Énergie7 vues7 min de lecture

Avenir Énergétique: Pas de Nouveaux Projets Fossiles Nécessaires

L'AIE affirme que le monde n'aurait pas besoin de nouveaux investissements pétroliers et gaziers si la demande diminuait conformément à l'objectif de 1,5°C. L'industrie dépense 500 milliards de dollar

Émilie Dubois
Par
Émilie Dubois

Émilie Dubois est une journaliste spécialisée dans les marchés de l'énergie et la politique environnementale. Avec plus d'une décennie d'expérience, elle analyse les tendances mondiales des combustibles fossiles, les énergies renouvelables et les impacts du changement climatique sur l'économie.

Profil de l'auteur
Avenir Énergétique: Pas de Nouveaux Projets Fossiles Nécessaires

L'Agence Internationale de l'Énergie (AIE) affirme que le monde n'aurait pas besoin d'investir dans de nouveaux projets pétroliers et gaziers si la demande en combustibles fossiles diminuait conformément à l'objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Cette conclusion, déjà émise en 2021, est réitérée dans un nouveau rapport, soulignant l'importance d'une réduction drastique de la demande.

Le rapport met en lumière les défis auxquels est confrontée l'industrie pétrolière et gazière, qui doit dépenser des sommes considérables, environ 500 milliards de dollars par an, simplement pour maintenir les niveaux de production actuels. Cette situation est due à un déclin plus rapide que prévu des gisements existants et à une dépendance croissante aux ressources non conventionnelles comme le pétrole et le gaz de schiste, caractérisées par des taux de déclin rapides.

Points Clés

  • Aucun nouvel investissement pétrolier/gazier nécessaire avec une demande alignée sur 1,5°C.
  • L'industrie dépense 500 milliards de dollars annuels pour maintenir la production actuelle.
  • Les délais de production pour les nouvelles licences d'exploration sont de près de 20 ans.
  • Le déclin des gisements existants s'accélère, surtout pour les ressources non conventionnelles.
  • Une réduction rapide de la demande est cruciale pour éviter de nouveaux investissements.

La Dynamique de l'Offre et de la Demande Énergétique

L'AIE souligne que les discussions sur l'avenir du pétrole et du gaz se concentrent souvent sur les perspectives de la demande, négligeant l'évolution potentielle de l'offre. Le nouveau rapport de l'agence vise à combler cette lacune en analysant le taux de déclin des gisements existants et l'origine actuelle des combustibles fossiles, ainsi que leurs changements futurs.

Au cours des 25 dernières années, l'approvisionnement mondial en pétrole a augmenté d'un tiers. Parallèlement, la provenance de ces approvisionnements s'est orientée vers des ressources « non conventionnelles ». Il s'agit notamment du pétrole de schiste et des sables bitumineux. Le gaz de schiste a également été un moteur majeur de la croissance de la production mondiale de gaz durant cette période.

Fait Intéressant

Près de 90% des investissements annuels en amont dans le secteur pétrolier et gazier depuis 2019 ont été dédiés à compenser le déclin de la production, plutôt qu'à répondre à une croissance de la demande.

Déclin Accéléré et Coûts de Maintien

Le passage aux ressources non conventionnelles, comme le pétrole et le gaz de schiste, signifie que la production des gisements existants diminuera de manière encore plus abrupte sans investissements continus. Le rapport de l'AIE confirme cette tendance, indiquant que les « taux de déclin » mondiaux pour le pétrole et le gaz s'accentuent et devraient s'accélérer.

Cette accélération des taux de déclin contraint l'industrie pétrolière et gazière à « courir vite pour rester sur place ». L'industrie doit investir environ 500 milliards de dollars par an juste pour maintenir la production actuelle. En 2025, les investissements devraient atteindre 570 milliards de dollars. L'AIE estime que cela est suffisant pour soutenir une croissance « modeste » de la production, mais qu'une « petite baisse » pourrait entraîner une stagnation ou un déclin de la production.

