À quelques semaines du sommet international sur le climat, plusieurs nations ont soumis de nouveaux objectifs climatiques pour 2035. Ces engagements sont cruciaux pour limiter le réchauffement planétaire. La communauté internationale évalue si ces efforts seront suffisants pour éviter une crise climatique.
Les températures moyennes augmentent à l'échelle mondiale, entraînant une multiplication des événements météorologiques extrêmes. Inondations, sécheresses prolongées et vagues de chaleur intenses ont frappé de nombreuses régions du monde cet été. Un haut responsable de l'ONU a souligné que ces catastrophes climatiques « ravagent » tous les continents, insistant sur l'urgence de la situation.
Points Clés
- Seulement 47 pays ont soumis leurs objectifs climatiques pour 2035 à ce jour, représentant 24% des émissions mondiales.
- L'Union Européenne vise une réduction des gaz à effet de serre de 66,25% à 72,5% d'ici 2035 par rapport à 1990.
- La Chine, plus grand émetteur mondial, s'engage à réduire ses émissions de 7% à 10% par rapport à son pic.
- Le Royaume-Uni propose une réduction de 81% de ses émissions d'ici 2035 par rapport à 1990.
- Les États-Unis ont retiré leur engagement du fait du retrait de l'Accord de Paris par l'ancienne administration.
L'urgence climatique et les objectifs de Paris
Les scientifiques confirment que le réchauffement climatique est principalement causé par l'activité humaine. Cette tendance entraîne des impacts de plus en plus graves à long terme. Pour y faire face, les dirigeants mondiaux ont signé l'Accord de Paris en 2015.
Cet accord vise à limiter l'augmentation de la température mondiale bien en dessous de 2 degrés Celsius, avec un effort pour la maintenir à 1,5 degré. Les pays signataires se sont engagés à renouveler et à communiquer leurs Contributions Déterminées au Niveau National (NDC) tous les cinq ans.
L'Accord de Paris et les NDC
L'Accord de Paris est un traité international juridiquement contraignant sur le changement climatique. Il a été adopté par 196 Parties à la COP 21 à Paris, le 12 décembre 2015. Son objectif est de maintenir l'augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre les efforts pour limiter cette augmentation à 1,5 °C.
Les Contributions Déterminées au Niveau National (NDC) sont les engagements des pays pour réduire leurs émissions et s'adapter aux impacts du changement climatique. Chaque NDC reflète l'ambition d'un pays à atteindre les objectifs de l'Accord de Paris.
La date limite pour la soumission des NDC de 2035 était fixée à février. Cependant, peu des 195 parties ayant ratifié l'accord ont respecté ce délai. La pression s'intensifie désormais pour que les nations présentent leurs engagements cette semaine.
Les grands émetteurs et leurs retards
À moins de deux mois du début du sommet international COP 30, qui se tiendra à Belém, au Brésil, seulement 47 pays avaient communiqué leurs objectifs climatiques au moment de la publication. Ces pays représentent environ 24% des émissions mondiales.
Parmi les grands émetteurs qui n'ont pas encore soumis leurs objectifs nationaux figurent l'Union Européenne et l'Inde. Certains pays qui ont présenté des cibles nationales, comme l'Australie et le Japon, ont été critiqués pour leur manque d'ambition.
Plus de 100 nations se sont inscrites pour prendre la parole lors du Sommet sur le climat de l'ONU, organisé en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York. Cela montre une volonté générale de discuter des propositions et des actions à mener.
Les engagements des principales puissances
L'Union Européenne : Un leader climatique en difficulté ?
Avec un conflit à ses frontières, des problèmes économiques dans certains États membres et un virage politique général vers la droite, il a été difficile pour le bloc des 27 États de s'entendre sur une réponse unie à la crise climatique.
Quelques jours avant le sommet, l'UE a indiqué qu'elle ne respecterait pas le délai fixé par la présidence brésilienne de la COP30 pour présenter sa NDC avant fin septembre. Elle a préféré publier une déclaration d'intention. Ce document signalait l'engagement du bloc à présenter un objectif climatique avant la conférence de novembre, avec une réduction des gaz à effet de serre pour 2035 comprise entre 66,25% et 72,5% par rapport aux niveaux de 1990.
« Bien que la déclaration montre une marge de progression, elle risque d'envoyer un message confus, d'éroder la confiance des investisseurs et de compromettre les emplois, la sécurité énergétique et la compétitivité », a déclaré Stientje van Veldhoven, directrice régionale pour l'Europe au World Resources Institute.
Une proposition visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de l'UE de 90% d'ici 2040 est en préparation depuis un certain temps, mais n'a pas encore été acceptée par tous les États membres. Les experts estiment que l'objectif de 2035 aura un impact sur cet objectif.
