Fairbanks, Alaska – Une nouvelle exposition immersive intitulée « Seuil 32°F » au Museum of the North à Fairbanks met en lumière les conséquences du dégel du pergélisol en Alaska. Cette présentation, qui combine art, poésie et science, vise à sensibiliser le public aux impacts du changement climatique dans la région arctique. L'exposition est le fruit d'une collaboration entre la poète Debbie Clarke Moderow, l'artiste Klara Maisch et l'écologiste Rebecca Hewitt.
Le projet explore comment la libération de carbone du pergélisol affecte les écosystèmes locaux, mais aussi les modèles météorologiques à l'échelle mondiale. En offrant une perspective à la fois scientifique et émotionnelle, les créatrices espèrent toucher un public plus large, y compris ceux qui ne sont pas directement exposés aux effets du réchauffement climatique.
Points Clés
- L'exposition « Seuil 32°F » est présentée au Museum of the North à Fairbanks jusqu'au 16 novembre.
- Elle combine peintures à l'huile, poèmes et notes scientifiques pour illustrer le dégel du pergélisol.
- Le projet est une collaboration entre la poète Debbie Clarke Moderow, l'artiste Klara Maisch et l'écologiste Rebecca Hewitt.
- L'objectif est de sensibiliser le public aux impacts du changement climatique et à la libération de carbone.
- L'exposition voyagera dans d'autres universités aux États-Unis après Fairbanks.
Art et Science pour Comprendre les Changements Arctiques
L'exposition « Seuil 32°F » tire son nom de la température de congélation de l'eau. Elle dépeint la vie des plantes et des animaux du Nord sur une saison complète. Dix peintures à l'huile interconnectées sont présentées, chacune accompagnée de poèmes et de notes scientifiques détaillées. Cette approche multidisciplinaire offre une compréhension plus riche des dynamiques environnementales en jeu.
Debbie Clarke Moderow, qui a participé à l'Iditarod, la célèbre course de chiens de traîneau de 1 100 miles, a été témoin des changements en Alaska depuis son arrivée en 1979. Elle a décidé de se consacrer à l'écriture sur le climat, un sujet qu'elle décrit comme « difficile » à une époque de scepticisme. Son travail poétique vise à rendre le sujet accessible.
« C'est un récit continu de changement, » a expliqué Debbie Clarke Moderow lors d'une visite de l'exposition. « Il raconte une histoire et cherche à éduquer. »
L'exposition débute chronologiquement à l'automne, montrant comment même de légères augmentations de température peuvent perturber des cycles écologiques essentiels. Par exemple, une section illustre l'impact sur les bourdons à dos blanc, des pollinisateurs clés pour les myrtilles et les saules. Si le gel ne survient pas, ces insectes meurent, entraînant des conséquences en cascade pour la flore et la faune qui en dépendent.
Le pergélisol et le carbone
- Le pergélisol de l'Alaska contient des milliers d'années de carbone stocké.
- Son dégel libère ce carbone sous forme de dioxyde de carbone et de méthane.
- Le méthane est un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le dioxyde de carbone.
- Cette libération accélère le réchauffement climatique, créant une boucle de rétroaction.
Les Conséquences Globales du Dégel Arctique
Le projet ne se contente pas de montrer les effets locaux. Il insiste sur le fait que le dégel du pergélisol en Alaska a des répercussions mondiales. Rebecca Hewitt, professeure adjointe en études environnementales à Amherst College, dont les recherches portent sur les interactions entre plantes et microbes, souligne le rôle du sol qui se réchauffe.
Lorsque le pergélisol dégèle, des milliers d'années de carbone sont libérées dans l'atmosphère. Cela provoque une augmentation des températures non seulement en Alaska, mais aussi dans le reste du monde. De plus, le méthane, un gaz bien plus puissant que le dioxyde de carbone, est également libéré, intensifiant le cycle de réchauffement.
Les changements sont déjà visibles. Debbie Clarke Moderow note une réduction de l'enneigement depuis son arrivée en 1979, ce qui a conduit à des modifications de parcours pour l'Iditarod. Moins de neige signifie aussi moins d'eau souterraine après la fonte, rendant les arbres plus vulnérables aux scolytes. Ces insectes endommagent les arbres assoiffés, les transformant en combustible pour les feux de forêt.
Le programme « In a Time of Change »
L'exposition « Seuil 32°F » est produite par le programme « In a Time of Change », une initiative collaborative arts-humanités-sciences. Ce programme se concentre sur les changements environnementaux en Alaska et est financé par la National Science Foundation. Il vise à soutenir des projets qui utilisent la créativité pour communiquer sur des sujets scientifiques complexes.
Mary Beth Leigh, directrice du programme et microbiologiste environnementale à l'Université d'Alaska Fairbanks, a cofondé cette initiative en 2007. Elle reconnaît les défis du financement gouvernemental pour la recherche climatique, mais espère que la réponse émotionnelle du public maintiendra ces programmes en vie.
Un Message d'Espoir et de Résilience
Malgré la gravité du sujet, les créatrices du projet souhaitent également transmettre un message d'espoir et de résilience. Klara Maisch, artiste et guide de l'arrière-pays, passe des semaines à peindre les glaciers, même en hiver sur la glace mouvante. Elle attribue un sentiment, comme l'espoir ou l'incertitude, à chaque tableau. Son objectif est de susciter la curiosité chez ceux qui ne connaissent pas la forêt boréale.
L'exposition vise à être accessible. Comme le dit Moderow, « La plupart de la poésie demande beaucoup d'efforts de la part du lecteur », mais ce projet est « espérons-le » l'inverse. Les notes de terrain et les poèmes sont conçus pour faciliter la compréhension des données scientifiques complexes.
Le Rôle de l'Art dans la Sensibilisation Climatique
L'utilisation de l'art pour aborder le changement climatique est une tendance croissante. Des projets artistiques sur les incendies de forêt en Californie aux installations d'Olafur Eliasson montrant physiquement le réchauffement des icebergs, l'art offre des moyens tangibles de visualiser les impacts environnementaux. « Seuil 32°F » s'inscrit dans cette démarche, en invitant les visiteurs à une expérience immersive au cœur de la forêt boréale de l'Alaska, qui constitue un tiers des forêts mondiales.
Le projet a débuté fin 2021, lorsque Moderow et Maisch se sont rencontrées via Zoom. Elles ont rapidement développé une collaboration étroite, l'une écrivant des récits forestiers et l'autre répondant par des croquis. Rebecca Hewitt a ensuite rejoint l'équipe pour ajouter la dimension scientifique. Le groupe a présenté son idée à Mary Beth Leigh, qui a soutenu le projet via « In a Time of Change ».
Le financement du projet reste modeste, avec une allocation de 1 000 $ par artiste et environ 10 000 $ pour la fabrication de l'exposition et les frais de déplacement. C'est un véritable « travail d'amour » pour l'équipe. Elles restent convaincues que leur histoire, celle de leur projet et du climat changeant, est loin d'être terminée. En mettant en avant le triomphe des espèces, elles cherchent à souligner la résilience et l'espoir. Klara Maisch exprime son privilège de vivre au milieu de la nature de l'Alaska, considérant la forêt comme sa maison.
- L'exposition sera présentée au Patricia Valian Reser Center for the Creative Arts de l'Oregon State University du 5 janvier au 7 février.
- Elle se rendra ensuite au (SCENE) Metrospace de la Michigan State University à l'automne 2026, du 5 novembre au 13 décembre.





