
Les opérateurs de stations restent optimistes pour la saison à venir, espérant que les pluies d'automne réapprovisionneront leurs réservoirs. "Nous sommes encore à plus de 45 jours de l'enneigement intensif, nous avons donc encore du temps pour que les nuages d'orage réapparaissent et remettent les choses en ordre," a conclu Kris Blomback.