Statistiques clés sur l'UE
- Objectif 2035 : Réduction de 66,25% à 72,5% des émissions par rapport à 1990.
- Objectif 2040 (en discussion) : Réduction de 90%.
- L'UE se réunit en octobre pour discuter de ses cibles climatiques.
La Chine : Géant de l'énergie verte
La Chine, premier émetteur mondial, produit environ un tiers de toutes les émissions de gaz à effet de serre. Elle est sous pression pour fixer un objectif de réduction nationale ambitieux. Cependant, son engagement à réduire les émissions de 7% à 10% par rapport à son pic est jugé à la fois « décevant et transformateur ».
Andreas Sieber, directeur associé des politiques et des campagnes au groupe climatique 350.org, a noté que cette réduction « ne correspond pas aux besoins mondiaux », mais a ajouté qu'elle « ancre le plus grand émetteur mondial sur une voie où les technologies propres définissent le leadership économique. »
Li Shuo, directeur du China Climate Hub à l'Asia Society Policy Institute, a indiqué que le non-respect des délais par l'UE et le retrait des États-Unis de l'Accord de Paris ont probablement influencé la décision de la Chine. Le nouvel objectif chinois utilise les émissions maximales du pays comme référence, et il est probable que la Chine ait déjà atteint ou atteindra bientôt ce pic.
Les experts ont souligné que, même si l'engagement chinois pouvait sembler modeste, il était probable que le pays l'atteigne, voire le dépasse. La Chine est le premier investisseur mondial dans l'énergie propre, avec des investissements atteignant environ 625 milliards de dollars en 2024, selon le groupe de réflexion Ember.
Le Brésil : Hôte sous surveillance
En tant qu'hôte de la conférence COP30, le Brésil fait l'objet d'une surveillance accrue concernant ses objectifs nationaux. Ses plans de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 59% à 67% par rapport aux niveaux de 2005 d'ici 2035 ont été critiqués. Les experts estiment qu'une telle fourchette crée de l'incertitude et affaiblit la responsabilité.
Le pays est également critiqué pour ses projets d'expansion de l'exploration pétrolière, notamment autour de l'embouchure du fleuve Amazone. Cependant, Sofia Gonzales-Zuniga, analyste principale des politiques climatiques chez Climate Analytics, a noté que la stratégie nationale brésilienne récemment publiée apporte de la clarté en spécifiant des réductions dans des secteurs plus précis, comme l'agriculture et la déforestation, qui représentent les trois quarts des émissions de gaz à effet de serre du pays.
Le Royaume-Uni : Un engagement ambitieux
Le Royaume-Uni a été le premier pays à amorcer la Révolution industrielle, une période où les combustibles fossiles ont été utilisés pour la première fois pour les processus industriels. En tant que l'un des pays ayant les émissions cumulées les plus élevées, certains experts estiment qu'il a une responsabilité particulière de réduire rapidement ses émissions.
Le Royaume-Uni a soumis sa NDC à temps et s'est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 81% par rapport aux niveaux de 1990. Cet objectif est jugé aligné sur l'objectif de 1,5 degré.
« Ils ont présenté un objectif qui, en termes de réduction des émissions nationales, est aligné sur 1,5 degré. C'était vraiment positif à voir », a déclaré Gonzales-Zuniga, ajoutant que par rapport aux objectifs de 2030, il s'agissait « sans aucun doute d'une augmentation d'ambition ».
Cependant, le Royaume-Uni doit encore combler le fossé entre ses promesses et les politiques nécessaires pour les concrétiser. De plus, selon le site Carbon Action Tracker, la responsabilité du Royaume-Uni va au-delà des réductions nationales. Il doit également fournir un financement climatique aux pays en développement pour réduire les émissions en dehors de ses frontières.
L'Indonésie : Vers l'abandon des combustibles fossiles
L'Indonésie, un émetteur important du Sud, est un pays à surveiller. Avec une dépendance aux combustibles fossiles et une déforestation importante contribuant aux émissions, la nation insulaire produit plus de 3% de tous les gaz à effet de serre mondiaux.
Le président Prabowo Subianto a promis d'éliminer progressivement les centrales électriques au charbon et aux combustibles fossiles au cours des 15 prochaines années. Il vise la neutralité carbone d'ici 2050, une décennie plus tôt que prévu. Le pays n'a pas encore soumis ses nouveaux objectifs nationaux.
Les États-Unis : Des engagements incertains
L'ancien président américain Joe Biden avait soumis un objectif climatique pour les États-Unis l'année dernière, s'engageant à réduire les émissions de carbone de 61% à 66% d'ici 2035 par rapport aux niveaux de 2005. Cependant, le retrait des États-Unis de l'Accord de Paris par l'administration précédente a rendu cet engagement caduc.
