Le géant agroalimentaire Nestlé a confirmé son retrait de la Dairy Methane Action Alliance, une coalition internationale visant à réduire les émissions de méthane provenant de l'industrie laitière. Bien que l'entreprise n'ait pas fourni de raison spécifique pour cette décision, elle a réaffirmé son engagement à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 et à poursuivre ses propres initiatives de réduction des émissions.
Points Clés
- Nestlé a officiellement quitté la Dairy Methane Action Alliance, une initiative lancée en décembre 2023.
- L'entreprise suisse maintient son objectif de neutralité carbone pour 2050 malgré ce retrait.
- L'alliance comprend d'autres acteurs majeurs comme Danone, Kraft Heinz et Starbucks.
- Le méthane, principalement issu de l'élevage, est un gaz à effet de serre près de 30 fois plus puissant que le CO2.
Une décision stratégique pour Nestlé
Nestlé a annoncé mercredi sa décision de se retirer de la Dairy Methane Action Alliance (DMAA). Cette initiative, lancée en décembre 2023, engage ses membres à mesurer publiquement leurs émissions de méthane, à les déclarer et à mettre en œuvre des plans concrets pour les réduire.
Dans une déclaration officielle, la multinationale suisse a expliqué sa démarche. "Nestlé examine régulièrement ses adhésions à des organisations externes", a indiqué l'entreprise. "Dans le cadre de ce processus, nous avons décidé de mettre fin à notre participation à la Dairy Methane Action Alliance."
La société n'a pas détaillé les motifs de son départ, mais a insisté sur le fait qu'elle ne renonçait pas à ses objectifs climatiques. Nestlé a souligné qu'elle continuerait à travailler pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre, y compris le méthane, dans l'ensemble de ses chaînes d'approvisionnement.
Qu'est-ce que la Dairy Methane Action Alliance ?
Lancée par l'Environmental Defense Fund (EDF), cette alliance regroupe des entreprises du secteur agroalimentaire engagées dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les membres, parmi lesquels figurent Danone, Kraft Heinz et Starbucks, s'engagent à une plus grande transparence et à des actions concrètes pour réduire l'impact environnemental de leurs activités laitières.
Le défi des alliances climatiques d'entreprise
Le retrait de Nestlé illustre une tendance plus large où les alliances climatiques volontaires peinent à maintenir l'engagement de tous leurs membres. Ce phénomène a déjà été observé dans le secteur financier, où plusieurs grandes banques ont quitté des coalitions visant à réduire les émissions de carbone.
Ces initiatives collectives sont souvent perçues comme un moyen pour les industries de montrer leur engagement en faveur du développement durable. Cependant, les stratégies internes des entreprises et les pressions économiques peuvent parfois entrer en conflit avec les engagements collectifs, menant à des retraits comme celui de Nestlé.
Suite à cette annonce, le logo de Nestlé a été retiré du site web de l'alliance, bien que son nom apparaisse encore sur certaines pages. L'Environmental Defense Fund, initiateur du projet, n'a pas immédiatement commenté la décision du groupe suisse.
L'enjeu crucial du méthane dans l'agriculture
Le méthane (CH4) est un gaz à effet de serre particulièrement puissant. Selon l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA), son potentiel de réchauffement global est près de 30 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone (CO2) sur une période de 100 ans.
L'agriculture, source majeure de méthane
D'après l'Environmental Defense Fund, le secteur agricole est responsable d'environ 40 % des émissions de méthane d'origine humaine dans le monde. La majorité de ces émissions provient de l'élevage, notamment des rots des bovins.
La réduction des émissions de méthane est donc considérée comme l'un des leviers les plus rapides et efficaces pour freiner le réchauffement climatique à court terme. C'est pourquoi des initiatives comme la DMAA se concentrent spécifiquement sur ce gaz.
Les propres objectifs de Nestlé
Malgré son départ de l'alliance, Nestlé affirme avoir déjà réalisé des progrès significatifs. Dans son rapport non financier de 2024, l'entreprise a déclaré avoir réduit ses émissions de méthane de près de 21 % à la fin de 2024 par rapport à ses niveaux de 2018.
"Nous restons déterminés à atteindre notre objectif de zéro émission nette d'ici 2050 et nous continuerons à jouer un rôle de premier plan dans la transition du secteur laitier", a affirmé un porte-parole de l'entreprise.
L'entreprise met en avant ses propres programmes, qui incluent des collaborations avec des agriculteurs pour améliorer l'alimentation des animaux, optimiser la gestion du fumier et adopter des pratiques agricoles plus durables. La décision de quitter l'alliance pourrait indiquer une volonté de se concentrer sur ses propres stratégies plutôt que sur un cadre collectif.
L'avenir de la collaboration industrielle
Le départ d'un acteur aussi important que Nestlé soulève des questions sur la viabilité et l'efficacité des alliances volontaires. Pour être efficaces, ces coalitions dépendent de l'engagement et de la participation active de leaders de l'industrie.
Les autres membres de la DMAA, comme Danone, n'ont pas encore réagi publiquement à cette nouvelle. L'avenir montrera si cette décision isole Nestlé ou si elle incite d'autres entreprises à réévaluer leur participation à des initiatives similaires.
Pour les observateurs et les organisations environnementales, l'enjeu principal reste le même : s'assurer que les entreprises, qu'elles agissent collectivement ou individuellement, traduisent leurs promesses en actions mesurables et efficaces pour le climat.





