La Nouvelle-Angleterre a officiellement mis fin à son ère de production d'électricité à partir du charbon avec la fermeture de sa dernière centrale, Merrimack Station, située à Bow, dans le New Hampshire. L'arrêt des opérations, survenu en septembre, devance de plusieurs années la date butoir de 2028, marquant une transition énergétique majeure pour la région, poussée par des facteurs économiques et une pression environnementale constante.
Points Clés
- La centrale de Merrimack, dernière installation au charbon de Nouvelle-Angleterre, a cessé ses activités en septembre.
- La fermeture anticipée est due à la non-viabilité économique du charbon face au gaz naturel et aux énergies renouvelables.
- Le propriétaire, Granite Shore Power, prévoit de transformer le site en un parc d'énergies renouvelables avec des panneaux solaires et des batteries de stockage.
- Des années d'actions militantes menées par des groupes environnementaux ont joué un rôle crucial dans cette fermeture.
La fin d'une ère énergétique
Les imposantes cheminées de la centrale de Merrimack ne fument plus. Le 12 septembre, Granite Shore Power, propriétaire de l'installation, a officiellement mis fin aux opérations, bien avant l'échéance de 2028 fixée par un accord avec des groupes environnementaux et l'Agence de protection de l'environnement (EPA) concernant des violations présumées de la loi sur l'eau propre (Clean Water Act).
Cette centrale, qui fournissait de l'électricité à la région depuis les années 1960, était devenue un symbole d'une époque révolue. Son déclin illustre une tendance régionale beaucoup plus large. Selon Dan Dolan, président de la New England Power Generators Association, le charbon est en difficulté dans la région depuis une vingtaine d'années. "Le marché ne soutient plus et ne justifie plus ce type d'installations", a-t-il expliqué.
Un déclin économique inévitable
La fermeture de Merrimack Station n'est pas une surprise pour les observateurs du marché de l'énergie. La production de la centrale de 438 mégawatts n'a cessé de diminuer au cours des deux dernières décennies. Alors qu'elle fonctionnait à 70 ou 80 % de sa capacité au début des années 2000, ce chiffre est tombé à moins de 8 % au cours des six dernières années.
En 2024, Merrimack Station ne représentait que 0,22 % de la production totale d'électricité de la Nouvelle-Angleterre, selon les données d'ISO New England, l'opérateur du réseau électrique de la région.
L'opérateur du réseau, ISO New England, a pour politique de privilégier les sources d'énergie les moins chères. Avec la baisse des coûts du gaz naturel et des énergies renouvelables, le charbon est devenu une option de dernier recours, utilisée uniquement lors des pics de demande. Entre 2007 et 2017, l'utilisation du charbon en Nouvelle-Angleterre a chuté de plus de 90 %.
De plus, les anciennes centrales au charbon comme Merrimack nécessitent un temps de démarrage prolongé, ce qui les rend moins flexibles que les centrales de pointe au gaz naturel, capables de répondre rapidement aux fluctuations de la demande.
Le rôle décisif de l'activisme environnemental
La fermeture de la centrale est également l'aboutissement d'une longue lutte menée par des militants écologistes. Depuis 2019, la campagne "No Coal No Gas", menée par des organisations comme 350 New Hampshire et le Climate Disobedience Center, a multiplié les actions pour obtenir l'arrêt de l'installation.
Ces actions comprenaient des blocages de livraisons de charbon et même l'occupation d'une des cheminées de la centrale. Au fil des ans, ces manifestations ont conduit à plus d'une centaine d'arrestations et ont attiré l'attention nationale sur la dépendance persistante de la région aux combustibles fossiles.
"Savoir que la centrale ne redémarrera plus jamais, même pour une heure, est un immense soulagement", a déclaré Rebecca Beaulieu de 350 New Hampshire.
Les préoccupations environnementales étaient fondées. En 2023, un test d'émissions a révélé que la centrale dépassait de 70 % les limites fédérales pour les particules fines. Des niveaux élevés de mercure et d'oxyde d'azote ont également été détectés. Il a été calculé que chaque heure de fonctionnement de la centrale émettait plus de dioxyde de carbone que ce qu'un Américain moyen produit en 26 ans.
L'avenir du site : vers un parc d'énergies renouvelables
Avec la fermeture de la centrale, une nouvelle page s'ouvre pour le site de Bow. Granite Shore Power a annoncé son intention de reconvertir le terrain en un "parc d'énergies renouvelables". Ce projet, qui concerne également le site d'une autre ancienne centrale à charbon, Schiller Station, vise à installer des panneaux solaires et des systèmes de stockage d'énergie par batterie.
Un nouvel usage pour les infrastructures existantes
Le projet de reconversion s'appuiera sur les quelque 400 acres de terrain disponibles et sur les infrastructures de raccordement au réseau électrique déjà en place. Cette approche permet de réutiliser des actifs existants pour accélérer la transition vers une production d'énergie propre.
L'entreprise a reconnu que les incitations financières prévues par l'Inflation Reduction Act ont rendu ce projet de reconversion économiquement viable. Cependant, un climat politique incertain plane sur ce type d'initiatives. L'administration Trump a récemment manifesté son intention de revenir sur certaines incitations aux énergies renouvelables et a annoncé un investissement de 625 millions de dollars dans des projets liés au charbon pour tenter de relancer l'industrie.
Pour les militants de "No Coal No Gas", la lutte n'est pas terminée. Leur attention se porte désormais sur les centrales de pointe fonctionnant au gaz et au pétrole, y compris deux turbines à kérosène situées sur le site même de Merrimack Station. Selon un communiqué de la campagne, ces installations polluantes et coûteuses sont subventionnées par les contribuables alors qu'elles restent inactives la majeure partie de l'année.