Un rapport récent a souligné que le pays avait connu son « changement le plus abrupt de politique énergétique et climatique de mémoire récente ». Malgré ce revirement, le rapport prévoit que les États-Unis sont toujours en voie de réduire leurs gaz à effet de serre de 26% à 35% d'ici 2035.
L'impact des revirements politiques
Les changements de leadership politique peuvent avoir un impact significatif sur les engagements climatiques internationaux. Le cas des États-Unis illustre comment un retrait d'un accord majeur peut créer de l'incertitude et ralentir les progrès, même si des efforts de réduction des émissions peuvent se poursuivre à d'autres niveaux.
Gonzales-Zuniga a affirmé que l'Accord de Paris a eu un certain succès, avec une baisse de la hausse de température prévue d'ici la fin du siècle. Cependant, elle a ajouté : « Nous avons toujours souligné que cela n'a jamais été en ligne avec l'objectif réel de 1,5 degré, il y a donc toujours cet écart d'émissions que nous devons gérer. »
Impact des événements météorologiques extrêmes sur les infrastructures
Les routes qui fondent, les rails déformés et les ponts inondés : la chaleur et les tempêtes croissantes mettent à rude épreuve les infrastructures critiques du monde entier. Les ingénieurs et les villes repensent la manière de construire pour s'adapter au changement climatique.
Les ponts sous la contrainte de la chaleur
La chaleur extrême peut provoquer l'expansion des ponts, parfois avec des conséquences graves. Aux Pays-Bas, des mesures préventives ont été prises pour refroidir un pont-levis avant des températures tropicales afin d'éviter les défaillances mécaniques. Les ponts-levis sont particulièrement vulnérables aux pannes en cas de chaleur extrême, car leurs pièces mobiles peuvent se dilater, coupant ainsi des traversées fluviales vitales.
Les inondations : un lourd tribut pour les infrastructures
Les inondations submergeant un pont dans la province chinoise du Guangxi illustrent le coût des événements météorologiques extrêmes. Les inondations menacent des infrastructures clés comme les ponts, les systèmes d'égouts et les hôpitaux. Au cours des cinq dernières années, les pertes mondiales dues aux inondations ont atteint 325 milliards de dollars (282 milliards d'euros). Les solutions incluent l'utilisation de matériaux résistants aux inondations et l'installation de barrières de protection pour mieux résister aux déluges.
Les voies ferrées se déforment
Les vagues de chaleur déforment les chemins de fer. Les voies exposées à la lumière directe du soleil peuvent être jusqu'à 20 degrés Celsius (36 degrés Fahrenheit) plus chaudes que la température de l'air ambiant, selon Network Rail, qui gère la majeure partie du réseau ferroviaire britannique. La chaleur intense peut faire plier et tordre les rails en acier. Une solution simple consiste à peindre les voies en blanc pour réfléchir la lumière du soleil et les maintenir plus froides.
Routes en fusion et sécheresses
Le revêtement des routes en asphalte standard peut se déformer sous des températures élevées. Même une journée ensoleillée au-dessus de 20 degrés Celsius peut pousser les températures du sol à 50 degrés Celsius, selon la Road Surface Treatments Association du Royaume-Uni. Les solutions comprennent des revêtements réfléchissant la chaleur et des « trottoirs frais » qui absorbent moins d'énergie solaire et sont perméables pour réduire les dommages causés par les inondations.
Les sécheresses épuisent les réservoirs et perturbent le commerce. En Espagne, dans le réservoir de Mediano, les ruines d'une église submergée réapparaissent entièrement à mesure que les niveaux d'eau baissent. Lorsque les précipitations sont rares, les réservoirs ne se remplissent pas. Les conséquences se répercutent bien au-delà de l'approvisionnement en eau. Plus de 300 millions de tonnes de marchandises transitent entre la Suisse et la mer du Nord via le Rhin, l'une des principales artères commerciales d'Europe. Cependant, le manque de pluie et les faibles niveaux d'eau peuvent perturber leur transport.
Les glissements de terrain : une menace croissante
Un glissement de terrain dans la région de Mumbai en Inde a endommagé des habitations après que de fortes pluies aient fragilisé le sol. Les averses courtes mais intenses sont de plus en plus fréquentes avec le changement climatique et peuvent déclencher des glissements de terrain qui menacent les routes, les voies ferrées et les bâtiments. Le risque augmente, notamment dans les zones tropicales humides et côtières. La plantation d'arbres et de meilleures techniques de construction contribuent à réduire ce risque.





