La Terre utilise depuis des milliards d'années des roches pour extraire le dioxyde de carbone (CO₂) de l'atmosphère. Cependant, ce processus naturel est trop lent pour contrer les émissions actuelles. Des entreprises, avec le soutien de géants comme Microsoft et JPMorgan, cherchent à accélérer cette activité géologique. Elles répandent des roches finement broyées sur les terres agricoles. Cette technique, appelée «altération améliorée des roches», pourrait jouer un rôle important dans la lutte contre le changement climatique.
Environ un tiers de la surface terrestre mondiale est dédié à l'agriculture, selon l'ONU. Les défenseurs de l'altération améliorée des roches espèrent utiliser cet espace vaste pour capturer et éliminer le carbone. Cette méthode pourrait également offrir des avantages aux agriculteurs. Toutefois, mesurer précisément l'impact de ces efforts reste un défi. Cela pourrait freiner une adoption plus large de la technique.
Points Clés
- L'altération améliorée des roches utilise des roches broyées sur les terres agricoles pour absorber le CO₂.
- Ce processus naturel est accéléré pour faire face aux émissions actuelles de gaz à effet de serre.
- La technique est moins coûteuse et plus rapide à mettre en œuvre que d'autres méthodes de capture de carbone.
- Elle peut améliorer la santé des sols et la production agricole.
- Les défis incluent la mesure précise du carbone capturé et les préoccupations environnementales liées à l'extraction des roches.
- Des investissements importants de grandes entreprises et de gouvernements soutiennent cette approche.
Fonctionnement de l'Altération Améliorée des Roches
Le principe de l'altération améliorée des roches est simple. Des roches silicatées, comme le basalte et l'olivine, absorbent naturellement le CO₂. Ces roches sont broyées en poudre fine. Ensuite, elles sont répandues sur les terres agricoles. Cette action augmente leur surface de contact avec les précipitations.
Fait Intéressant
Les roches silicatées réagissent avec le CO₂ dissous dans l'eau de pluie pour former des minéraux carbonatés stables. Ces minéraux, tels que la calcite ou la dolomite, ne se décomposent pas facilement.
Ces carbonates stables filtrent à travers les sols. Finalement, ils sont emportés vers les rivières et les océans. Là, le carbone peut être séquestré dans les roches et les coraux pendant des millénaires. Ce cycle naturel est ainsi accéléré par l'intervention humaine.
Avantages et Inconvénients de la Méthode
Le processus ne nécessite pas de nouvelles infrastructures ou technologies complexes. Cela le rend techniquement moins cher et moins énergivore que d'autres formes de capture de carbone. De plus, il peut être appliqué directement sur les terres agricoles. Selon les défenseurs, cela le rend plus rapide et moins coûteux à déployer à grande échelle.
«Il n'y a pas de nouvelle infrastructure à construire et pas de permis à obtenir», déclare Jim Mann, fondateur et PDG d'Undo, une start-up britannique spécialisée dans l'altération améliorée. «Tous ces éléments qui ralentissent les autres innovations ne sont pas présents ici.»
Un autre avantage est le soutien potentiel à la production agricole. Les roches alcalines peuvent en effet désacidifier les sols lorsqu'elles se décomposent. Cela améliore la qualité du sol. L'altération améliorée pourrait ainsi favoriser une agriculture durable.
Contexte de la Technologie Climatique
Cette méthode fait partie d'une série de technologies visant à atteindre l'objectif de zéro émission nette. D'autres innovations incluent les véhicules électriques à charge rapide et les substituts de viande. Chaque technologie répond à des défis spécifiques du changement climatique.
David Beerling, directeur du Leverhulme Centre for Climate Change Mitigation à l'Université de Sheffield, affirme : «Cela offre une opportunité passionnante pour l'agriculture durable, améliorant la sécurité alimentaire tout en capturant le carbone.»
Défis et Obstacles
Malgré ses avantages, la méthode présente des inconvénients. Mesurer la quantité de CO₂ capturée et stockée par l'altération améliorée est difficile. Cela nécessite des échantillonnages de sol intensifs. Ce processus est long et coûteux. Il augmente le prix des crédits carbone. Il est également difficile d'évaluer la quantité de CO₂ qui est relâchée lorsque les carbonates se dirigent vers les rivières et les océans.
