Les plantations de fruits, souvent sous-estimées dans leur rôle environnemental, se révèlent être des alliées précieuses dans la lutte contre le changement climatique. Une étude récente menée par des scientifiques de l'Institut indien de recherche horticole met en lumière la capacité impressionnante des vergers de sapotier à séquestrer des millions de tonnes de dioxyde de carbone. Cette découverte pourrait transformer la manière dont l'Inde et d'autres pays abordent leurs objectifs de réduction des émissions.
Points Clés
- Les plantations de sapotier en Inde ont stocké 10,92 millions de tonnes de carbone, soit 40,1 millions de tonnes de CO2.
- Chaque arbre de sapotier capture en moyenne 143,5 kg de carbone.
- Les vergers anciens peuvent enrichir le carbone organique du sol à des niveaux comparables à ceux des forêts.
- La reconnaissance de ce rôle pourrait offrir des crédits carbone aux agriculteurs.
La capacité de séquestration du carbone des vergers de sapotier
Les recherches menées par le Dr AN Ganeshamurthy, scientifique émérite à l'ICAR-IIHR, ont révélé l'ampleur de la séquestration du carbone par les vergers de sapotier. L'étude, publiée dans 'Current Science', a analysé des données provenant de douze États indiens et de deux territoires de l'Union. Ces régions représentent des zones majeures de culture du sapotier.
Les scientifiques ont examiné divers facteurs. Ils ont évalué la biomasse souterraine des arbres de sapotier, le carbone du sol, la litière et la biomasse des mauvaises herbes. Ces éléments combinés ont permis d'estimer la quantité totale de carbone capturé par ces plantations.
Chiffres Clés
- 10,92 millions de tonnes : Carbone total stocké par les plantations de sapotier.
- 40,1 millions de tonnes : Équivalent en CO2 de ce carbone stocké.
- 143,5 kg : Moyenne de carbone séquestré par arbre de sapotier à l'échelle nationale.
L'impact sur le carbone organique du sol
Au-delà de la capture du carbone dans la biomasse des arbres, les vergers de sapotier jouent un rôle crucial dans l'enrichissement du carbone organique du sol (COS). Dans les terres agricoles, les niveaux de COS peuvent fluctuer. Cependant, les vergers de sapotier, surtout ceux âgés de 25 ans ou plus, montrent des niveaux de COS comparables à ceux des forêts.
Le Karnataka, un État indien, se distingue particulièrement. Il a enregistré le stock de carbone du sol le plus élevé dans ses principales régions de culture de sapotier, atteignant 77,14 tonnes par hectare. Cela souligne l'importance de ces cultures pour la santé des sols et la séquestration à long terme du carbone.
« Les fruits tropicaux ont un grand marché. Le sapotier, malgré ses limites de stockage, est une culture plus robuste que le manguier. Il pousse même sur des terres marginales et est un arbre à feuilles persistantes. Leur rôle au-delà de l'agro-économie devrait être reconnu », a déclaré le Dr AN Ganeshamurthy.
Comparaison avec d'autres cultures fruitières
Ce n'est pas la première fois que le Dr Ganeshamurthy et son équipe mettent en évidence le potentiel des cultures fruitières. En 2019, leurs estimations avaient déjà montré que les vergers de manguiers en Inde séquestrent 285 millions de tonnes de CO2 sur une durée de vie de 50 ans. Cela équivaut aux émissions annuelles de 60 millions de voitures. Ces données démontrent l'importance de l'horticulture pérenne dans la stratégie climatique de l'Inde.
Le sapotier offre des avantages spécifiques. Sa robustesse et sa capacité à pousser sur des terres moins fertiles en font une option intéressante. C'est un arbre à feuilles persistantes, ce qui signifie qu'il continue de capturer du carbone tout au long de l'année, contrairement aux cultures saisonnières.
Contexte National
L'Inde s'est engagée, dans le cadre de l'Accord de Paris, à créer des puits de carbone supplémentaires. L'objectif est d'atteindre 2,5 à 3 milliards de tonnes équivalent CO2 d'ici 2030, grâce à une couverture forestière et arborée accrue. L'évaluation précise de la capacité de séquestration des vergers fruitiers est essentielle pour atteindre cet objectif et pour rapporter des chiffres de stock de carbone plus exacts.
Avantages pour les agriculteurs et les communautés
La reconnaissance du rôle des plantations fruitières comme puits de carbone pourrait avoir des retombées économiques significatives. L'étude suggère que la possibilité d'obtenir des crédits carbone pour ces plantations bénéficierait directement aux agriculteurs et aux communautés locales. Cela créerait une incitation financière à maintenir et à étendre ces cultures.
Les vergers de fruits ne peuvent pas être assimilés à des forêts en termes d'écosystème complet. Cependant, leur contribution à la séquestration du carbone est indéniable. Inclure ces données dans les rapports nationaux permettrait à l'Inde de présenter une image plus complète de ses efforts en matière de réduction des émissions et de gestion du carbone.
Cette recherche ouvre la voie à une meilleure compréhension de la contribution de l'agriculture pérenne aux objectifs climatiques. Elle souligne l'importance d'intégrer ces connaissances dans les politiques agricoles et environnementales pour maximiser les bénéfices pour la planète et les populations.





