La demande croissante en électricité, principalement alimentée par l'intelligence artificielle (IA) et les centres de données, compromet sérieusement la capacité mondiale à atteindre les objectifs climatiques. Deux rapports récents soulignent que cette explosion de la consommation énergétique pousse les entreprises de services publics à se tourner vers les combustibles fossiles, annulant les progrès en matière de décarbonisation.
Points Clés
- L'IA et les centres de données augmentent considérablement la demande en électricité.
- Les combustibles fossiles sont utilisés pour répondre à cette demande, menaçant les objectifs climatiques.
- La plupart des pays ne sont pas en bonne voie pour atteindre leurs objectifs d'émissions de 2030.
- Les États-Unis affichent le plus grand écart entre les investissements actuels et ceux nécessaires pour le zéro émission nette.
- Des investissements massifs et rapides dans les énergies renouvelables sont essentiels.
L'explosion de la demande en énergie due à l'IA
Les infrastructures d'intelligence artificielle nécessitent d'énormes quantités d'énergie. Les centres de données, qui abritent les serveurs alimentant l'IA, consomment une part croissante de l'électricité mondiale. Cette demande, initialement sous-estimée, surpasse désormais les prévisions de croissance modérée de la consommation électrique.
Face à cette situation, les compagnies d'électricité se retrouvent sous pression. Elles doivent trouver des moyens rapides de produire plus d'énergie. Souvent, la solution la plus rapide et la moins coûteuse est de s'appuyer sur les centrales électriques existantes, qui fonctionnent aux combustibles fossiles. Cela inclut le charbon et le gaz naturel.
Un fait marquant
La demande d'énergie des centres de données menace de saboter les objectifs climatiques mondiaux. Si la croissance actuelle se poursuit, d'autres secteurs de l'économie américaine devraient réduire leurs émissions de 60 % pour compenser.
Un écart croissant avec les objectifs climatiques
Les rapports indiquent que presque aucun pays, y compris des économies majeures comme le Canada, la France, l'Allemagne, l'Italie, le Japon, le Royaume-Uni et les États-Unis, n'est en voie d'atteindre ses objectifs d'émissions pour 2030. L'Accord de Paris de 2015 visait à limiter l'augmentation de la température mondiale à bien en dessous de 2 degrés Celsius, idéalement 1,5 degré Celsius, par rapport aux niveaux préindustriels. Pour cela, un objectif de zéro émission nette était fixé pour 2050.
Prakash Sharma, vice-président des scénarios et technologies chez Wood Mackenzie, une firme de conseil en énergie, a déclaré :
« Accélérer le passage à un système énergétique profondément décarbonisé et résilient s'avère bien plus complexe que de simplement ajouter des mégawatts. »
Il souligne la difficulté de la transition énergétique face à une demande imprévue.
Les États-Unis, un cas préoccupant
Parmi les plus grandes économies mondiales, les États-Unis présentent le plus grand décalage entre les investissements actuels dans la transition climatique et les dépenses nécessaires pour atteindre le zéro émission nette. Le pays devrait augmenter ses dépenses de réduction des émissions de 76 % pour atteindre cet objectif.
C'est plus du double de l'augmentation nécessaire pour l'Union européenne et plus de deux fois et demie celle requise pour la Chine. Cette situation est aggravée par les politiques qui favorisent les combustibles fossiles, notamment pour alimenter les centres de données.
Contexte International
Alors que les États-Unis continuent de s'appuyer sur les combustibles fossiles, la Chine prend de l'avance dans les technologies à faible émission de carbone. Elle domine les marchés des véhicules électriques et de l'énergie solaire, avec un déploiement agressif des énergies renouvelables.
Le rôle des politiques gouvernementales
Les politiques gouvernementales jouent un rôle crucial. Aux États-Unis, des incitations fiscales et l'ouverture de terres publiques aux centres de données sont envisagées. Cependant, une grande partie de ces centres pourrait être alimentée par des combustibles fossiles, selon l'Agence Internationale de l'Énergie.
John Fleming et Jean Su, du Center for Biological Diversity, ont publié un rapport alarmant. Ils estiment que si les centres de données alimentés par des combustibles fossiles continuent de croître comme prévu, tous les autres secteurs de l'économie américaine devraient réduire leurs émissions de 60 % pour que le pays atteigne ses objectifs climatiques.
« Un boom de l'IA alimenté au gaz nous fera dépasser toute chance de respecter notre objectif climatique ou de maintenir un avenir sûr et sain pour notre planète », a affirmé John Fleming. « La construction de centres de données devrait être alimentée uniquement par des énergies propres et renouvelables. »
Les solutions et les défis à venir
McKenna Beck, de la Natural Resources Defense Council, partage ce constat. Elle met en garde contre le risque de voir les engagements climatiques locaux être compromis. Elle cite l'exemple de la Caroline du Nord, qui a annulé ses objectifs climatiques pour 2030 face à l'augmentation de la demande d'électricité.
Malgré cela, elle reste optimiste. Avec les bonnes incitations et réglementations, la demande d'électricité de l'IA pourrait en fait stimuler le développement des énergies propres. Les États sont en première ligne pour mettre en œuvre ces politiques. Ils peuvent créer un cadre pour que l'IA devienne un moteur de la transition énergétique plutôt qu'un frein.
- Investissements massifs dans les énergies renouvelables.
- Mise en place de politiques énergétiques favorables aux énergies propres.
- Réglementations strictes pour les centres de données.
- Collaboration entre les gouvernements et l'industrie technologique.
La situation est complexe. Elle demande une action concertée et rapide. Sans un changement de cap significatif, les objectifs de limitation du réchauffement climatique resteront hors de portée. L'avenir de notre planète dépend des choix énergétiques que nous faisons aujourd'hui, notamment face à l'essor de l'intelligence artificielle.