L'expansion du processus pourrait également avoir un impact écologique. Actuellement, des entreprises comme Undo utilisent les stocks de roches existants dans les carrières. Cependant, une adoption généralisée nécessiterait de grandes quantités de nouvelles roches. Celles-ci devraient être extraites près des terres agricoles. Cela pose la question des coûts de transport ou de l'impact de nouvelles carrières.
Hugo Lakin, responsable du retrait du dioxyde de carbone (CDR) chez Sylvera, un fournisseur de notations spécialisé, explique : «Il s'agit de savoir si vous sacrifiez le coût du transport pour les déchets rocheux, ou si vous sacrifiez le coût de l'extraction de nouvelles roches.»
Potentiel de Réduction du Carbone
Des simulations suggèrent qu'une adoption généralisée de l'altération améliorée pourrait séquestrer jusqu'à 4 gigatonnes de CO₂ par an. Ce n'est pas une solution unique. L'Agence Internationale de l'Énergie estime que les émissions de CO₂ liées à l'énergie ont atteint un record de 37,8 gigatonnes en 2024. Cependant, cette méthode pourrait aider à atténuer les dommages climatiques des industries qui ne peuvent pas facilement réduire leurs émissions. C'est le cas de l'aviation et de la production d'acier.
Certains experts craignent que les méthodes de capture de carbone, comme l'altération améliorée, ne soient utilisées pour justifier la poursuite de l'utilisation des combustibles fossiles. «Je crains que cela ne devienne un autre moyen de 'greenwashing'», a déclaré David Beerling.
Déploiement Actuel et Futur
L'altération améliorée des roches est déjà une réalité. Les premiers crédits carbone vérifiés de manière indépendante ont été émis en janvier via Isometric, un registre de crédits carbone. L'épandage de matériaux naturels sur les champs n'est pas nouveau. Les innovations récentes concernent la mesure des bénéfices en matière de suppression de carbone, plutôt que la technique elle-même.
Lakin de Sylvera estime que les coûts de cette mesure doivent être réduits. Cela encouragerait davantage d'achats de crédits carbone. Il est optimiste quant à la possibilité d'y parvenir «assez rapidement».
Gagnants et Perdants Potentiels
Si les coûts de mesure diminuent, l'altération améliorée pourrait offrir aux entreprises une solution moins chère pour compenser leurs émissions. Les agriculteurs pourraient également bénéficier d'une amélioration de la santé de leurs sols sans coût supplémentaire. Le processus serait financé par les entreprises achetant des crédits carbone.
Il n'y a pas de perdants corporatifs évidents. Cependant, les communautés locales pourraient s'opposer à de nouveaux projets d'extraction de roches. Ces projets seraient nécessaires pour un déploiement plus large de l'altération améliorée.
- Entreprises: Bénéficient de crédits carbone à moindre coût.
- Agriculteurs: Amélioration de la qualité des sols sans frais directs.
- Communautés locales: Risque d'opposition aux nouvelles carrières.
Investissements et Recherche
Des entreprises comme British Airways, McLaren et Microsoft se sont engagées à acheter des crédits d'altération améliorée des roches. Elles soutiennent des start-ups telles que Terradot (San Francisco) et Undo (Royaume-Uni). Le Microsoft Climate Innovation Fund a participé à un cycle de financement de 54 millions de dollars pour Terradot. De plus, le XPrize, soutenu par la Fondation Elon Musk, a attribué en mai 50 millions de dollars à Mati Carbon (également financé par JPMorgan) et 5 millions de dollars à Undo.
Les gouvernements, les universités et les organismes de financement axés sur le climat investissent également dans la recherche initiale. Par exemple, UK Research and Innovation, l'agence de financement d'État, soutient un projet de démonstration pluriannuel. Ce projet vise à évaluer l'efficacité à long terme du processus. Il examine aussi l'acceptabilité sociale et éthique du déploiement local.