« Pour assurer un équilibre harmonieux entre l'offre et la demande, la baisse de la demande dans le scénario NZE (zéro émission nette) entraînerait la fermeture anticipée de plusieurs projets à coût élevé avant qu'ils n'atteignent la fin de leur durée de vie technique. »

Longs Délais pour les Nouvelles Licences

L'AIE note également qu'à l'échelle mondiale, il y a en moyenne un délai de près de 20 ans entre l'octroi de licences d'exploration pétrolière et gazière et le début de la production supplémentaire. Ce délai comprend en moyenne cinq ans pour découvrir le gisement, huit ans pour l'évaluer et l'approuver pour le développement, et six ans pour construire l'infrastructure nécessaire et commencer la production.

Ces longs délais rendent les nouvelles licences moins pertinentes pour répondre aux besoins énergétiques immédiats et soulignent la nécessité de planifier à long terme en fonction des objectifs climatiques.

Contexte International

L'AIE a fait face à des critiques de l'administration Trump aux États-Unis pour avoir déclaré que l'utilisation des combustibles fossiles était en voie d'atteindre un pic cette décennie, compte tenu des politiques actuelles et des engagements politiques fermes. Ce nouveau rapport renforce la position de l'agence sur la transition énergétique.

Implications d'une Demande en Baisse

Le rapport de l'AIE montre que sans un investissement continu pour maintenir la production, la production mondiale de pétrole et de gaz chuterait. Le Financial Times a qualifié cela de « bataille coûteuse » pour le secteur s'il souhaite maintenir ses niveaux de production actuels. Cependant, le journal a ajouté que le secteur pourrait bien accueillir ces conclusions, car il a toujours soutenu qu'il devait dépenser massivement pour maintenir ses niveaux de production.

Le rapport souligne également les implications d'une demande en baisse dans un monde qui limite le réchauffement à moins de 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels. Dans le « scénario NZE » (zéro émission nette) compatible avec 1,5°C, l'AIE prévoit une « accélération massive du rythme des transitions énergétiques par rapport aux tendances actuelles », entraînant une chute spectaculaire de la demande de pétrole et de gaz.

Si cette baisse de la demande se produit, aucun investissement dans de nouvelles productions pétrolières et gazières ne serait nécessaire. Plus précisément, le rapport indique que : « Le rythme de réduction de la demande dans le scénario NZE est donc suffisamment rapide pour qu'aucun nouveau projet conventionnel en amont à long terme n'ait besoin d'être approuvé pour le développement. »

Fermeture Anticipée des Projets Coûteux

Le rapport de l'AIE note également qu'une série de projets pétroliers et gaziers parmi les plus coûteux au monde devraient fermer plus tôt que prévu si la demande de combustibles diminue conformément à la limite de 1,5°C. Ces actifs deviendraient alors « échoués ».

Par exemple, en 2050, environ 8 millions de barils par jour de production pétrolière et 250 milliards de mètres cubes de production gazière seraient retirés plus tôt que ce qu'impliqueraient les taux de déclin observés. Cela met en évidence les risques financiers pour les entreprises qui continuent d'investir dans des projets à forte intensité de carbone sans tenir compte de la trajectoire de la demande future.

La Nécessité d'une Réduction de la Demande

Le nouveau rapport réitère la conclusion antérieure de l'AIE selon laquelle aucun investissement dans de nouveaux projets pétroliers et gaziers ne serait nécessaire si le monde s'engageait sur une trajectoire de 1,5°C. Cependant, il met plus fermement l'accent sur la nécessité d'une réduction de la demande pour éliminer le besoin de nouveaux investissements, contrastant avec la manière dont cette conclusion a été largement rapportée.

En effet, l'AIE clarifie que l'investissement dans le développement de nouveaux projets pétroliers et gaziers sera nécessaire pour répondre à la demande, à moins que cette demande ne soit considérablement réduite conformément à la limite de 1,5°C. Cela souligne la responsabilité des gouvernements et des industries à mettre en œuvre des politiques de transition énergétique ambitieuses pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux.