Lors d'un discours aux Nations Unies, l'ancien président américain Donald Trump a qualifié le changement climatique de « plus grande escroquerie jamais perpétrée au monde ». Il a également critiqué les énergies renouvelables, les qualifiant d'« arnaque » et dénonçant les politiques énergétiques vertes de l'Europe comme « suicidaires ».
Ces déclarations interviennent alors que les investissements mondiaux dans les énergies propres continuent de dépasser largement ceux consacrés aux combustibles fossiles, portés par des impératifs économiques et de sécurité nationale plutôt que par de simples préoccupations environnementales.
Points Clés
- Donald Trump a qualifié le changement climatique d'« escroquerie » et les énergies renouvelables d'« arnaque » lors d'un discours à l'ONU.
- Les experts et les dirigeants mondiaux soulignent que la transition énergétique est désormais motivée par la sécurité, la croissance économique et la baisse des coûts.
- L'Agence Internationale de l'Énergie prévoit 2,2 billions de dollars d'investissements dans les énergies propres cette année, soit le double des combustibles fossiles.
- Malgré les critiques, 90 % des nouvelles installations d'énergies renouvelables sont moins chères que les combustibles fossiles, selon l'ONU.
- La domination de la Chine dans les chaînes d'approvisionnement vertes et les besoins énergétiques des géants de la technologie limitent l'impact potentiel des politiques américaines.
Un discours à contre-courant des consensus scientifique et politique
Les propos de Donald Trump contrastent fortement avec les avertissements répétés de la communauté scientifique. António Guterres, secrétaire général des Nations Unies, a récemment admis que les efforts pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C « s'effondrent ».
Parallèlement, un nouveau rapport de l'ancien secrétaire au Trésor américain, Hank Paulson, met en lumière une accélération de la perte de biodiversité, soulignant l'urgence d'une action environnementale. La position de Trump semble ignorer ces données factuelles.
Rappel des déclarations passées
Ce n'est pas la première fois que Donald Trump exprime son scepticisme sur les questions climatiques. Il y a six ans, lors d'une autre assemblée de l'ONU, il avait publiquement raillé la jeune militante écologiste Greta Thunberg, provoquant déjà de vives réactions.
Ses critiques actuelles visent spécifiquement les éoliennes et ce qu'il nomme les « idées suicidaires » de l'Europe en matière d'énergie verte. Cependant, cette vision ne semble plus correspondre à la réalité géopolitique et économique de l'énergie en 2025.
La transition énergétique : une nouvelle logique pragmatique
Alors que Donald Trump associe les innovations vertes à une idéologie « woke », les principaux acteurs mondiaux de la transition énergétique la perçoivent différemment. Le moteur n'est plus seulement l'environnement, mais une combinaison de facteurs stratégiques.
La perspective européenne : sécurité et prospérité
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a exposé cette nouvelle approche peu avant le discours de Trump. « L'énergie propre ne concerne pas seulement la lutte contre le changement climatique. C'est aussi, à mon avis, une question de sécurité énergétique et de prospérité », a-t-elle déclaré.
Pour l'Europe, les énergies renouvelables représentent un moyen de :
- Réduire les coûts énergétiques, actuellement deux à trois fois plus élevés qu'aux États-Unis.
- Diminuer la dépendance stratégique vis-à-vis du gaz russe.
- Créer des emplois locaux dans de nouveaux secteurs industriels.
- Alimenter la demande croissante des centres de données.
Cette vision pragmatique peut être résumée par un nouvel acronyme « ESG » : Énergie (prix), Sécurité (géopolitique) et Gouvernance (croissance).
Une dynamique économique mondiale difficile à inverser
La tendance vers les énergies renouvelables n'est pas limitée à l'Europe. Elle est visible en Chine, dans les États du Golfe et même dans des régions traditionnellement associées aux combustibles fossiles comme le Texas.
Le Texas, leader inattendu du renouvelable
Malgré son histoire pétrolière, le Texas est devenu le plus grand centre d'énergie renouvelable des États-Unis. Cette transition est principalement due à une demande d'électricité en forte hausse, qui rend les sources d'énergie propres économiquement attractives.
Les géants de la technologie, ou Big Tech, adoptent également cette logique. Ils soutiennent massivement les énergies renouvelables car ils ont un besoin urgent d'énergie bon marché et abondante pour alimenter leurs centres de données énergivores.
La compétitivité des coûts
Même si la technologie n'est pas encore parfaite, les chiffres parlent d'eux-mêmes. Selon les calculs de l'ONU, 90 % des nouvelles capacités d'énergie renouvelable installées dans le monde sont moins chères que les alternatives basées sur les combustibles fossiles.
« L'incertitude liée aux politiques de l'administration a freiné tous les investissements dans le secteur pétrolier. »– Un dirigeant anonyme du secteur pétrolier, rapport de la Réserve Fédérale de Dallas
Cette réalité économique explique les prévisions de l'Agence Internationale de l'Énergie (AIE). Pour cette année, l'AIE anticipe 2,2 billions de dollars d'investissements mondiaux dans les énergies renouvelables, soit le double du montant alloué aux combustibles fossiles.
Les limites de l'influence politique américaine
La question est de savoir si un changement de politique à Washington pourrait freiner cette tendance mondiale. Les experts estiment qu'un tel scénario serait difficile à mettre en œuvre, tant à l'international qu'aux États-Unis.
Le facteur chinois et les obstacles internes
Hors des États-Unis, l'influence américaine est limitée par la position dominante de la Chine. Pékin contrôle une part importante des chaînes d'approvisionnement mondiales pour les technologies vertes (panneaux solaires, batteries, etc.) et a donc tout intérêt à maintenir cette dynamique.
Sur le plan intérieur, des obstacles juridiques et économiques se dressent. Récemment, l'entreprise danoise Ørsted a remporté une décision de justice annulant les tentatives de blocage de ses projets de parcs éoliens offshore aux États-Unis.
De plus, un rapport de la Réserve Fédérale de Dallas a indiqué que l'incertitude politique nuit déjà aux investissements dans le secteur pétrolier, contredisant l'idée qu'un simple soutien présidentiel pourrait déclencher un nouveau boom du forage.
Une bataille géoéconomique
Certains analystes interprètent la rhétorique de Donald Trump comme une manœuvre géoéconomique. En s'attaquant à un secteur dominé par la Chine, il chercherait à promouvoir les exportations de combustibles fossiles américains, notamment vers l'Europe. À long terme, cette stratégie semble peu susceptible de réussir face à la compétitivité économique des énergies vertes.
En conclusion, bien que les déclarations de Donald Trump créent de l'incertitude et puissent ralentir certains projets à court terme, la transition énergétique mondiale semble désormais portée par des forces économiques et géopolitiques trop puissantes pour être facilement déviée. Le coût économique et l'impératif de sécurité énergétique sont devenus des arguments aussi importants que la protection de la planète.





